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Université d’été du NPA

Débat en vue du congrès du NPA : de quel parti avons-nous besoin ?

Ce mercredi 30 août, pour le dernier jour de l’université d’été du NPA, sept camarades, toutes et tous membres de la direction du parti, ont ouvert la première discussion en vue du congrès qui aura lieu début 2018. Nous publions ci-dessous l’intervention de Daniela Cobet, membre du Comité Exécutif du NPA et du comité de rédaction de Révolution Permanente.

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« Le débat autour du Congrès doit être situé dans le contexte qui est celui d’une nouvelle étape de la lutte de classes ouverte par le mouvement du printemps de l’année dernière, étape qui n’est pas fermée et qui se combine avec l’arrivé de Macron au pouvoir. Celle-ci promet des affrontements importants, une période de lutte de classes intense, puisque son agenda libéral et d’écrasement des acquis des travailleurs, en lien avec le capital-détestation dont Macron jouit d’ores et déjà en particulier dans les milieux ouvriers les plus conscients.

La question qui nous est posée lors de ce Congrès est donc d’abord et avant tout de comment, en tant que parti, on se prépare pour cette séquence. Pour cela, en plus d’analyser les contours de la situation, il est indispensable de faire un bilan d’étape de là on nous en sommes en tant que parti et en particulier des discussions qui ont pu nous traverser depuis le dernier Congrès. Celui-ci a eu lieu en 2015, à peine une semaine après l’élection de Tsipras en Grèce et quelques mois avant sa capitulation.

Nos débats tournaient alors beaucoup autour de l’attitude à avoir à l’égard de Syriza en Grèce, mais aussi de formations comme Podemos, c’est-à-dire du néoréformisme. Nous n’avons pas tiré collectivement de bilan de l’expérience Syriza et il est fondamental de le faire pour pouvoir nous positionner correctement aujourd’hui dans une situation où fait son apparition en France une variante nationale (et un peu nationaliste aussi) de ce même néoréformisme, autour de la France Insoumise.

Pour illustrer mon propos, j’aimerais vous citer un passage extrait d’une tribune publiée dans L’Anticapitaliste par les camarades de la Plateforme 1 (ancienne majorité, dont fait partie Olivier Besancenot) à la sortie du Congrès de 2015 :

« Syriza et Podemos montrent chacun à leur manière qu’une force ou un regroupement de forces indépendantes, à gauche du PS, peut représenter un outil saisi par les exploitéEs et les oppriméEs pour en finir avec les politiques capitalistes imposées aux peuples d’Europe. Nous mettrons toute notre énergie pour que les espoirs soulevés deviennent des réussites. »

Pour avancer il faudra tirer le bilan de cette politique, ainsi que du mot d’ordre avancé par les camarades d’un « gouvernement anti-austérité », qui a suscité beaucoup d’espoir et d’illusion dans un Tsipras, qui en quelques semaines est passé du candidat anti-austérité à l’homme de la Troïka à Athènes et à appliquer avec une main de fer tous les plans d’austérité imposés par cette dernière.

Et les camarades de la majorité du NPA tirent peu de leçons de tout cela. Ils insistent beaucoup aujourd’hui sur l’idée d’une nouvelle représentation des exploités et des opprimés de plus en plus dépourvue de toute délimitation stratégique à l’égard du réformisme. Le problème étant que Mélenchon et La France Insoumise entendent eux aussi devenir la « représentation politique » de ce qu’ils appellent le « peuple ».

Et pourtant depuis le dernier Congrès des choses se sont passées, entre elles la campagne de Philippe Poutou aux présidentielles, dont nous sommes toutes et tous fiers. Et ce que cette campagne a démontré c’est d’abord et avant tout que c’est lorsque nous osons affirmer un profil anticapitaliste, radical, décomplexé et avec un caractère de classe marqué que nous avons le plus d’écho. Pas forcément en termes de voix mais les scores électoraux ne sont pas le centre de gravité de notre stratégie.

Mais cette campagne a montré aussi autre chose : contre tous ceux qui attribuent à l’existence de courants ou de tendances à l’intérieur du parti tous les problèmes que subit notre organisation, on a pu constater qu’autour d’un objectif commun, autour d’une campagne subversive et radicale, il a été possible de constituer une pratique commune entre camarades de différentes sensibilités. Chacun de ces courants et sensibilités a pu ainsi apporter à sa manière à la réussite de la campagne.

Le Congrès qui s’approche devrait se donner pour objectif de tourner définitivement la page d’une orientation ambiguë par rapport au réformisme. Ce que montre précisément le succès de la campagne Poutou c’est que malgré l’émergence du phénomène France Insoumise, il existe un espace pour une extrême gauche de combat qui assume ouvertement son caractère anticapitaliste et révolutionnaire. C’est pourquoi à l’opposé de chercher à élargir encore les délimitations stratégiques du NPA comme proposent certains autour de cette table, c’est dont il s’agit c’est d’assumer d’avantage notre propre projet et de poursuivre ce qui a marché, c’est-à-dire un profil de parti anticapitaliste, révolutionnaire et ouvrier.

Cela montre aussi qu’aucune mesure administrative ne pourra régler le problème de l’éclatement du parti en plusieurs courants. Au contraire, toutes les mesures administratives qui ont été tentées par les différentes majorités n’ont fait qu’accentuer le phénomène de balkanisation de l’organisation. Ce n’est pas par l’écrasement des minorités qu’on va faire avancer le débat, mais par la recherche de synthèses politiques et d’une pratique commune comme l’a encore une fois démontré la campagne.

De même, la proposition d’un rapprochement en vue de l’adhésion du NPA à la IV Internationale - Secrétariat Unifié pose un certain nombre de problèmes. Le premier est que cela demanderait un débat ouvert et démocratique sur la politique de ce courant et de ses différentes sections. De sa section portugaise qui s’est dissoute dans le Bloco de Esquerda et soutient le gouvernement PS, de sa section danoise qui a pu voter au parlement les crédits pour des frapper aériennes en Syrie. Mais aussi d’une partie de sa section française qui vient de rejoindre la France Insoumise.

Mais il y a un deuxième, et c’est le fait que le NPA a été conçu depuis sa fondation autour de l’idée de regrouper des anticapitalistes et des révolutionnaires issus de différentes traditions. Proposer aujourd’hui l’adhésion du NPA à un courant spécifique du mouvement trotskiste revient à remettre en cause cette idée et cela est inacceptable.

Nous sommes face à la possibilité de commencer à dépasser la dynamique d’éclatement en commençant par regrouper tous ceux qui cherchent à tirer des leçons des erreurs commises, comme dans le cas de la Grèce pour définir une attitude correcte à l’égard du néoreformisme, mais aussi ceux qui veulent poursuivre sur la voie de ce qui a marché, de la campagne Poutou, d’un parti anticapitaliste, révolutionnaire et ouvrier, avec liberté de tendances et une pratique commune de construction d’une organisation au service des luttes à venir.


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