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Crise énergétique

Délestage et coupure d’électricité : « on paie les conséquences des politiques de l’énergie »

Alors que l'hiver approche, le gouvernement prépare depuis plusieurs jours les esprits à des risques de coupures d'électricité. Interrogé par nos soins, un salarié de l'Energie, mais aussi militant au syndicat CGT Energies 33, nous en dit plus.

Yann Causs

2 décembre 2022

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Photo : GUILLAUME SOUVANT / AFP

En cette première semaine de décembre, le risque de coupures d’électricité est un scénario que l’exécutif semble envisager de plus en plus sérieusement. « Il se pourrait que certains jours de grand froid, la consommation et la production ne soient pas alignés », a par exemple reconnu Olivier Véran en sortie du Conseil des ministres de ce mardi. Plus explicite, Élisabeth Borne a expliqué lors de ce dernier la possibilité de réaliser des « opérations de délestage » pour assurer l’équilibre global des réseaux électriques. Le gouvernement a adressé dans ce sens une circulaire aux préfets expliquant les protocoles qui s’en suivront. Concrètement les écoles pour être amené à fermer le matin, et des trains annulés en cas de coupure d’électricité.

Nous avons interviewé Romain Cazeneuve, salarié de l’Energie et syndiqué à la CGT Energies 33, à propos des conséquences que pareilles mesures pourraient engendrer. Les opérations de délestage « consistent à couper une partie du réseau pour limiter la tension et éviter que l’ensemble du réseau ne lâche. Concrètement, sur des zones géographiques délimitées, des quartiers, des villes, le courant peut être coupé durant 2 heures durant les pics d’activités en priorité chez les industriels (gros consommateurs), les professionnels et enfin chez les particuliers. » explique-t-il.

Si Elisabeth Borne a indiqué que ces « opérations » seraient cantonnées à certaines plages horaires, entre 8 heures à 13 heures et 18 heures et 20 heures. Pour Romain, celles-ci peuvent être à l’origine de risques multiples : « Ces coupures arrivent souvent au moment du repas, au moment où on allume le chauffage, la cuisine, les appareils à puissance élevée, ... En d’autres termes, elles peuvent aggraver des situations sociales déjà mises à mal. Plus largement et plus grave encore, cela ouvre des situations complexes comme celle des personnes dépendantes d’appareils respiratoires à domicile. Si ces derniers font l’objet de signalement au niveau de la préfecture, espérons pour la vie de celles-ci qu’il n’y aura aucune erreur d’identification. »

À ce titre, pour lui, « le gouvernement est hors-sol. », et si l’arrivée de l’hiver et du froid dès la semaine prochaine constitue un premier test, « on paie les conséquences des choix politiques sur l’énergie de ces dernières années et de la déréglementation des prix ».

Pour Romain Cazeneuve, le scénario possible des coupures d’électricité trouve également sa source dans « le manque d’entretien des centrales nucléaires et des faibles investissements dans les moyens de production. Le gouvernement est aujourd’hui obligé de revenir sur certaines de leurs décisions, comme celle de réouvrir la centrale thermique de Saint-Avold qui venait à peine de fermer. »

Dans un contexte de crise énergétique où les prix de l’électricité et du gaz s’envolent, la précarité énergétique risque d’atteindre des sommets particulièrement pour les classes populaires. Pour lui, « la vague de froid à venir met en évidence les dangers évoqués il y a 20 ans par la CGT : nous avons toujours considéré l’énergie comme un bien de première nécessité qui n’aurait jamais dû être servi aux mains du capital et aux appétits des financiers. En fait, malgré le contexte de crise énergétique, les énergéticiens avec en-tête TOTAL se gavent sur le dos des usagers. »

En complément de cette situation structurelle, vient la question de l’augmentation des salaires des travailleurs qui créés la richesse et l’amélioration de leur condition de travail. Alors que plusieurs mobilisations dans les secteurs de l’Energie ont lieu actuellement, comme à GRDF et à RTE, le gouvernement et le patronat n’hésitent pas à pointer du doigt la « responsabilité » des grévistes. Romain est clair, « ces grèves ont forcément des impacts sur les usagers, et nous le regrettons. Mais les seuls et uniques responsables de ces situations sont bien les directions de ces entreprises ».


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