[LETTRES]

Cormac McCarthy. Fictions de la fin du monde

Christa Wolfe

Cormac McCarthy. Fictions de la fin du monde

Christa Wolfe

Dans "La route", McCarthy peint un incendie universel d’où s’échappent des fumées noires...

Dans son roman paru en 2006, La route, Cormac McCarthy raconte la survie d’un père et de son enfant après qu’une catastrophe écologique a dévasté la planète. L’humanité est conduite à la barbarie, les rapports sociaux sont abolis dans la violence brutale de la "lutte pour la vie", comme un dernier effet de la violence capitaliste qui vient de tout détruire. Le père et le fils, américains du Nord, cherchent un dernier lieu habitable et prennent la route vers le Sud. Tout au long de leur périple, ils passent à travers des territoires désertiques, calcinés, et avancent parmi les fumées noires de la catastrophe : fumées épaisses, pleines de suie, dangereuses, qui s’élèvent dans le grand incendie : Retour ligne automatique
"De l’autre côté de la vallée la route passait à travers un brûlis totalement noir. A perte de vue de chaque côté de la route des troncs d’arbre carbonisés amputés de leurs branches. La cendre volante se déplaçant au-dessus de la route et dans le vent le grêle gémissement des fils morts tombant comme des mains flasques des poteaux électriques noircis. Une maison incendiée dans une clairière et au-delà une étendue grise et nue d’anciens herbages et un remblai de boue rouge à vif où un chantier routier gisait à l’abandon. Plus loin le long de la route il y avait des panneaux avec des publicités pour des motels. Toute chose telle qu’elle avait été jadis mais décolorée et désagrégée. Ils firent halte en haut de la côte dans le froid et le vent pour reprendre haleine. Il regardait le petit. Ça va, dit le petit. L’homme lui posa la main sur l’épaule et d’un signe de tête désigna l’espace découvert qui s’étendait à leurs pieds. Il sortit les jumelles du caddie et resta sur la route à scruter la plaine là où la forme d’une ville apparaissait dans la grisaille comme une esquisse au charbon de bois tracée sur les terres dévastées."

Cormac McCarthy, La Route, traduction François Hirsh, Éditions de l’Olivier, 2008, p. 13-14.

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