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L’envers de l’unité nationale

"Complicité intellectuelle du terrorisme" : l’accusation scandaleuse de Blanquer contre la France Insoumise

Sur Europe 1, le ministre de l’Éducation nationale s’en est pris, entre autres, à la France Insoumise, accusant le parti de « complicité intellectuelle » avec l’attentat de Conflans. Une accusation scandaleuse contre LFI à dénoncer avec vigueur tant elle vise, plus généralement à amalgamer en complicité intellectuelle de terrorisme tous ceux qui de près ou de loin osent dénoncer l'islamophobie.

Damien Bernard


et Inès Rossi

22 octobre 2020

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Crédits photo : Europe 1
 
Dans un contexte prétendument pacifié par une unité nationale tacite, après l’assassinat ignoble de Samuel Paty, les attaques envers les opposants politiques ne sont jamais bien loin.

Lors d’un entretien sur Europe 1, Jean-Michel Blanquer s’en est pris à la France Insoumise qu’il accuse de « complicité intellectuelle » dans l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, et d’être responsable plus globalement de l’idéologie qui l’a inspirée.

«  Je pense surtout aux complicités intellectuelles du terrorisme  » explique le ministre, qui dénonce «  ce qu’on appelle communément l’islamo-gauchisme, qui fait des ravages [...] dans les rangs de la France Insoumise  », et qu’il décrit comme une «  idéologie qui mène évidemment au pire  ».
 

 
Le ministre de l’Éducation Nationale reprend ainsi les mots de Gérald Darmanin, qui avait, le 6 octobre, accusé le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon d’être «  lié avec un islamo-gauchisme qui détruit la République.  »
 

 
Présent au rassemblement d’hommage, place de la République à Paris, Manuel Valls avait également pris la France Insoumise pour cible, déclarant que « Jean-Luc Mélenchon a une très grande complicité, une très grande responsabilité dans tout ce qui s’est passé, dans tout le rapport de la gauche avec la lutte contre l’islamisme ». Aurore Bergé, présidente déléguée des députés LREM est quant à elle allée jusqu’à refuser de se rendre au rassemblement pour ne pas se trouver « aux côtés de personnes qui ont créé un climat favorable à ces idéologies, ou en tout cas ont cessé de les combattre », pointant notamment les députés Éric Coquerel et Danièle Obono.

Le terme « islamo-gauchisme », dont l’usage a été normalisé notamment par l’extrême-droite, cherche à accuser de complaisance avec l’islam politique, voire avec le terrorisme tous ceux qui expriment la moindre dénonciation de l’islamophobie. « Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’Unef cède à ce type de choses, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels », sans préciser qui – on peut cependant imaginer que cela vise la députée LFI Danièle Obono, accusée maintes fois de complaisance avec l’islam politique. Est également visée, la participation de la France Insoumise à la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019, une marche contre le racisme anti-musulmans suite à l’attaque d’une mosquée.

Après la rhétorique de l’ « ensauvagement », le gouvernement utilise maintenant la méthode d’accusations en « islamo-gauchisme » sans réels fondements. Des accusations qui, selon Alexis Corbières, député LFI ; visent à « retourner l’indignation nationale » contre la France insoumise, « alors que personne n’est capable de nous dire précisément en quoi nous serions coupables ». Une chasse aux sorcières aujourd’hui menée par le gouvernement qui cherche à tirer profit d’un attentat pour briser La France Insoumise – qui elle, subit paradoxalement un important retour de flamme suite à sa participation à l’union nationale. Un contraste que pointe avec une certaine naïveté le député Eric Coquerel sur les réseaux sociaux : « Répartition des rôles : à Macron les discours républicains et unitaires, à ses ministres la diffamation envers La France insoumise ».

Ces accusations ne sont en réalité que des manœuvres politiques d’un gouvernement qui cherche à instrumentaliser l’émoi populaire à des fins politiques, visant le principal parti de la gauche institutionnelle. Mais plus généralement, elles visent, en définitive, à imposer sur le terrain politique et idéologique l’amalgame selon lequel « islamo-gauchisme » serait l’équivalent de toute dénonciation de l’islamophobie. Ainsi, cette offensive vise en définitive l’ensemble des organisations politique comme syndicales qui luttent contre le racisme anti-musulmans, et contre toutes discriminations.

En ce sens, quoique puissent être nos divergences stratégiques profondes avec la FI, et nos critiques sur le rôle néfaste du parti de Jean-Luc Mélenchon, qui se range derrière cette unité nationale avec le gouvernement sur fond de xénophobie, il est aujourd’hui plus que nécessaire de dénoncer avec force cette offensive réactionnaire que le gouvernement emprunte à l’extrême-droite.


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