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Répression

Conductrice huée : les grands médias et la RATP instrumentalisent pour intimider les grévistes

Depuis la diffusion d’une vidéo montrant une conductrice de métro huée par des grévistes RATP, c’est à une véritable cabale médiatique et politique que l’on assiste. Une offensive qui, en instrumentalisant une vidéo qui ne montre pas ce qui a pu précéder la scène (la conductrice a adressé une série de bras d'honneur, d’insultes et une gifle), vise à salir les grévistes tout en cherchant à remettre en question les piquets de grève. En définitive, cette cabale n’est que le pendant de la terrible répression policière que subissent les grévistes et que les médias censurent. En réponse, Révolution Permanente a donné la parole aux grévistes.

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Depuis quelques jours, c’est une cabale médiatique et politique d’une grande ampleur qui est menée au service de la direction de la RATP contre les grévistes. Les grands médias ont en effet monté en épingle une vidéo montrant des tensions entre une conductrice de métro et des agents grévistes qui la huent. La scène a été sortie de tout contexte, les médias se refusant à mener un travail d’enquête minimal en interrogeant les premiers concernés à savoir les grévistes. Il est donc nécessaire de rétablir les faits.

Lundi matin, une conductrice de la ligne 6 du métro gréviste est venue prendre son service Place d’Italie. Sur les images, on voit la conductrice de métro avancer jusqu’à son poste de conduite qui se situe à l’autre bout du quai sous les huées de ses collègues. Un gréviste de la RATP présent sur place donne son ressenti : « En revoyant la vidéo j’avoue, quelqu’un d’extérieur ou qui n’a pas vécu la scène en direct s’insurge du sort de cette conductrice » avant d’ajouter « mais sans son comportement en amont il n’y aurait rien eu ».

Rétablir les faits par la voix des grévistes

Sur la scène partiellement filmée en vidéo, on entend distinctement les grévistes expliquer : « elle m’a giflé », « elle a agressé un collègue », « Honte à toi », « c’est une agression physique ». Des accusations que les grands médias n’ont jamais cherché à creuser.

Thomas [le prénom a été modifié], un des grévistes, raconte à Révolution Permanente : « On le fait depuis le 5, aller sur les quais du métro, on parle avec certains non-grévistes, on chante, on siffle, mais à aucun moment on insulte où on bouscule ». En effet, ces scènes où des grévistes de la RATP chantent, sifflent ou huent les collègues non-grévistes qui pour de multiples raisons, souvent financières, n’ont pas encore fait le pas de faire la grève, ou reprennent le travail, comme ce fut le cas de cette conductrice de métro, sont quasiment quotidiennes. « Dans 99% des cas depuis le début de la grève cela s’est plutôt bien passé », confirme un autre gréviste.

Cette fois-ci cependant, la tension a été plus importante comme l’explique Thomas : « contrairement à ce qu’il se passe d’habitude elle est arrivée plus que remontée notamment parce qu’elle a fait pas mal de jour de grève et qu’elle considérait qu’elle devait subir un traitement de faveur. Elle s’est donc vite emportée. Série de bras d’honneur, claque dans le mégaphone d’un collègue, insultes... Ce qui ce passe ensuite est en réaction à son attitude nauséabonde ». Cette attitude est corroborée par Karim [le prénom a été modifié], un autre gréviste que nous avons interrogé : « Là elle est arrivée en distribuant des bouquets de doigts je te jure, elle a tapé dans le mégaphone d’un pote, elle poussait, elle insultait, bref, après 26 jours de grève les nerfs sont à vifs, ça a énervé tout le monde voilà tout », avant d’ajouter : « Ensuite elle gifle le collègue, certes pas la baffe de cowboy mais le geste est inacceptable ».

Comment la RATP cherche à instrumentaliser la scène contre les grévistes

La vidéo et sa version officielle ont été relayées massivement par les grands médias, ne cherchant à aucun moment, ne serait-ce qu’à chercher à expliquer la scène, encore moins à donner la parole aux premiers concernés les grévistes, ou encore la conductrice de métro. Au travers cette instrumentalisation de masse, ce que les grands médias cherchent à faire, c’est une campagne anti-grévistes au service de la direction de la RATP et du gouvernement, pour un seul objectif : briser la grève. Avec cette opération, les grands médias cherchent clairement à retourner l’opinion publique, toujours majoritairement en soutien aux grévistes.

Cette campagne s’inscrit dans la nouvelle offensive de communication de la RATP, relayée par les grands médias, pour faire penser que la grève est en train s’effilocher, comme l’illustre le cas de l’ouverture partielle de la plus petite ligne du réseau, la ligne 3bis le 30 janvier. L’objectif est de laisser penser que la grève est devenue minoritaire, ce qu’a dénoncé avec force l’UNSA-RATP Pôle Traction dans un communiqué en rappelant que « la mobilisation au niveau du métro et du RER ne faiblit pas » et que « la direction a actuellement en sa possession 240 conducteurs disponibles sur 2700 conducteurs au métro (réserve générale comprise) et une centaine de conducteurs du RER disponibles sur 870 ».

