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« Jupiter » fait la leçon

Ce que cache l’arrogance impérialiste de Macron face aux Polonais

S’il y a bien un principe de base, en diplomatie, c’est celui de non-ingérence dans les affaires d’un pays souverain. A l’approche de la rentrée, qui s’annonce agitée, et en perte de vitesse dans les enquêtes d’opinion, Macron a passé ses nerfs sur les Polonais, estimant qu’ils « estimaient mieux que ça », en l’occurrence le gouvernement en place à Varsovie.

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Inutile de préciser qu’il n’y a rien à défendre du gouvernement ultra-conservateur polonais conduit depuis 2015 par la première ministre Beata Szydlo : droit des femmes et IVG, politiques austéritaires, réforme bonapartiste de la justice, tout y est. Ce n’est en revanche pas à un chef d’Etat d’un pays impérialiste, dont les grandes multinationales ont su tirer avantage du retour de la Pologne dans l’arrière-cour semi-coloniales de Berlin, Paris, Rome et Londres depuis les années 1990, de dire ce qu’un gouvernement élu devrait faire ou pas. C’est en tout cas ce que l’étiquette voudrait, car la domination du capital étranger, en Pologne, est elle très explicite.

En chute libre dans les sondages, Macron avait planifié sa tournée à Vienne et en Europe de l’Est avec un double objectif : se poser tout d’abord en leader d’une UE à reconstruire, après le Brexit, tirant profit du plus grand effacement d’Angela Merkel sur la scène européenne, en raison des élections allemande de septembre ; mais également donner de la voix, pour satisfaire les revendications d’une fraction du petit patronat hexagonal, contre la « directive sur les travailleurs détachées ». Entrée en vigueur en 1996, elle permet aux grandes entreprises de pays impérialistes d’Europe de l’Ouest ainsi qu’aux sous-traitants qui leur sont liées d’embaucher une main-d’œuvre bon-marché issue des pays semi-coloniaux d’Europe centrale et orientale rattachés à Bruxelles, en rognant ultérieurement sur leur coût salarial.

La directive, qui permet accentuer la concurrence, sur son propre terrain, à l’encontre d’une fraction du patronat français, Macron l’a prise à bras-le-corps pour la transformer en un faire-valoir à bon compte du véritable objet de sa visite : réaffirmer le leadership impérialiste de Paris en Europe, mis à mal par Berlin, qui est la véritable puissance hégémonique, en faisant, tour à tour, les gros yeux aux pays d’Europe de l’Est dont la bourgeoisie tire profit de la directive sur les travailleurs détachés, tout en prônant une relance de la construction européenne. Ce virage agressif de la politique extérieure française s’est exprimé, au cours de l’été, au niveau impérialiste, contre l’Italie, sur le dossier des chantiers navals de Saint-Nazaire et surtout par rapport à la Libye et à son marché pétrolier et du BTP . Macron poursuit sur cette même ligne, mais vis-à-vis des pays semi-coloniaux d’Europe centrale et orientale dont il voudrait les gouvernements davantage à la botte de Paris que de Berlin.

Symptôme d’une plus grande nervosité à l’approche d’une rentrée qui pourrait être chaude socialement, et en fonction de laquelle il fait dans la démagogie anti-Europe de l’Est sur les travailleurs détachés alors qu’il souhaite exploser le Code du Travail ou simple expression d’une arrogance impérialiste pleinement assumée par celui qui se veut jupitérien ? Macron combine les deux pour mieux cacher les failles de son bonapartisme faible.

Une chose est sûre, pour le monde du travail et la jeunesse dans l’Hexagone : nous n’avons pas à nous tromper d’adversaire. Le gouvernement polonais est un épouvantail réactionnaire sur lequel Macron tape à bon compte. Notre ennemi, c’est bien ce gouvernement au service du Medef, pas les travailleurs détachés des autres pays européens. La meilleure façon de le lui dire, ce sera en se mobilisant massivement, le 12 septembre.


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François Martin

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