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Casse du service public

Coronavirus. Pour Véran, contrairement à l’Italie, l’hôpital français ne connaît pas de crise

Pour tenter de se délimiter des mesures prises par le gouvernement italien, le nouveau ministre de la Santé expliquait que l’Italie était forcée d’adopter le confinement massif à cause de la détresse de son système sanitaire. Après 40 années de casse du service public où l’hôpital, même sans épidémie, fonctionne toujours sous tension, ce scénario est cependant loin de pouvoir d’être évacué en France

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Les énormes mesures de confinement prises par l’Italie devant l’épidémie du coronavirus ont suscité beaucoup des questionnements et d’inquiétude en France qui doit aussi faire face à un nombre toujours croissant de cas, avec déjà 30 morts et 1606 personnes contaminés. Des chiffres qui, selon toute vraisemblance, devraient largement augmenter dans les jours à venir. L’inquiétude devant ces mesures de confinement massives n’est pas infondée, lorsqu’on constate d’une part son inefficacité et d’autre part l’état de siège de facto que cela représente pour les habitants de la Chine, que Pékin a dû imposer via une répression brutale.

En s’inspirant de la politique de Pékin, l’Italie, qui est le deuxième pays le plus touché par l’épidémie avec 463 morts et 7985 personnes contaminées, a décrété en effet le confinement sur l’ensemble du territoire . L’impact de l’épidémie et ces mesures fortement restrictives n’ont pas tardé à avoir des répercussions sur le plan économique avec la chute de 11,8% de la bourse de Milan. Ce qui s’ajoute aux prévisions plus que probables de récession internationale.

Le système sanitaire français en bonnes conditions après 40 années de politiques néolibérales ?

Dans le but de rassurer la population autour des mesures visant à freiner l’épidémie Olivier Véran s’est rendu à Radio France et BFMTV pour annoncer que le gouvernement fait « en sorte de ne pas être dans la situation de devoir prendre ce type de décisions ». Des décisions prises sans « critères d’évaluation » que le ministre estime liées à la saturation de ses urgences en Italie et à la détresse de son système sanitaire. L’hôpital public français serait donc épargné par les conséquences des politiques néolibérales à la base du démantèlement du système sanitaire italien ?

Selon le ministre de la Santé, en France pour combattre l’épidémie « le principe, c’est le freinage, repousser le moment où l’épidémie apparaît dans notre pays, faire en sorte que l’épidémie soit la plus courte possible et qu’elle soit la plus petite possible, c’est-à-dire qu’on ait le minimum de malades en même temps pour ne pas saturer notre système de santé ». C’est pourquoi pour l’instant le gouvernement donne« des réponses graduées et adaptées à chaque territoire » mais évidemment, comme l’avoue le ministre, aucun scenario n’est évacué

L’objectif du gouvernement, est donc simple : empêcher que le pic du nombre de malades ne soit supérieur a la capacité du système sanitaire. C’est-à-dire que ce qu’Olivier Veran appelle « seuil de saturation » ne soit pas dépassé. Un objectif rendu d’autant plus difficile après des années de casse du service public où le système de santé, même sans épidémie, fonctionne toujours à flux tendus. Le manque de moyens et de personnel, les journées surchargées et le stress permanent sont le quotidien des travailleurs de la santé. Raisons pour lesquelles ce secteur se mobilise depuis de très long mois, voire plusieurs années, pour exiger une hausse des moyens humains et matériels dans le seul but de pouvoir soigner les patients dans de bonnes conditions. Sans parler des démissions en cascade de médecins, pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils sont amenés à exercer.

Les politiques menées ces 40 dernières années, et accentuées sous le gouvernement Macron, ont miné la capacité de l’hôpital public à répondre à une éventuelle crise sanitaire. Des faits qui ont été totalement minorés, voire ignorés, par le ministre, alors que dans la soirée spéciale sur BFM TV on lui a expliqué que « des médecins biologistes et des syndicats s’inquiètent parce qu’ils estiment que rien est prêt. Par exemple le personnel pour procéder au prélèvement n’est pas équipé des masques, les salles d’attente ne sont pas non plus adaptées ».

Face à la crainte des syndicats et du personnel de la santé, Olivier Veran s’est déresponsabilisé des lourdes conséquences des politiques néolibérales sur le système sanitaire en répondant qu’il « a pris un décret pour lever une interdiction, c’est-à-dire pour rendre les choses possibles. Rendre les choses possibles ça veut pas dire que c’est réalisable tout de suite ». Une phrase cynique, d’autant plus lorsqu’on sait que Véran a accordé une « rallonge » de 260 millions d’euros pour les hôpitaux en puisant dans... le budget des hôpitaux. Cynisme qui s’est couplé plus tard d’un schéma improvisé par le ministre, expliquant le « seuil de saturation » du système sanitaire – faisant abstraction du manque de moyens et de la détresse vécu par les soignants – et d’un remerciement fait au personnel soignant pour sa « vocation ».

En d’autres terme, tout va bien sous le soleil. C’est en tout cas le message qu’envoie le gouvernement, en cherchant à démontrer qu’il a la situation sous contrôle, comme nous l’a martelé Véran, allant jusqu’à s’improviser dessinateur, en direct à la télévision, pour expliquer en quoi les mesures du gouvernement permettront de ne pas dépasser ce fameux « seuil de saturation ». Sauf que les cas de coronavirus et de décès sont chaque jour plus nombreux, avec une accélération de l’extension de l’épidémie. Avant même le coronavirus, l’hôpital public fonctionnait déjà en flux tendu, avec la multiplication de burn-out, de suicides et de réaction par la grève. Au final, le message qu’envois Véran, est adressé direction aux personnels de la santé : c’est sur vous que va reposer le poids de l’épidémie.


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