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Nos meilleurs vœux de lutte

Charlie, Aylan, Bataclan. Que nous réserve 2016 ?

Depuis juin, RévolutionPermanente.fr a lancé un pari qui n'était pas simple à relever, mais nécessaire, pour notre classe : comment rendre compte, de façon quotidienne, pour la jeunesse, le monde du travail et les classes populaires, de notre réalité, mais également de « la leur », d'un point de vue révolutionnaire ? L'année qui s'ouvre nous réserve de nouveaux défis. Ils seront étroitement corrélés à ce dont 2015 a été fait. De ce point de vue, les médias dominants ont trop souvent tendance à souffrir de « mémoire sélective », lorsqu'il s'agit de faire une rétrospective… Voici la nôtre.

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2015 a commencé le 7 janvier, dans le sang de l’exécution des journalistes de Charlie Hebdo, et s’est refermé à Paris, au Bataclan et dans les cafés alentours. Entretemps, nous avons eu droit au bal des hypocrites dans les rues de la capitale, le 11 janvier, avec Hollande manifestant bras-dessus, bras-dessous avec Netanyahou et les pires des dictateurs, suivi d’un approfondissement du chaos proche et moyen-oriental, provoqué par l’intensification des interventions impérialistes et des puissances régionales. Entretemps, également, la génération Bataclan est devenue « génération garde-à-vue ». Etat d’urgence, déchéance de la nationalité, voilà le dessous des cartes des attentats de Paris pour les socialistes.

2015 a également été placé sous le signe de la politique, à « gauche de la gauche ». On se rappellera la victoire de Syriza, en Grèce, suivi d’un processus accéléré de renoncements et de reculades. Là où François Mitterrand avait mis deux ans à passer des promesses à la rigueur, il n’aura fallu que quelques mois à Alexis Tsipras pour s’asseoir sur le programme de Thessalonique et, après de multiples manœuvres, se rendre sans conditions aux diktats de Bruxelles et de la Troïka en plaidant pour le fait qu’il s’agissait de la moins mauvaise des solutions. Les derniers jours de décembre 2015, en revanche, se referment sur le casse-tête politique espagnol, avec la confirmation du mouvement de Pablo Iglesias comme pivot essentiel dans le cadre d’un régime en décomposition après les élections du 20. Qu’en sera-t-il des promesses de Podemos ? La crise de régime en cours sera-t-elle un avantage qui sera utilisé par la jeunesse et le mouvement ouvrier pour se remobiliser, pour imposer leurs revendications sociales, politiques et démocratiques, à commencer par le droit à l’autodétermination en Catalogne et Euskadi ?

En 2015, à « gauche du possible », mais cette fois-ci en radicale opposition, il y a également eu le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) d’Argentine. L’an passé a été celui du retour agressif de la droite en Amérique latine, symbolisé notamment par la victoire des anti-chavistes à Caracas et de la droite à Buenos Aires. Mais le FIT, en Argentine, coalition électorale d’extrême gauche, emmenée par Nicolás Del Caño, a su donner une traduction politique socialiste et révolutionnaire visible, y compris sur le terrain électoral, à celles et ceux qui refusaient la fausse alternative « progressistes » versus « réacs’ » incarnée par Scioli et Macri. Une leçon argentine qui vaut bien au-delà de l’Amérique latine. Elle indique également que les trotskystes ne sont pas condamnés à être de simples témoins passifs de la situation, défenseurs d’une orthodoxie soi-disant révolutionnaire ou, à l’inverse, à la remorque du dernier cartel électoral ou accord gouvernemental anti-austéritaire qui, souvent, s’avère n’être qu’un autre vecteur de l’austérité, comme en Grèce ou au Portugal.

2015 a également été l’année des tremblements de terre géopolitiques à répétition, et les répliques sismiques seront multiples, en 2016. C’est la tectonique des anciennes failles de la Guerre Froide qui semble avoir repris du service, mais sous une forme nouvelle. Alors qu’entre Washington et La Havane, c’est l’heure d’un dégel contradictoire qui a sonné, sur le front oriental, l’Ukraine reste l’enjeu d’une guerre de position par intérêts interposés, non seulement entre les Etats-Unis et la Russie, mais, au-delà, contre l’Allemagne et la Chine. Quoi qu’en déclin, l’impérialisme étasunien ne renoncera pas à son rôle prépondérant. Ses alliés, concurrents ou opposants, en savent quelque chose.

