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Leurs profits, nos morts

Décès d’un intérimaire de FedEx Roissy : "des manquements criants en terme de sécurité sanitaire"

Il n’a pas fallu bien longtemps pour que la situation tourne au pire sur le site FedEx Roissy qui a connu le décès d’un intérimaire de Manpower du covid-19 le 24 mars dernier. Un événement malheureusement peu surprenant puisque le site était devenu très tôt, selon la CGT, un « cluster » épidémique du covid-19. Nous avons pu discuter avec Galien Mauduit, élu CGT Adecco en Ile de France qui a poussé un coup de gueule il y a quelques jours contre les conditions de travail de travailleurs intérimaire du secteur.

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Le volume des commandes en ligne explose en France depuis le début du confinement entraînant des conséquences sur toute la chaîne de production du secteur. Les travailleurs de la logistique colis se trouvent placés en première ligne, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, face à une demande qui explose. Invisibles et dans leur grande majorité précaires, ces travailleurs sont bien souvent intérimaires ou liés à des entreprises de sous-traitance qui ne les traite pas mieux. Ils doivent subir de plein fouet l’inflexibilité de leurs employeurs qui souhaitent à tout prix maintenir leur activité et leurs cadences afin de sauver les profits, et ce sont eux qui en subissent tous les risques.

Alors que le virus se propageait sur le site, menant à l’infection de dizaines de salariés, la DIRECCTE Île de France décidait d’une mise en demeure après une visite de l’Inspection du travail le 2 avril, ainsi que les appels des syndicats. Très peu aurait été fait par la direction pour assurer des conditions sanitaires permettant de poursuivre le travail. Jusqu’à aujourd’hui, les équipements de protections individuels, gants ou masques, sont très peu disponibles et par intermittence, les actions de désinfections insuffisantes par rapport à la gravité du danger et l’organisation du travail empêche une distanciation sociale sérieuse. Le fossé entre les mesures annoncées par l’employeur et celles réellement mises en place est profond.

Plus largement Adecco souhaitait à tout prix renvoyer au travail nombre des intérimaires avec le soutien tacite de l’État. Le gouvernement tient, depuis l’arrivée de l’épidémie en France, un double-discours dangereux encourageant d’un côté la population à rester chez elle et poussant de l’autre côté à la reprise du travail dans nombre de secteurs de l’économie. De son côté, Adecco, malgré la gravité de la situation, maintient que « des mesures ont été prises » alors que les conclusions des syndicats et de l’inspection du travail disent le contraire, tandis que l’agence d’intérim souligne de son côté que la responsabilité de la sécurité revient à l’entreprise utilisatrice FedEx.

Adecco n’hésite pas à mettre sous pression ses intérimaires. Tout en assurant laisser une liberté totale dans l’acceptation ou non des missions proposées, il y a là encore un écart important entre la communication et la réalité du terrain. Selon Galien Mauduit, Adecco n’hésite pas à envoyer des SMS et à appeler les intérimaires. L’élu CGT évoque parfois des sanctions allant jusqu’au licenciement pour ceux ayant fait usage de leur droit de retrait. Beaucoup d’intérimaires n’ont tout simplement pas le choix d’aller travailler. Si les salariés en CDI intérimaire peuvent bénéficier de la garantie minimale mensuelle de rémunération (GMMR) ou des dispositifs d’activité partielle, les autres intérimaires qui représentent la grande majorité de ces salariés sont bien souvent laissés pour compte avec pour seule certitude celle de ne pas avoir de mission avant le déconfinement, et ce sans maintien de salaire pourtant indispensable pour vivre.

En parallèle, Adecco, qui tient une Assemblé générale des actionnaires, pourrait bien maintenir ses dividendes. Une nouvelle preuve s’il en fallait une que ces entreprises disposent de bénéfices faramineux qu’elles comptent préserver au profit des actionnaires, sur le dos de leurs salariés.

Alors que dans un premier temps la décision avait été prise par toutes les agences d’intérim de ne plus envoyer de salariés sur le site de FedEx Roissy, les entreprises Adecco, START People et CRIT avaient renvoyé des intérimaires au travail jusqu’au début de cette semaine. Une décision criminelle en plein pic épidémique, où le nombre de morts ne cesse d’augmenter par centaines chaque jour. La situation de concurrence entre agences , la pression pour se faire bien voir des entreprises utilisatrices, et la soif de profit pousse donc ces boites à faire travailler les salariés au péril de leur vie et de leur famille tout en participant à la chaine de contamination.

Alors que faire face à cela ? La CGT intérim exige plusieurs mesures. La mise au service des travailleurs d’équipements de protections en nombre suffisant dans les secteurs d’activité essentielle est un premier pas afin de protéger la santé et la vie des salariés et de leurs proches. De l’autre côté, le syndicat appelle à la fermeture des activités non essentielles et encourage les travailleurs à faire usage de leur droit de retrait. L’intimidation par les responsables d’agences d’intérim des salariés lorsque ceux-ci font valoir leurs droits de retrait, est également dénoncé comme une attitude illégale. Le syndicat appelle également au maintien des rémunérations jusqu’à la fin de la crise afin de protéger économiquement les travailleurs sans que ceux-ci se retrouvent forcés de mettre leur santé en danger.

JOEL SAGET / AFP


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