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Justice de classe

Cleveland. Il n’y aura pas de poursuites contre l’assassin de Tamir Rice

Julian Vadis Ce lundi 28 décembre, le grand jury de Cleveland, dans l'Ohio, a annoncé qu'aucune poursuite pénale ne serait engagée contre Timothy Loehmann, le policier ayant abattu Tamir Rice, un jeune afro américain de 12 ans, l'année passée. Une décision qui s'inscrit dans une période où les questions de violences policières, et notamment envers la communauté noire américaine, défraient quotidiennement la chronique de l'autre côté de l'atlantique.

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La mère de Tamir Rice accuse le procureur de "sabotage"

Le 22 novembre 2014, dans un square de Cleveland dans l’Ohio, un enfant de 12 ans joue avec un pistolet en plastique. Une scène pour le moins banale, mais des voisins décident d’appeler la police et l’un des deux agents des forces de l’ordre arrivés sur place tue Tamir Rice de deux balles dans l’abdomen. « La vidéo [de surveillance NDLR] montre que le policier a tué mon fils en l’espace d’une seconde. Tout ce que je veux c’est que quelqu’un soit tenu pour responsable de cet acte » a déclaré Samaria Rice, mère du jeune homme assassiné, dans un communiqué suite à la décision du grand jury, avant d’accuser directement le procureur. «  La famille de Tamir est triste et déçue, mais elle n’est pas surprise. Depuis des mois il était clair que le procureur du comté de Cuyahoga, Timothy McGinty, trompait et manipulait le processus de grand jury afin d’orchestrer un vote contre l’inculpation des policiers  », avant d’appeler le ministère de la justice américaine à mener une enquête fédérale.

Des appels au calme face à la colère grandissante

Bien conscients que ce nouvel épisode judiciaire ne manquera pas de raviver un peu plus les braises de la contestation contre la xénophobie d’État et l’impunité policière aux États-Unis, médias dominants et personnalités politiques sont immédiatement montés au créneau pour lancer des appels au calme. Dans les colonnes du journal Cleveland Plain Dealer, nous pouvions ainsi lire la déclaration suivante : « Les manifestations en soutien à Tamir Rice doivent être pacifiques [...] Oui, il doit y avoir des cris qui réclament justice [...] Oui, il doit y avoir des marches de protestation. Mais elles ne doivent pas basculer dans la violence. Nous ne sommes pas Ferguson. Nous ne sommes pas Baltimore. Nous sommes Cleveland et nous avons montré au monde que nous savons manifester sans qu’il y ait des blessés ou des magasins vandalisés.  » Même son de cloche du côté de John Kasich, gouverneur de l’Ohio et candidat à la primaire républicaine pour l’élection présidentielle, qui a déclaré être « bien conscient qu’après cette décision beaucoup de gens vont se demander si justice a été rendue  » tout en affirmant que « nous serons tous perdants si nous cédons à la colère et à la frustration et si nous les laissons nous diviser  ».

Ces réactions rapides, aussi cyniques que malhonnêtes, tentent de prévenir l’incendie. En effet, voici plusieurs semaines que de nombreuses contestations contre les violences et l’impunité policières voient le jour aux États-Unis. Il faut dire qu’avec plus d’un millier de meurtres policiers - comme l’actualité brûlante nous le démontre avec l’assassinat de deux afro américains ce samedi à Chicago - couplés à des décisions judiciaires visant à invisibiliser les morts et à blanchir les agents ayant eu la gâchette facile, l’éveil des consciences face à la véritable nature xénophobe de l’État et de la police américaine est chaque jour un peu plus palpable au sein des classes populaires.

Si Cornell Brooks, président de la NAACP, la plus importante organisation de défense des Noirs aux États-Unis, tente lui aussi de canaliser la colère appelant ses militants à poursuivre le combat « pour Tamir Rice et tant d’autres » devant les tribunaux et dans les urnes, les mobilisations populaires restent la seule réponse viable face aux phénomènes de violences et d’impunité policières. Car ce qui ressort de l’affaire Tamir Rice, c’est aussi le caractère totalement partial des institutions et de la justice, résolument du côté des classes dominantes. Face aux dérives et meurtres policiers, à la xénophobie d’État et la justice de classe, ni oubli, ni pardon !


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