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Offensive sécuritaire

Castex à Toulouse. Des « contrats de sécurité intégrée » pour mieux réprimer dans les quartiers

En déplacement à Toulouse, le premier ministre poursuit sa ‘tournée sécurité’, avec cette fois la signature du premier « contrat de sécurité intégrée », dispositif visant un maillage répressif dans de nombreuses grandes villes.

Antoine Bordas

9 octobre 2020

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Jean Castex dans le quartier des Yzards, à Toulouse. Crédit photo : Michel Viala/PhotoPQR

Depuis plusieurs semaines, Jean Castex, premier ministre, effectue des déplacements sur le thème de la sécurité, accompagnait par différents ministres. Après Nice et Dijon, il s’est rendu ce vendredi à Toulouse, en grande pompe pour annoncer le nouveau dispositif du gouvernement « contrat de sécurité intégré »

Localement, ce sont 111 policiers supplémentaires que l’État s’est engagé à déployer sur Toulouse, avec également « des moyens pour la justice ». Ces contrats sont présentés comme un engagement entre les mairies et le gouvernement, chacun s’engageant à embaucher des policiers municipaux ou nationaux, du donnant-donnant pour la répression. Le maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc a donc de son côté annoncé le recrutement d’une centaine de policiers municipaux d’ici 2025 ainsi que l’accélération des installations de caméras de surveillances. En novembre, une proposition de loi à l’Assemblée proposera par ailleurs d’étendre ces dispositifs aux métropoles.

C’est toujours avec la logique de« reconquête républicaine », que le gouvernement stigmatise les quartiers les plus populaires, en pointant des violences et en affirmant que «  chacun dans tous les quartiers a le droit de mener une vie normale ». Un propos plein d’hypocrisie, quand le dispositif vise à réprimer toujours plus, tandis que l’ensemble de ces populations ne vivent effectivement pas une vie « normale », marqué par une précarité structurelle, et dernièrement une surmortalité face au Covid par rapport à la moyenne de la population. Ces mêmes quartiers que « la république » de Macron et les siens veut reconquérir, sont aussi ceux qui ont fait tourner le pays durant le premier confinement et qui paye aujourd’hui la crise.

De la répression dans les quartiers à celles de l’ensemble de la population

C’est une logique qui se renforce de plus en plus, l’offensive sécuritaire du gouvernement s’appuie aujourd’hui sur un « guerre contre la drogue et ses trafics » pour renforcer l’appareil policier. Mais ce discours sécuritaire est combiné avec un autre volet, comprenant des investissements plus directement liés aux mobilisations sociales, avec par exemple les 65 millions investis dans l’achat de nouveaux blindés, accompagnés de nouvelles grenades (classées arme de guerre A2), de LBD...

Les « contrats de sécurité intégrée » viennent donc compléter le « nouveau schéma de maintien de l’ordre » décrit par Darmanin. Un appareil répressif d’État qui se renforce en vu des périodes à venir, conscient des soulèvements qui surviendront, en réaction à leur politique anti-sociale.

Virage sécuritaire et réactionnaire : 2022 en vu

La ligne politique de la fin du quinquennat est maintenant de plus en plus claire : sécuritaire et réactionnaire, ou pour reprendre les citations d’un cadre de la majorité à Le Monde : «  la sécurité et l’autorité seront des outils de reconquête du pouvoir en 2022  ». Le choix de Toulouse comme première ville pour le dispositif n’est pas anodin, c’est un pas clair vers une mairie LR déjà acquise à LREM qui est fait, suite aux demandes de « renforts » et aux critiques adressés régulièrement au gouvernement.

Ce sont d’importants pas à droite qu’effectue donc le gouvernement, le projet de loi islamophobe en cours en est d’ailleurs un des meilleurs exemples. C’est tout un électorat historiquement acquis à LR et/ou au RN que Macron a ainsi en vu et il tape visiblement juste, obligeant Marine Le Pen à radicaliser encore son discours, parlant de son côté « d’intuition » de la part de Macron, s’enfonçant dans un racisme et une xénophobie toujours plus décomplexé.


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