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Crise sanitaire et politique

Dépistage de personnalités. Des tests offerts aux plus riches et pour les autres, l’attente

Alors que le gouvernement français refuse de lancer une campagne de dépistage massif ce qui a pourtant été probant pour faire baisser le nombre de cas dans de nombre pays, l’épidémie et que de nombreux malades tardent à être pris en charge par des services de santé déjà saturés, plusieurs personnalités affichent avoir pu recourir au test sans même présenter de symptômes. Un système à deux vitesses, violemment mis en lumière par la crise sanitaire.

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Crédits photos : DR

Grillés sur Twitter

« J’ai été diagnostiquée ce jour positive au Covid-19. Je n’ai que des symptômes bénins à ce stade. », peut-on lire dans un tweet de la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon. Même histoire pour Michel Barnier, ex-commissaire européen LR, qui dans une vidéo nous explique avec le sourire qu’il a été testé positif et qu’il va bien, avant de faire la promotion d’un de ses ouvrages. D’autres responsables politiques, dont plusieurs ministres tels que celui de la santé Olivier Véran, annoncent également avoir pu bénéficier d’un test de dépistage dans des circonstances qui restent floues. Cela pousse de nombreux internautes à suspecter l’existence d’un « passe-droit », démenti par certains et par d’autres non.

Sur Twitter, en réponse à ces déclarations, des interrogations et un profond sentiment d’injustice s’expriment avec des témoignages qui attestent d’une situation toute différente pour la majorité de la population. « On a le droit aux tests nous ? Ah non je suis bête. Ça n’est pas pour les gueux » « Au moins, vous avez eu la possibilité d’être testé. Quant à moi, souffrante depuis plus d’1 semaine, le Samu m’a dit de rester confinée chez moi avec prises de Doliprane. Je suis autorisée à rappeler le 15 si mon état s’aggrave. "Selon que tu sois puissant ou misérable …" », peut-on par exemple lire sous le tweet de Michel Barnier.

« Deux poids de mesures » pour se faire dépister

S’il existe un flou quant aux circonstances de ces diagnostics, on comprend bien pourquoi ces déclarations suscitent l’indignation. En effet, au-delà des cas individuels de ces personnalités, la gestion de crise française passe par le maintien d’une grande opacité quant à la politique de dépistage. Qui, quand et comment peut-on bénéficier d’un test ? Combien de personnes sont dépistées et combien ne le sont pas ? Rien n’est moins clair.

Néanmoins, cette opacité ne permet pas de masquer le manque criant de tests, y compris dans les hôpitaux pour les malades et pour les soignant·es. On apprend par exemple ce lundi que le CHU de Toulouse a dû demander aux laboratoires de recherche de la ville de lui faire don de l’enzyme nécessaire au test pour pouvoir assurer des dépistages dans les semaines à venir. De plus, les services de santé sont complètement saturés, mortellement limités par les multiples coupes budgétaires mises en œuvre par les gouvernements successifs, qui se matérialisent aujourd’hui plus que jamais par le manque de personnel, de lits et de matériel. Dans les faits, les tests à l’hôpital public sont ainsi réservés aux cas les plus critiques.

Restent les tests disponibles en dehors de l’hôpital public, dans les laboratoires privés auxquels l’État commence à faire appel pour « désengorger » les hôpitaux. C’est ainsi que le groupe Cerballiance s’est par exemple mis à réaliser des tests de dépistage sur ordonnance, sur un parking dans l’Essonne. Contre la politique nationale, le patron de l’IHU Méditerranée Infection Pr Raoult a quant à lui décidé d’ouvrir les portes de son établissement pour réaliser des tests pour tous à Marseille. Sans surprise, on observe un afflux massif de personnes vers ces différents centres de dépistage, qui restent pour l’instant rares à l’échelle du territoire français.

Ainsi, quand on a « la chance » d’avoir à proximité de chez soi un accès au dépistage, on fait la queue de longues heures avec un risque de contagion, sans garantie de pouvoir être pris en charge en cas de test positif.

Des mesures nécessaires, un gouvernement incapable de gérer la crise

Face aux contradictions qu’il a lui-même générées, le gouvernement apparait de ce fait encore plus illégitime qu’il ne l’était déjà. Au sujet du manque de dépistages, dans Le Figaro, le politologue Jérôme Sainte-Marie affirme que : « Cette crise est un formidable révélateur des tensions sociales. Elle aggrave l’imaginaire de lutte des classes, entre les agents d’exécution contraints de se rendre sur le lieu de travail et leurs cadres en télétravail dans leur résidence secondaire. Cela nourrit une colère qui pourrait préparer une terrible sortie de crise. ».

Clairement les mesures prises ne sont pas à la hauteur et les inégalités persistent visiblement quant à leur application. Alors que le ministre de la santé commence à admettre la nécessité de multiplier les tests - mais seulement à la fin du confinement ! - le gouvernement poursuit une politique incohérente et inconséquente.

En vérité, un dépistage pour tous serait la première des mesures à prendre dans les circonstances actuelles. Tout comme, il est par exemple possible et nécessaire de nationaliser les cliniques et hôpitaux privés sous contrôle des soignant·es.


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