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Impunité

Damien Abad accusé de viol : le parquet n’ouvre pas d’enquête

Malgré des témoignages qui font froid dans le dos, le parquet a refusé d’ouvrir une enquête « en l’état », « faute d’éléments permettant d’identifier la victime ». Une décision symptomatique -une nouvelle fois- d’une justice patriarcale, qui vient renforcer l’impunité et légitimer l’investiture d’hommes politiques accusés de violences sexistes et sexuelles.

Astrid Rivera

26 mai 2022

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Le samedi 21 mai, Médiapart a révélé plusieurs accusations de viol visant Damien Abad, tout juste nommé dans le gouvernement Macron, et ex-LR. Les témoignages rapportés par Médiapart font froid dans le dos. Chloé (prénom modifié par Médiapart) explique dans un témoignage, n’avoir aucun souvenir d’une soirée débutée avec le député. Après un verre avec lui, elle se réveille le lendemain après un “black-out”, « dans une chambre d’hôtel proche du bar », « en sous-vêtements », en « état de choc et dégoût profond ». Le deuxième témoin, Margaux, relate des faits datant de 2011 : un soir de janvier à Paris, elle témoigne avoir subi une relation sexuelle forcée, empreinte « d’irrespect, d’injonction et d’insistance », ainsi qu’une « pénétration anale imposée »m algré ses multiples refus “affirmés”. N’ayant “réussi à signer et aller jusqu’au bout” la première fois, elle réitérera sa plainte pour viol en 2017, mais cette dernière sera classée sans suite sous prétexte d’une infraction jugée insuffisamment caractérisée, ainsi que sur la base des déclarations de Abad et d’une enquête bâclée.

Malgré les signalements envoyé par l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles en politique à LREM et LR, ainsi que des faits pour certains largement connus dans le monde politique, Damien Abad a été nommé ministre par LREM, [https://www.revolutionpermanente.fr/Damien-Abad-accuse-de-viols-LREM-savait-mais-l-a-nomme-ministre]. Chez LREM, l’impunité reste la règle, et aucune mesure ne sera prise tant que la “justice” n’aura pas tranchée, comme l’a exposé Olivia Grégoire, nouvelle porte-parole du gouvernement, à l’issue du premier Conseil des Ministres du gouvernement Borne.

Ce mercredi, le parquet de Paris a indiqué à Franceinfo qu’il n’ouvrirait pas d’enquête préliminaire “en l’état” sur les accusations de violences sexuelles visant Damien Abad, ne donnant pas suite au courrier de l’Observatoire des VSS en politique, "faute d’éléments permettant d’identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée". Bien que l’organisme n’ait effectivement pas communiqué l’identité des victimes dans le courrier - pour des raisons de sécurité tant qu’une enquête n’était pas ouverte - l’Observatoire a lui-même vivement réagi sur Twitter, expliquant son fort étonnement face au refus du parquet d’ouvrir une enquête sur l’affaire Abad, et affirmant qu’"il est pourtant fréquent que des enquêtes préliminaires soient entamées sur la base de témoignages anonymes".

La décision du parquet de Paris de refuser justice à ces femmes, vient s’ajouter au mépris et au cynisme dont fait preuve le gouvernement qui, malgré ses dires, était bel et bien au courant de ces plaintes lors de la nomination de Damien Abad au poste de ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Cette décision du parquet est révélatrice de l’impunité des auteurs de violences sexuelles au sein de nombreux partis politiques français. Impunité solidifiée une fois de plus par l’inconséquence d’une justice à deux vitesses, remettant constamment en cause la parole des victimes, invalidant leur témoignage et consolidant de cette manière la “double peine”.

Cette affaire s’ajoute aux innombrables démonstrations de l’impunité des violences sexistes et sexuelles sous le système patriarcal et capitaliste, dont l’Etat et sa justice sont les premiers outils de consolidation et de reproduction. Il faut dénoncer cet énième crachat sur l’ensemble des victimes de violences sexuelles, mais également se préparer à mener le combat sur ce terrain, en alliance avec le mouvement ouvrier, face à tous ceux qui veulent défendre l’impunité, à commencer par le gouvernement.


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