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Auto-satisfaction du gouvernement

Covid. Le gouvernement mise sur la responsabilité individuelle pour se couvrir en cas d’échec

Alors que les indicateurs épidémiques sont au rouge, le gouvernement persiste et signe dans son absence de stratégie sanitaire à la hauteur de la situation. A travers une rhétorique de la responsabilité individuelle et un discours répressif, la volonté de se dédouaner et préparer le discours en cas d'échec de sa stratégie "sur le fil" et de retour incontrôlé de l'épidémie. Ou comment chercher à faire oublier le pari sur nos vies.

Anna Ky

4 février 2021

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Photo : capture BFMTV

« Pas de nouvelle vague », une « situation sous contrôle », des « chiffres stables »... A part Mayotte où le confinement total a été annoncé ce jeudi à cause du variant sud-africain qui s’y propage à grande vitesse, le gouvernement voudrait nous faire croire qu’il existe une « exception française », et revendique sans vergogne sa gestion de la crise sanitaire.

Pourtant, la plupart des indicateurs épidémiques sont au rouge : variants qui augmentent de 50% parmi les tests réalisés en France chaque semaine, 20 000 nouveaux cas quotidiens, 1800 hospitalisations ce mercredi, rendez-vous pour administrer le vaccin contre le coronavirus annulés en masse, apparition du variant brésilien dans le département du Var... Mais malgré tout, le gouvernement persiste à justifier le pari de Macron, qui contre toute attente a décidé de ne pas annoncer de reconfinement dans l’immédiat.

Ce choix du gouvernement de ne pas ralentir l’économie, de fermer les yeux sur la nouvelle phase internationale de l’épidémie que constitue la prolifération de variants, est un véritable pari politique sur nos vies et notre santé. Car la volonté de ne pas confiner dans l’immédiat répond bien plus à des considérations politiques que sanitaires, contrairement à ce qu’affirme Castex. En effet, alors que l’ensemble du corps médical pensait un reconfinement comme inévitable, Macron a choisi de temporiser, face au risque important de contestation sociale.

Lors de la conférence de presse gouvernementale de ce jeudi soir, la justification du non-confinement s’appuyait essentiellement sur les « risques économiques et psychosociaux » qu’entraînent un ralentissement de l’économie et l’isolement de la population. Mais il y a fort à parier que ce que craint le gouvernement par dessus tout, c’est une généralisation de la colère face aux restrictions de libertés après un an de crise sanitaire, à l’image notamment des révoltes aux Pays-Bas ou au Danemark.

Le gouvernement redoute entre entre la potentielle radicalité de franges entières de la jeunesse précarisée, qui expriment aujourd’hui une détresse profonde. Une colère confuse que l’extrême-droite cherche également à instrumentaliser à des fins réactionnaire. Plusieurs signes avant-coureurs d’explosions sociales sont là, comme la portée du hashtag #jenemeconfineraispas, alors que certains restaurateurs rouvrent leurs établissements malgré l’interdiction. Sur un autre terrain, certains enseignants et personnel de l’éducation expriment cette colère résolument à gauche, entrant en grève pour exiger plus de moyens et des protocoles sanitaires à la hauteur dans les bahuts.

L’objectif de cette traditionnelle conférence de presse, où aucune réponse sanitaire à la crise n’a été apportée, était surtout de justifier la stratégie du gouvernement, essayant de donner une cohérence à ses mesures erratiques et surtout répressives et pro-patronales. La place importante accordée à Gérald Darmanin, pour évoquer la fermeture des frontières et les contrôles renforcés, indiquait clairement que la seule réponse à la crise qu’apporte le gouvernement, c’est la répression. Couvre-feu autoritaire qui n’a que peu d’impact sur la propagation du virus, 1,5 million de contrôles depuis décembre, des centaines de milliers de contraventions, un renforcement des moyens alloués aux forces de répression...

Le maître mot de cette conférence, c’est l’auto-satisfaction du gouvernement devant sa stratégie made in Medef, qui fait passer leurs profits avant nos vies. Dans les discours des différents membres du gouvernement qui ont pris la parole (le premier ministre, les ministres de la Santé, de l’Intérieur, du Travail et de l’Industrie), l’accent était mis sur la responsabilisation individuelle avant tout. « Nous vous demandons beaucoup d’efforts » ont entonné de concert Castex et Borne. En plaçant le centre de gravité de la gestion sanitaire sur les individus, les salariés qui ne télétravaillent pas (comme si leurs patrons leur laissaient le choix !), sur les gestes barrières bien ou mal respectés, le gouvernement cherche avant tout à couvrir ses arrières.

Cette rhétorique individualisante sert en effet à dédouaner Macron et le gouvernement de toute responsabilité en cas de reprise incontrôlée de l’épidémie. Parallèlement, cela permettrait de rendre plus acceptable un confinement à venir, un confinement inéluctable pour nombre de scientifiques. Une nouvelle vague et de nouvelles mesures répressives dont la faute, nous pouvons en être sûrs, sera renvoyée à la responsabilité individuelle, pour masquer la gestion criminelle de la crise par le gouvernement.


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