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Témoignage d'une manifestante

Toulouse. "Chaque petite ruelle était une angoisse régie par les flics, qui nous surprenaient, gazaient et divisaient."

Ce mardi, les forces des répressions ont férocement réprimés les manifestations spontané, suite à l'annonce du passage en force de la loi travail via l'article 49.3. Nous publions ci-dessous le témoignage d'une étudiante mobilisée ayant pris part à ces manifestations.

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Il était 16h quand j’ai appris que le 49-3 était autorisé par le conseil des ministres. Une haine s’est emparé de mon corps. Étant mobilisée depuis deux mois, je suis allée, une fois de plus, au rendez-vous lancé par Nuit Debout, place du Capitole. Dès mon arrivée, je sens la tension qui règne sur la place : il est 18h et nous sommes déjà plus nombreux sur la place que nous ne l’avons été depuis le début du mouvement. La tension monte. Un souffle d’insurrection balaye le Capitole. Tout le monde se chauffe ! La décision est claire pour tout le monde : partir en manif sauvage ! « Grève, blocage, manif sauvage ! » Présente dans toutes les manifs sauvages depuis le début, ce soir-là j’ai l’impression que tout allait péter ! Même les gens qui n’osaient pas encore venir en manif sauvage ont trouvé juste de marcher et crier ensemble vers le local du PS... « Ils sont dix, nous sommes des milliers » était crié lorsque nous sommes rentrés en contact avec les dix CRS. Ils n’ont pas cherché à savoir s’il y avait des issus de secours lorsqu’ils nous on balancé gaz lacrymos et grenades assourdissantes. Et pourtant, deux minutes avant et malgré la petite taille de la rue et le cortège serré, l’ambiance était à la solidarité et à l’insurrection. Et malgré la violence des projectiles, cette atmosphère (pourtant irrespirable !!) reste. La bienveillance est présente. Un cordon se forme autour de l’étudiante blessée comme protection. Pendant ce temps, la lacrymo continue de rentrer dans tout le corps. Mais on continue d’entendre des « voix insurrectionnelles dans les nuages de lacrymos, ils portent espoirs et idéaux. Les rues du monde remplient de rage, laissez passer les sauvages. Même si arrive le pire, la résistance respire ». Un cortège part devant tandis que la plupart des étudiants et autres personnes décident de rester en soutien aux blessés.

Étant partis avec le premier cortège et apprenant par téléphone que la plupart des copains étaient restés dans la ruelle avec risque de se faire encercler, nous décidons à plusieurs de faire demi-tour mais il y a désaccord de Nuit Debout et de la CGT placées en début de cortège. A l’arrivée au Capitole, tout le monde est très tendu, certains décident de reprendre une AG quand pour beaucoup il semble inconcevable de ne pas repartir immédiatement. Le deuxième cortège arrive, on retrouve les copains, rassurés ; les yeux gonflés de chacun relatent l’heure qui a précédé, la répression policière toujours plus forte. Une AG se met en place, des témoignages fusent et très vite, une proposition de repartir. Vote. Immédiatement tout le monde se lève et c’est reparti. La tension remonte, ces bruits de pas qui font vibrer tout le corps et les cris qui rythment la marche. Chacun sait comment cette manif va se passer. On le sait tous, les flics sont chauds, ça pue. C’est aux Carmes que ça commence à chauffer, les flics mettent la pression, on marche vite, trop vite, un groupe ne suit pas. Je suis séparée d’avec une partie des copains par des grenades de désencerclement et suis les jets de lacrymos qui rentrent dans toutes les petites rues. Chaque petite ruelle était une angoisse régie par les flics, qui nous surprenaient, gazaient et divisaient. De retour au Capitole, chacun se félicite de la victoire d’avoir réussi à repartir en manif malgré le dispositif de flicaille et surtout d’être rentré au Capitole !! Pas si désorganisés que ça, ces radicaux.

Le lendemain, gonflement des sinus, les yeux énormes, le corps cassé à cause de la tension et pression policière, des nausées à cause de la lacrymo, une pensée permanente pour les copains arrêtés et pourtant... Une envie toujours plus forte de me mobiliser et d’agir, de retourner gueuler contre un système qui, de toute façon, tombera sous nos mains.


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