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Violences sexistes et sexuelles

Coup de gueule. « Le harcèlement de rue ce sont des intimidations sexuelles et une violence aliénante »

Le harcèlement de rue ce n’est pas de la drague. Ce sont des intimidations sexuelles, des agressions, la peur au ventre dans la rue. Une violence aliénante pour les femmes, face à laquelle l'Etat ne serait jamais un allié.

Rozenn Kevel

11 octobre 2021

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Mark Ralston/AFP

Hier, à la sortie du métro j’ai vu une femme attendre l’ascenseur et se faire rejoindre par un homme, qu’elle ne connaissait pas. Il avait l’air grave insistant. Je décide de prendre l’ascenseur avec eux par sécurité. Ils parlent dans une langue étrangère donc je ne comprends pas tout mais j’arrive à saisir que la femme lui dit non à plusieurs reprises et lui demande d’arrêter. Les portes s’ouvrent, le mec sort énervé et je demande à la femme si tout va bien et ce qu’il se passe. Elle me dit que c’est un porc et qu’il voulait son snap. Qu’elle a refusé mais qu’il a insisté.

On marche lentement elle et moi pour s’éloigner de lui, j’essaye de la rassurer quand tout d’un coup le mec au loin interpelle la femme et sort son sexe en l’agitant devant nous. Elle et moi nous retournons, dégoûtées. On avait juste envie de vomir après ça… Je reste avec elle pour ne pas la laisser seule, elle était terrifiée à l’idée de sortir de la station et de le recroiser. Elle avait peur de rentrer chez elle.

Cette situation choquante m’a fait penser à cette phrase « c’est rien c’est que de la drague ». Non le harcèlement de rue ce n’est pas de la drague. Ce sont des intimidations sexuelles, des agressions, la peur au ventre dans la rue, c’est une violence aliénante pour les femmes.

Depuis plusieurs années, notamment avec #MeToo, nous avons réussi à libérer la parole et à faire reconnaître le harcèlement de rue. Mais comme à chaque fois que les opprimé.e.s relèvent la tête, l’État essaye de récupérer nos luttes... En conséquence, on a vu Marlène Schiappa instrumentaliser cette question pour des projets phares de « la grande cause du quinquennat » du gouvernement Macron. Schiappa avait déjà été à l’origine de la loi du 3 août 2018, qui pénalise « l’outrage sexiste ».

Or, loin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes, cette loi a surtout appuyé le tournant sécuritaire de l’État en renforçant les pouvoirs de la police.
Ainsi, l’outrage sexiste ne peut être constaté qu’en flagrant délit, par un policier. Or, d’abord, nous n’avons pas besoin d’un policier pour confirmer qu’on a bien subit une violence sexiste ou sexuelle.

Mais surtout, le gouvernement que ce soient ceux qui nous demandent si on a joui quand on porte plainte pour viol, comme c’est le cas au commissariat de Montpellier, qui soient chargés de constater un « outrage sexiste » ? Ceux-là mêmes qui empêchent nos plaintes d’abouri, qui répriment nos manifestations féministes, qui nous insultent et n’hésitent pas à faire des « outrages sexistes » pour nous intimider, lorsqu’ils remarquent par exemple qu’on ne se rase pas…

Parce que l’Etat n’allait pas s’arrêter là, Schiappa a continué à instrumentaliser notre oppression avec ses « quartiers sans relous » visant à augmenter le dispositif policier et la répression dans les quartiers populaires, et ce alors que le ministre de l’Intérieur est accusé de viol…

L’État ne peut pas être notre allié dans la lutte contre le patriarcat, car il ne s’attaquera jamais aux racines systémiques des violences faites aux femmes. Les violences sexistes et sexuelles, ne sont pas des faits isolés. Elles sont le fruit d’une longue chaîne de violences patriarcales envers les femmes et les personnes LGBTI+. Pour y mettre fin définitivement il faut aller plus loin que la défense contre un agresseur individuel

Les femmes et les personnes LGBTI+ doivent s’organiser sans compter sur les institutions responsables de leur précarisation, leur répression et leur oppression et ce partout où elles et ils le peuvent : au travail, à l’école, dans nos villes et quartiers... Pour que plus aucun.e d’entre nous n’ait à subir ces violences patriarcales criminelles : solidarité féministe et révolution !


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