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Culture de l’austérité. Liquidation de l’ARIAM et disparition du Festival d’île de France

Le Festival d’île de France, qui existait depuis 40 ans, employait 8 salariés et de nombreux intermittents, est menacé de disparition pure et simple après que ses subventions se sont vues réduites de 68% par l’exécutif du conseil régional. A l’annonce de cette nouvelle mise à mort austéritaire, est venue s’ajouter une autre sous la forme d’une réduction drastique de la subvention de l’ARIAM (association régionale d’intervention et d’actions musicales), synonyme de disparition complète selon le communiqué des salariés de la structure. Otxoa B.

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Le Festival d’île de France, qui avait lieu durant les mois de septembre et d’octobre avait pour tâche d’irriguer de concerts le territoire de la région en mettant en valeur des lieux du patrimoine (Eglises, châteaux, parcs, friches, halles ou encore usines). Les programmes musicaux mis en place durant cette échéance annuelle étaient variés, mettant à l’honneur différents genres musicaux. Ces éléments assuraient au festival un public lui aussi varié, loin du sociocentrisme des grandes institutions, ainsi que, naturellement, une bonne fréquentation. A cette nouvelle s’ajoute également celle de la baisse de la subvention de l’ARIAM île de France, association en charge depuis 41 ans de l’accompagnement des musiciens durant leur carrière et des conservatoires, de la formation des enseignants, de l’organisation de rencontres culturelles et de spectacles. L’ARIAM était également jusqu’ici un parc musical auprès duquel les musiciens pouvaient louer à très bon marché des instruments. Or, cette baisse de subvention signifierait la fermeture complète de l’ARIAM et le licenciement de ses 20 salariés, et rien n’est prévu pour remplacer ce service dont tous semblaient pourtant louer l’efficacité.

Aucune raison n’a été explicitement donnée pour justifier la fermeture de la structure, mais il y a de grandes raisons de croire qu’elle sera similaire à celle d’ores et déjà avancée par la région pour justifier la baisse de la subvention du Festival d’île de France : le « coût ». Les mesures austéritaires mises en place par la majorité politique de Valérie Pécresse, présidente LR de la région île de France, poursuivent leurs ravages. Les politiques austéritaires qui conduisent à assécher systématiquement les dépenses publiques et en priorité celles, qui sont jugés « coûteuses », en direction des affaires culturelles et de la jeunesse, repose sur une conception non moins dogmatique du « coût ». Est couteux, en effet, ce qui ne travaille pas directement au profit privé et, de même que la culture « coûte », le travail coûte aussi. Mais il faut rappeler que ces coûts n’en sont qu’aux yeux de ceux qui lorgnent sur marchés publiques et rêveraient de les mettre au service de l’intérêt privé qui aimerait bien s’arroger le droit de définir la richesse dans les strictes limites de ce qui le concerne en exclusivité : son portefeuille.

Les coupes budgétaires du conseil régional de Valérie Pécresse ne laissent subsister aucun doute sur leur nature politique. Après la suppression du Pass’contraception, qui permettait aux mineurs de se pourvoir anonymement et gratuitement en moyens contraceptifs, l’arrêt des financements des recherches sur le genre et les discriminations, c’est maintenant la culture qui est attaquée, mais pas n’importe laquelle. C’est cette culture qui existe en banlieue, qui s’occupe de promouvoir la musique du monde, qui essaye de garantir des prix abordables pour les musiciens, qui se charge de mettre en place des projets pédagogiques (comme l’a fait par exemple le Festival d’île de France avec la mise en place d’un opéra contemporain dans un collège de Bondy, en Seine-Saint Denis avec l’ensemble CBarré), c’est cette culture qui est prise systématiquement pour cible. L’implicite visée de ces coupes budgétaires est la volonté de faire de la culture, et tout particulièrement de la musique, un privilège de riche, confiné dans les beaux quartiers de la capitale. La vice-présidente chargée de l’Education et de la Culture au Conseil régional d’Île-de-France, Agnès Evren, qui a annoncé personnellement aux salariés de l’ARIAM le projet de liquidation, met en place une politique culturelle dont il y a tout lieu de croire, à l’instar de ce que disait Antoine Pecqueur lors de son émission CultureEco diffusée sur France Musique, qu’elle est le laboratoire de la politique culturelle nationale envisagée par François Fillon, dont elle vient par ailleurs d’intégrer l’équipe de conseillers en matière de culture. Une pétition pour la sauvegarde de l’ARIAM a été lancée à la suite de celle pour le maintien du Festival d’île de France. Nous devons affronter cette politique généralisée de désertification culturelle en commençant par faire de ces pétitions un succès aussi franc que possible ! Il faut aussi rappeler en écho à ce type de résistance, que les affaires publiques nous appartiennent avant tout et que les travailleurs et les jeunes ont leur mot à dire (et un mot décisif !) dans le combat pour la sauvegarde générale de leurs intérêts intellectuels et moraux.

Pétition contre la disparition du festival d’île de France

Pétition pour le maintien de l’ARIAM


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