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Politique sanitaire répressive

Coup de gueule : l’obligation vaccinale étendue aux personnels de santé de l’Éducation Nationale

Depuis le 15 octobre, l’obligation vaccinale a été étendue de manière surprise aux personnels de santé de l’Éducation par le gouvernement. Coup de gueule d’une psychologue de l’Éducation Nationale.

Jocelyne Clément

25 octobre 2021

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Crédits photo : AFP

Le gouvernement étend l’obligation vaccinale dans l’Education nationale

Après avoir été imposée aux soignants et à certaines professions, l’obligation vaccinale est étendue ce mois d’octobre à certains travailleurs de l’Éducation nationale : les personnels de santé, éducateurs et éducatrices en institution comme les Instituts Médicaux Educatifs (IME), infirmier.ère.s et médecins scolaires, psychologues de l’Éducation Nationale. Une mesure qui nous a été annoncée par surprise et par mail rectoral le 24 septembre, imposant la vaccination sous trois semaines, soit pour le 15 octobre, avec menace de suspension si le refus de transmettre son certificat de vaccination persistait.

Notre secteur est le seul astreint à l’obligation vaccinale dans l’Éducation du seul fait d’être personnel de santé alors que nous avons en réalité à faire au même public que le reste des travailleurs de l’Éducation. Une obligation vaccinale qui nous fait porter la responsabilité dans la transmission du virus, alors que dès la sortie du 1er confinement nous avons été envoyé.e.s sans consigne accompagnement ou protection face au Covid dans les écoles, collèges ou lycées.

Cette nouvelle extension de la politique répressive du gouvernement en matière sanitaire à l’encontre de ces secteurs de l’Éducation est d’autant plus scandaleuse que la politique sanitaire dans l’Éducation a été un révélateur de l’inconséquence du gouvernement en la matière. On se rappelle, en pleine deuxième vague, des protocoles sanitaires inexistants ou impossibles à mettre en œuvre au vu des conditions matérielles, consistant pour l’essentiel à aérer les salles de classe. Une politique aux conséquences désastreuses – comme en attestaient les 20 décès de parents d’élèves dû au Covid au lycée Delacroix de Drancy – et dénoncée par les travailleurs de l’Éducation, mobilisés en novembre dernier, notamment en Seine-Saint-Denis touchée de plein fouet par le Covid, pour imposer des protocoles sanitaires pensés par les travailleurs eux-mêmes.

Que font les directions syndicales ?

Or, si la colère est présente face à cette politique autoritaire du gouvernement, comme l’ont montré les mobilisations contre le pass sanitaire, dans le monde du travail les organisations syndicales se refusent à s’emparer de cette lutte.

En effet, si les centrales syndicales de la santé se sont pour la plupart positionnées formellement contre l’obligation vaccinale, dénonçant ces mesures comme des attaques contre le monde du travail et refusant les sanctions, elles n’ont proposé aucun plan de bataille. Une situation qui laisse de fait les personnels livrés à eux même, face aux risques de sanction. Cette absence de plan de bataille s’accompagne d’un positionnement flou concernant la vaccination, sans revendication systématique de levée des brevets des vaccins, en se réfugiant derrière l’idée que la vaccination est un choix individuel, ce qui laisse ouverte la brèche à la méfiance des travailleurs et travailleuses envers la vaccination, associée au gouvernement et à sa politique autoritariste.

Au contraire, il est impératif que les organisations syndicales prennent position clairement pour la vaccination au service du collectif, pensée et proposée pédagogiquement à l’ensemble des personnels, avec levée immédiate de toute sanction. En parallèle, il est nécessaire de revendiquer une vraie politique sanitaire et sociale avec création des postes nécessaires, revalorisations des salaires et moyens matériels dans tous les domaines de soins, qu’ils soient dans les structures médicales ou au sein de l’éducation nationale, et d’anticiper les besoins médico-sociaux et psychologiques à venir.

De fait, l’obligation vaccinale s’inscrit dans un contexte de multiplication des attaques envers les personnels de la santé dans l’Éducation : manque de postes, non remplacements, territorialisation… En tant que travailleurs de l’Éducation, nous sommes aussi confronté.e.s en permanence au manque global de moyens, dégradant nos conditions de travail et nous empêchant de proposer un service à la hauteur des besoins. C’est notamment flagrant en ce qui concerne les élèves dans le champ du handicap avec des AESH en nombre insuffisant, sous-payé.es et de plus en plus malmené.e.s, des dispositifs spécialisés saturés dans les écoles (ULIS pour les primaires, collèges et lycées) comme dans les institutions de soin (IME ou SESSAD), des enseignants en grande souffrance face à des élèves en situation de handicap car sans accompagnement ou sans soins adaptés à leurs besoins dans les classes, sans compter le matériel vétuste ou insuffisant.

A titre d’exemple, sur le Sud Seine et Marne, où je travaille, le nombre de postes non pourvus a augmenté considérablement par rapport à l’année dernière avec une surcharge de travail insupportable en ces temps post confinement où les besoins sont multiples : pour exemples, à Melun à la rentrée, il n’y avait qu’un psychologue titulaire sur 5 postes, à Dammarie-les-Lys, c’était 2 psychologues titulaires sur 4, avec recrutement de psychologues vacataires sous-payé.e.s et sur-exploité.e.s qui ne combleront pas les besoins car insuffisantes en nombre. Sur Sénart, après 4 ans à fonctionner à 3 psychologues pour 4 postes, nous sommes enfin au complet mais… la psychologue qui arrive sur la circonscription risque une suspension de salaire et de fonction du fait de l’obligation vaccinale.

Pour imposer un véritable plan de bataille qui articule refus des sanctions et de la politique autoritaire du gouvernement et lutte pour une politique sanitaire et sociale à la hauteur des besoins, il est nécessaire de revendiquer un investissement massif dans la santé et l’éducation, et d’imposer un contrôle par les travailleurs et travailleuses qui pratiquent et font vivre les soins, à l’image des protocoles sanitaires imposés par en bas en novembre, car à aucun moment nous ne pouvons faire confiance aux gouvernements ou au patronat quant à une politique de santé et de services publics à la hauteur des besoins, c’est bien ce que la crise sanitaire a démontré.


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Jocelyne Clément

psychologue dans l’éducation nationale

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