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Ton patron te surveille

« Comportement radicaliste ». Quand le MEDEF joue aux indics

Surfer sur la vague de peur pour accroître la surveillance des employés, tel est le message envoyé par le MEDEF à l'ensemble de ses adhérents, par la voix de Geoffroy Roux de Bézieux, son vice-président. Des déclarations qui alimentent les discours réactionnaires et xénophobes tout en promettant en filigrane un tour de vis autour des mobilisations sociales. Julian Vadis

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« Nous avons recommandé à nos adhérents d’être vigilants sur des dérives radicalistes dans les entreprises » a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux. Pour le syndicat patronal, « le devoir du chef d’entreprise, comme tout citoyen, c’est de signaler à la police » tout signe faisant penser à un « comportement radicaliste ». Ces recommandations sont justifiées par les attentats du 13 novembre et par des incidents isolés, notamment dans certaines entreprises où des salariés musulmans ont refusés d’obéir à des femmes ou qui s’arrêtent encore de travailler pour prier. Sur la question de la laïcité au travail dans les entreprises privées, le vice président du MEDEF a certes affirmé que « l’émotion » lié aux attentats « ne permettait pas d’affirmer quoi que ce soit sur le sujet », tout en indiquant clairement que « c’est une question qui est posée ».

Des recommandations qui vont à coup sûr avoir leurs lots de dérives

Outre le fait que des millions de personnes musulmanes ou assimilées en tant que musulmanes, car racisées, vont chaque jour travailler sous l’œil (encore plus) inquisiteur de leurs patrons, les déclarations irresponsables de Geoffroy Roux de Bézieux s’inscrivent dans un climat toujours plus réactionnaire et islamophobe. Instaurer la peur de l’autre et diviser un peu plus les travailleurs selon leur couleur de peau ou leur religion, tout en appliquant à la lettre la doctrine de « diviser pour mieux régner » est une tactique vieille comme Hérode pour le patronat. De plus, du point de vue des travailleurs non-visés par ces prérogatives, l’objectif reste de donner l’image d’un patron rassurant, qui protège ses employés, selon le vieux modèle du patron-patriarche soit disant bienveillant.

Mais il convient aussi de s’interroger sur la notion même de la radicalité selon la définition du MEDEF. Alors que ces derniers, tout comme la presse bourgeoise et des politiciens pro-patronaux, se sont émus à chaudes larmes du sort d’une chemise déchirée par des salariés en colère lors de l’épisode Air France, difficile de ne pas croire que des répercutions sur les mouvements sociaux au sein des entreprises sont à prévoir. Cette déclaration intervient quelques jours seulement après les perquisitions effectuées à Air France Cargo dont le but inavoué était de mettre sous pression les salariés qui avaient maintenu leur appel à mobilisation pour soutenir les leurs, subissant la répression. Ici aussi, la police était à la recherche d’éléments de radicalisation... mais sans lien avec les attentats qui ont frappés Paris.

Devant le refus de "trêve sociale" de la part de certaines centrales syndicales, le patronat tente d’imposer celle-ci par la force. Instrumentalisant la peur légitime suite aux attentats, le MEDEF encourage un discours réactionnaire et xénophobe, tout en essayant de faire coup double. Diviser les travailleurs, pour qu’ils se suspectent les uns les autres, tout en intimidant et réprimant les éléments les plus combatifs de la classe ouvrière, telle est la visée du discours de Geoffroy Roux de Bézieux. Maintenir la lutte contre les amalgames et refuser toute « trêve sociale » est indispensable pour que les travailleurs puissent, à court, moyen et long terme, continuer à défendre lucidement leurs intérêts.


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