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« Union nationale » réactionnaire

Déchéance de nationalité : 6 ans après, Hollande revendique sa mesure raciste

A l'occasion du procès du 13 novembre, François Hollande a défendu la déchéance de nationalité qu’il avait voulu inscrire dans la Constitution en 2015, expliquant qu'elle avait eu le mérite d’« unir » au lendemain des attentats. Six ans après, l'ex-Président revendique sa mesure réactionnaire et xénophobe.

Petra Lou


et Nathan Deas

8 septembre 2021

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Crédits photo : FranceInfo / RadioFrance

Invité sur France Info ce mercredi à l’occasion de l’ouverture du procès sur les attentats du 13 novembre 2015 François Hollande est revenu sur sa volonté, à l’époque, de modifier la Constitution pour y inscrire l’extension de la déchéance de la nationalité à tous les binationaux condamnés pour terrorisme, même ceux nés en France :« Cela a été une des mesures qui ont permis que ça fasse bloc, dans la société politique. Je voulais unir. »

Dans les jours qui suivirent le drame du 13 novembre, l’Elysée mit à l’ordre du jour des parlementaires de nombreuses propositions sur la sécurité intérieure et la politique étrangère visant à normaliser l’état d’exception et la restriction des libertés qu’il accompagnait, et dont la déchéance de la nationalité constituait l’une des mesures phares au moins du point de vue symoblique. Le premier ministre, Manuel Valls, disait lui-même alors à propos de celle-ci : « L’efficacité [...] n’est pas l’enjeu premier. C’est une mesure à caractère hautement symbolique. ». Et quel symbole ! Celui d’une mesure portée par l’extrême-droite depuis toujours, et que même Nicolas Sarkozy avait dû retirer en 2011 après la fronde des centristes, ce que devra faire Hollande également en mars 2016. Et s’il est vrai que ce fut « une des mesures qui ont permis que ça fasse bloc, dans la société politique », cela a été au service d’une « union nationale » réactionnaire, raciste et islamophobe, dans laquelle pris part toute la sphère politique de l’extrême droite au PS.

Cette mesure d’aucune utilité en ce qui concerne la « lutte contre le terrorisme » constitua a contrario un renforcement profond du racisme d’État. Ainsi cette mesure fut un signe très clair, une manière d’officiellement assumer le principe de distinction entre deux catégories au sein de la population, les « vrais » français, de souche, et les autres, qu’il faut particulièrement surveiller et dont la nationalité n’est jamais totalement acquise, qu’on peut assigner à domicile ou perquisitionner par « précaution ». Pareillement, la « République tout-sécuritaire » dans laquelle elle s’inscrivait ne pouvait régler les questions de chômage, de détresse, de misère sociale et d’absence d’horizon dans les quartiers qui font le lit de la radicalisation de certains jeunes et mène à leur embrigadement au sein de Daech ou d’autres organisation, avec les conséquences funestes que l’on sait.

Si cette mesure que Hollande continue donc de revendiquer n’a finalement pas vu le jour, elle aura fait bien des émules. En 2015 nous écrivions : « La dérive autoritaire, militariste et liberticide conduite par Hollande est des plus dangereuses pour la population et c’est en ce sens que les organisations du monde du travail se doivent de la freiner. Une chose est sûre : les nouvelles lois que les parlementaires s’apprêtent à voter seront aussi inefficaces que les précédentes (adoptées après les massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper-Cacher de Vincennes ou à la suite des tueries de Mohamed Merah) pour mettre un terme aux menaces terroristes. Elles serviront, à l’inverse, contre les migrants, contre nos camarades travailleurs sans-papiers, contre tous les militants syndicaux, associatifs, écologistes, contre les partis d’extrême gauche, contre tou-te-s celles et ceux qui contesteraient le tour-de-vis autoritaire du gouvernement ».

Six ans après ces mots sont plus que jamais d’actualité. Macron joue la surenchère sécuritaire et liberticide dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, et dont la lutte contre le terrorisme a été le meilleur des prétextes pour faire voter et appliquer la loi séparatisme, les projets de loi anti-terroriste mais aussi la loi sécurité globale, etc. À quelques mois des présidentielles, dans lesquelles les questions de l’immigration et de sécurité seront au cœur des débats, cette déclaration d’Hollande a au moins de le mérite de rappeler à tous le funeste rôle que joua le PS pour préparer le lit de l’extrême droite et des offensives sécuritaires. Quant à nous, il s’agit de le répéter, les politiques racistes et islamophobes n’ont apporté que davantage de misère et de violence. Il serait temps de passer à autre chose.


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