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"Travailler plus pour gagner plus" ?

Défiscalisation des heures supplémentaires : la fausse bonne idée pour ne pas augmenter les salaires

Une mesure reprise de Sarkoy, et qui ne concernera que les salariés qui réalisent des heures supplémentaires, soit seulement 40,3 % des salariés du secteur privé. Alors que l’augmentation généralisée des salaires comme réponse au pouvoir d’achat était une des revendications des gilets jaunes, Macron opte pour une solution individuelle [visant une nouvelle fois à fragmenter différents secteurs du salariat en cultivant l’individualisation du travail, et surtout la surexploitation.

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Dans son allocution du 10 décembre, Macron a annoncé un certain nombre de mesures d’urgence économiques et sociales en réponse au mouvement : versement d’une prime exceptionnelle, annulation de la hausse de la CSG pour une partie des retraités, défiscalisation des heures supplémentaires, etc. Mais ces mesures "drastiques" sont un énorme leurre de l’exécutif face à la mobilisation actuelle des Gilets Jaunes : après sa semaine de silence radio, les propositions de Macron sont une mauvaise comédie, entre la fausse augmentation du SMIC, l’annulation partielle de la CSG, etc.

L’une des mesures phares des annonces du gouvernement en réaction aux Gilets Jaunes, c’est la défiscalisation des heures supplémentaires : tous les salariés qui le voudront pourront faire des "heures sup’" en étant dispensés des cotisations sociales, comme a précisé Murielle Pénicaud à l’Assemblée Nationale, et ce à partir du 1er janvier 2019 au lieu du 1er septembre 2019 comme initialement prévu. Selon le Premier Ministre, dans l’interview des Echos, il va jusqu’à parler d’un "gain (...) de 400€ par an en moyenne". "Pas de taxes, pas de charges sur les heures supplémentaires dès janvier 2019", a déclaré la ministre du Travail. "C’est très demandé par les salariés (...) 60% des ouvriers et des employés le feront", a-t-elle ajouté.

Sarkozy comme modèle pour Macron : de fausses bonnes nouvelles pour les travailleurs

"Quand l’ancien monde ne cesse de se rappeler au bon souvenir du nouveau" écrit l’Huffigtonpost. En effet, ce qu’annonce ce lundi le président est une mesure populiste qu’il a reprise de Sarkozy. Mais il va plus loin que ce dernier, y compris de son propre programme pendant les élections de présidentielle : il se contentait alors d’envisager leur "désocialisation". En annonçant des heures sup "sans impôt, ni charge dès 2019", Macron va donc plus vite en suivant le modèle de Sarkozy avec lequel il s’est d’ailleurs entretenu vendredi dernier-.

Il tente en fait d’acheter une fraction des classes populaires qui se reconnaît dans le "travailler plus pour gagner plus", mais les Gilets Jaunes ne sont pas dupes : on a pu voir que malgré l’allocution qu’il a faite ce lundi, à l’opposé de ce que disaient les médias dominants, les mobilisations de ce samedi 15 décembre n’ont pas diminuées, et surtout en Province.

Une mesure qui ne concernera que les salariés qui réalisent des heures supplémentaires, soit 40,3 % des salariés du secteur privé, seulement. Alors que l’augmentation généralisée des salaires comme réponse au pouvoir d’achat était une des revendications des gilets jaunes, Macron opte pour une solution individuelle visant une nouvelle fois à fragmenter différents secteurs du salariat en cultivant l’individualisation du travail, et surtout la surexploitation. Il faudra, une nouvelle fois, travailler plus pour gagner plus. De quoi payer la hausse des taxes sur le carburant.-.

Macron espère se remettre en état en dialoguant avec la principale revendication des Gilets Jaunes, la question des revenus. Or, au moment où la Loi Travail XXL ne faisait qu’attaquer de nombreuses primes qui complétaient le revenu de très nombreux salariés, la mobilisation des Gilets Jaunes est l’occasion de lutter pour la réelle augmentation des salaires, contre la fausse proposition peu alléchante de Macron. Alors que les profits du CAC 40 atteignent cette année plus de 100 milliards d’euros, nous devons lutter contre ces mesures qui détruisent l’emploi et augmentent les profits des patrons, se battre pour l’augmentation des salaires à rebours des discours dominants qui cherchent à nous faire croire que c’est impossible.

Hausse du chômage, gain en trompe l’oeil du pouvoir d’achat

Toujours selon le HuffPost, "En 2011, l’Inspection générale des finances avait toutefois jugé "difficile" d’apprécier l’utilité de la mesure pour permettre aux entreprises de s’adapter à des variations de l’activité, ou si elle les incitait à déclarer des heures supplémentaires fictives pour échapper aux cotisations." Cette mesure sur l’emploi inciterait les entreprises à évidemment préférer les heures sup’ aux embauches, coûtant 100.000 emplois en 5 ans en 2012, car qui dit augmentation des heures supplémentaires suppose aussi un nombre de créations d’emplois ralenti, allant avec des suppressions d’emplois : même l’OFCE - pas réputé pour être un organisme d’extrême-gauche - démontrait que les effets de cette réforme seraient dramatiques, cela coûterait 3 milliards d’euros et détruirait entre 38 000 et 44 000 emplois. Par ailleurs, cette loi devrait faire gagner aux ménages une augmentation du niveau de vie de 0,4% par an, soit seulement 88,00€. Cette mesure permettra également d’exploiter à bas coût ses salariés : Alors qu’il y a six millions de personnes au chômage en France, faire travailler plus ceux qui ont un emploi, c’est à la fois les exploiter plus mais aussi priver les autres d’un emploi. Le chantage s’effectue ainsi : « Tu ne veux pas faire d’heures sup’ ? Six millions de personnes seraient ravies de les faire à ta place ». Les chômeurs se trouvent alors être l’argument qui permet au patronat de détruire les conditions de travail, ou comment diviser pour mieux régner.

Comme a pu le montrer Macron dans son non-recul sur l’ISF, le président s’affirme toujours plus comme celui au service des patrons. Pour le faire reculer, généralisons la colère, par l’entrée en scène du mouvement ouvrier : organisons l’affrontement sur les lieux de travail contre les patrons pour augmenter les salaires, par la grève générale de tous les travailleurs !

Crédit photo : Damien MEYER / AFP


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