Une « minorité » de blocage qui empêcherait les non-grévistes de travailler, c’est ce qu’a sous-entendu Jean-Jacques Bourdin sur RMC, relayant ainsi le discours gouvernemental qui tend à faire penser que la CGT pratique un syndicalisme « de blocage », voire « d’intimidation » envers les non-grévistes. Une campagne dans laquelle certaines directions de syndicats se sont malheureusement engouffrés à l’image de Thierry Balbec, secrétaire général de l’UNSA RATP, en condamnant avec vigueur les grévistes : « C’est une honte, c’est tellement facile de s’en prendre à cette dame. La liberté de travailler est un droit absolu. Dès qu’il y a contrainte, la grève devient illégitime » a-t-il déclaré, jouant ainsi ouvertement le jeu de la direction de la RATP. De son côté, la direction de la régie n’hésite pas, conjointement avec le gouvernement, à envoyer la police tabasser quotidiennement les grévistes et les soutiens, sur les piquets de grève. De quel côté est la vraie contrainte ?

Les représailles post-trêve de Noel : ils tentent d’intimider les grévistes !

De son côté, Yannick Stec, délégué syndical CGT-RATP, s’est montré plus prudent : « je déplore ce qu’il s’est passé où on arrive à une tension extrême, mais encore une fois, on n’a pas l’entièreté de l’événement. Il ne faut pas porter de jugement trop hâtif », estime-t-il à juste titre. Philippe Martinez chez Bourdin, a quant à lui affirmé ne pas être « d’accord pour qu’il y ait de tel agissement. Il n’y a pas eu de violence, il y a eu des mots qui ne sont pas acceptable » avant de revenir sur le contexte de pourrissement du gouvernement pour expliquer la séquence « quand on dépasse le stade de la colère, il y a de la tension ». Le secrétaire général de la CGT a conclu très justement sur le traitement à deux vitesses des grands médias qui font leurs choux gras pour mener cette campagne anti-gréviste : « On pourrait parler aussi d’un des grévistes qui, Vendredi, à Pavillons-sous-bois a fini à l’Hôpital parce que l’intervention des forces de l’ordre s’est traduite par des blessures »

Avec cette cabale, c’est donc l’ensemble de la presse, au service de la direction de la RATP, du gouvernement, et de Valérie Pécresse, qui cherche à salir les grévistes et à éroder leur détermination, ces derniers ayant imposé à l’ensemble des classes dominantes le fait qu’il n’y ait pas de trêve de Noel. Des représailles visant à intimider les grévistes, ils ne laisseront pas faire !

Des huées contre un crane ouvert par la police : où est la véritable violence ?

Dans le même temps, les grands médias censurent les violences policières terribles qui s’abattent sur les grévistes et leurs soutiens. Mardi matin, un gréviste a été blessé à la tête par la police au dépôt de Pavillon-sous-Bois, le crâne ouvert par un coup de tonfa. Les collègues qui ne faisaient pas grève ont immédiatement appliqué leur droit de retrait face à cette brutalité. Des épisodes de répression qui s’enchaînent sur tous les piquets, à Ivry, à Pleyel, à Saint-Denis (etc...) mais qui n’ont encore donné lieu à aucun édito écrit à la larme de crocodile par les médias dominants.

Valérie Pécresse si prompte a réagir contre les grévistes ne fait que jeter de l’huile sur le feu pour donner du grain à moudre à ses propositions comme celle qui voudrait que les travailleurs fassent grève en travaillant mais en portant un brassard....

Cette campagne anti-gréviste n’est que le pendant de l’offensive sur le terrain répressif de la part du gouvernement, son bras armé, la police, la RATP, avec de nombreuses menaces de sanctions, comme Yassine qui risque la révocation.

Comment contraindre les grévistes à rester dans les limites que veulent leur fixer le gouvernement

Mais, plus en générale, cette campagne tente aussi d’exercer une pression contre les grévistes, plus particulièrement contre le recours aux méthodes consistant à dissuader, voire à empêcher les « jaunes » de briser la grève. Pourtant, c’est pourtant comme nous l’écrivions « l’essence même du piquet de grève ».

Si dans le cas actuel, les grands médias cherchent à préciser que la conductrice de métro ne fait pas partie des effectifs de la « Réserve Générale », c’est précisément pour en faire un caractère aggravant, présageant le caractère « illégal » de toute tentative de dissuader à travailler, quel que soit le non-gréviste, qu’il soit « RG » ou cadre formé pour l’occasion par la RATP.

C’est en ce sens que condamner les huées qui ont parcouru le chemin de la conductrice de bus, c’est en définitive laisser à l’Etat, et à la direction de la RATP toute latitude pour casser la grève, eux qui ne se sont jamais préoccupés des agents RATP quand ils se font insulter dans les bus, qui ne réagissent pas quand des agents pointent des carences de sécurité sur du matériel, souffrent au travail, ou quand ils se font agressés en permanence par la police. Eux ne lésinent pas sur les moyens pour envoyer 44 000 courriers au « cas par cas » pour diviser les grévistes. Eux ne lésinent pas avec la contrainte par la force, les intimidations, les agressions, qui vont jusqu’à ce que des non-grévistes se voient exercer leur droit de retrait. Ce qu’ils souhaitent en nous imposant leurs règles, c’est limiter nos moyens de défense, notre force collective, la grève.

Oui, les grévistes ont toute légitimité à défendre leur grève, à mettre en place des piquets de grève, et ce d’autant plus que la grève, votée de façon démocratique, est largement majoritaire parmi les agents.

Dans une vidéo Ahmed, Cemil et David, agents RATP, ont remis les pendules à l’heure au sujet de la répression qui s’abat actuellement contre les grévistes.


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