Autre théâtre d’opérations qui a été au cœur des tensions, le Proche et le Moyen-Orient, plus que jamais objet de rivalités. Le processus de recomposition d’un large front anti-Daech, élément de cohésion pour des puissances aux intérêts aussi opposés que les Etats-Unis, la Russie, l’Iran, la Turquie ou l’Arabie Saoudite, sans oublier les impérialistes européens, se heurte aux multiples écueils régionaux et aux foyers de contradiction ouverts, au Kurdistan, en Syrie, en Iraq et au Yémen. Ceux qui en font les frais, ce sont les peuples de la région, victimes, encore une fois, de ce « Grand Jeu » du 21° siècle.

Parmi eux, un million ont réussi à franchir, depuis le début de l’an passé, les frontières de l’Europe forteresse. Des milliers, personne ne le saura jamais, ont laissé leur vie au fond de la Méditerranée ou sur les plages de Turquie, de Grèce et d’Italie. Aylan était de ceux-là. C’est-là, aussi, l’une des tendances de cette année 2015 qui est appelée à s’intensifier et à perdurer.

La droite en fait son miel. L’extrême droite un étendard. La gauche de gouvernement applique leur programme. C’est, là aussi, l’une des leçons de 2015. A mesure que nos droits sont remis en question, qu’aucune reprise réelle ne permet d’envisager une sortie de crise, y compris pour la bourgeoisie, rien de mieux que de désigner des boucs-émissaires. Les politiques de tous bords changent les coordonnées des discours, par rapport aux années 1930, mais les ressorts sont toujours les mêmes : l’autre, celui qui vient d’ailleurs, qui prie différemment ou que l’on désigne comme tel. Hier l’antisémitisme. Aujourd’hui, en plus, l’islamophobie.

Analyser, c’est comprendre, pour agir. L’hiver durable qui semble s’être installé sur l’ensemble du monde arabe, après les « printemps » que l’on sait, est l’œuvre de la contre-révolution, mais également le fruit d’un vide laissé par le mouvement ouvrier et populaire qui n’a pas su encore défendre ses propres intérêts, non seulement contre les despotes au pouvoir depuis des décennies, mais également contre leurs tuteurs impérialistes, régionaux et les cliques bourgeoises en embuscade, quel que soit leur programme, plus ou moins « modéré » ou « islamiste ».

En Europe également, et en France en particulier, pour ce qui nous concerne, la « lepénisation » à l’œuvre n’est pas une fatalité. C’est également le fruit d’une incapacité, de notre incapacité, à proposer à notre classe, une alternative tout aussi radicale, mais internationaliste, anticapitaliste et antisystème, que celle qu’avancent l’extrême droite et les populistes qui sont les principaux bénéficiaires de la crise. Mais rien n’est encore défini. Les lignes de forces sont loin d’être cristallisées.

Militer à la reprise de l’initiative et de la conflictualité du monde du travail et de la jeunesse reste non seulement une nécessité urgente, dans la situation que nous traversons, mais également une hypothèse concrète. Non seulement nous n’y avons pas renoncé, mais nous sommes persuadés que, dans la situation à venir, il serait possible que notre classe refasse preuve de toute son audace. Pour cela, l’extrême gauche sera un facteur décisif, si tant est qu’elle veut l’être. Sur le terrain politique, du débat et de l’orientation, RévolutionPermanente.fr entend prendre toute sa part de responsabilité pour l’année 2016, avec l’ensemble des lecteurs et des militants qui nous suivent et contribuent à ce média d’extrême gauche. 2016, aussi, sera fait de ce dont nous sommes capables de faire. Ensemble. Par nos combats et nos luttes.

Alors, tous nos vœux pour 2016 !


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