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Covid-19 : l’Italie débordée, des patients placés sous respirateur dans leur propre voiture devant un hôpital

La dolce vita n’est plus qu’un lointain souvenir pour les italiens qui subissent de plein fouet la seconde vague de Covid-19, battant de tristes records en termes d’hospitalisations journalières et de décès. En première ligne de la crise, les hôpitaux du sud de l'Italie, débordés pour certains voire au bord de la saturation pour d'autres. De son côté, le gouvernement refuse de mettre en place un confinement plus strict sur l'ensemble du territoire, soucieux de l’économie des entreprises. Une réponse guidée par les désirata du grand patronat que regrettent épidémiologistes et médecins pour qui, cela ne fait plus aucun doute, le système "ne pourra pas tenir bon".

Eli Sand

16 novembre 2020

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Des hôpitaux déjà débordés et saturés face à la deuxième vague qui vient à peine de s’abattre

Alors qu’à la fin du mois de septembre l’Italie était citée comme un exemple de gestion efficace de l’épidémie, elle subit aujourd’hui la seconde vague, enregistrant entre 30 000 et 40 000 cas par jour depuis le début du mois. Cette augmentation fulgurante des cas recensés s’accompagne d’une tragique hausse de décès. Depuis les trente derniers jours, c’est plus de 7 000 personnes qui sont mortes du virus, et depuis le début de la crise, l’Italie affiche un triste record de plus de 43 660 décès.

Et pour faire face à cette seconde vague, les hôpitaux manquent de moyens : manque de lits, de respirateurs et surtout de personnels. Désespérée d’être prises en charge, certaines personnes n’hésitent plus à se rendre directement devant les hôpitaux, quitte à attendre des jours durant dans leurs voitures, quelque peu soulagées par des respirateurs posés à même le sol par les infirmiers débordés. « C’est dur à dire mais on devait attendre qu’un autre patient meure pour pouvoir entrer, c’est vraiment déstabilisant... » décrit désespérément au micro de FranceInfo une infirmière d’un hôpital italien de Naples en Campanile. Une région du sud de la péninsule particulièrement touchée par cette seconde vague et où désormais le système hospitalier montre ses limites. Mais « là non plus, ce n’est pas une nouvelle. Déjà, en février, c’était évident », explique le docteur Donato Greco, tout en rappelant que cette pandémie « ne fait qu’à nouveau mettre en lumière le fossé sanitaire entre les régions du nord et celles du sud, où la situation est la pire ».

Une gestion catastrophique dans les régions mais également à l’échelle plus locale où les « hôpitaux se font la guerre entre eux », comme le révèle la Stampa, refusant de prendre en charge les patients venant d’autres hôpitaux puisque leurs services sont déjà saturés.

Face à ce catastrophique constat, Domenico Arcuri, nommé commissaire extraordinaire à l’urgence épidémiologique – et accessoirement, chef d’entreprise -, veut « rassurer » en indiquant qu’ « actuellement, il y a environ 3 300 hospitalisés en soins intensifs (pour Covid, ndlr), donc la pression sur ces services n’est pas là ». Un constat tout en contraste par rapport à la réalité que voient et vivent tous les jours l’ensemble du personnel hospitalier italien et pour qui, cela ne fait plus aucun doute, le système « ne pourra pas tenir bon »

Epidémiologistes et médecins appellent au confinement général tandis que le gouvernement continue à faire la sourde oreille

Pour les épidémiologistes et les médecins, cela ne fait plus aucun doute, si la tendance reste inchangée « dans 30 jours, nous devrons faire face à un grand nombre de décès ». Médecins, infirmiers et pharmaciens s’accordent à dénoncer le manque cruel de moyens, qui les contraint chaque jour à établir une hiérarchie entre les patients sur la plus grande probabilité de survie.

C’est ainsi, qu’il y a déjà plus d’une semaine, le 8 novembre dernier, le président de la Fédération nationale des ordres médicaux (Fnomceo) Filippo Anelli lançait un appel fort pour la mise en place d’un confinement national et recevait le consensus des médecins et infirmières de toute l’Italie. Des soins intensifs « sont déjà sous pression. Face à cela et à l’absence de médecine territoriale, la proposition de confinement national est raisonnable à ce stade » a ajouté le président de l’association des réanimateurs d’hôpitaux (Aaroi), Alessandro Vergallo.

Un appel au confinement que l’ensemble des systèmes hospitaliers relaient et approuvent comme unique solution pour inverser la tendance mais que, de toute évidence, le gouvernement central refuse d’entendre. En effet, seul un couvre-feu répressif de 22h à 5h sur l’ensemble du pays, dès le 6 novembre, avait été décrété par le gouvernement dont la dimension visait essentiellement à maintenir coûte que coûte l’économie sur fond d’autoritarisme au détriment du sanitaire. Une réponse une nouvelle fois répressive de la part du Premier ministre Giuseppe Conte, qui, selon le quotidien Repubblica, se retrouve aussi sous pression des gouverneurs de régions.

Cet effondrement du système hospitalier en Italie qui se retrouve débordé face à seconde vague illustre une nouvelle fois le résultat des politiques austéritaires contre les hôpitaux. En Italie comme ailleurs, les politiques austéritaires ont supprimé des lits, diminuer les effectifs, réduit les moyens pour la santé notamment dans les régions les plus précaires. Après des longues semaines d’exposition intensives au virus pour faire « redémarrer l’économie » sans que ne soient même préparés en parallèle des investissements massifs pour les hôpitaux, une nouvelle fois, les travailleur-e-s et l’ensemble des classes les plus précaires se retrouvent désormais à payer une nouvelle fois la crise .


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