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Patrons-Voyous

Carrefour. Nouvelle suppressions d’emplois pour maintenir des bénéfices records

Alors que le groupe voit ses chiffres d’affaires considérablement augmenter, celui-ci perpétue depuis deux ans sa politique de suppression d’emplois et de mépris envers ses employés. Alors que cette année encore son chiffre d'affaire a progressé de 7,8% le géant de la distribution prépare des réductions d'effectifs.

Coline Isabel

20 février 2021

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Crédits : AFP/Loïc VENANCE

Le PDG de Carrefour a annoncé ce jeudi 18 février une "performance commerciale record en 2020”, la meilleure depuis 20 ans. On découvre, en effet, des chiffres historiques : une hausse de 7,8 % du chiffre d’affaire, de 78,6 milliards d’euros, et de 3,6 % en France. Pour Carrefour la crise sanitaire et la fermeture des restaurants a entraîne de forts bénéfices, en effet absolument tous les modèles de vente ont progressé : que ce soit les hypermarchés (+1%), les supermarchés (+6,8%) ou les magasins de proximité (+8,3%). Cela s’explique par le fait que Carrefour fait partie, depuis maintenant plus d’un an et comme ses concurrents, des commerces appelés “essentiels” en temps de pandémie. Ils ont donc été les seuls ouverts pendant une longue période de l’année 2020 et vers qui les consommateurs se tournaient. Les mesures prises pendant le deuxième confinement pour éviter la concurrence aux petits commerces, notamment en fermant certains des rayons, n’ont absolument rien changé. 

Des chiffres attendus par certains syndicats car les négociations salariales annuelles arrivent au même moment que l’annonce de ces chiffres. Mais cette augmentation des profits du groupe Carrefour ne change rien à sa politique concernant les emplois. Celui-ci a annoncé de nouvelles réductions d’effectifs : « En fin d’année [2020], on nous a annoncé trois vagues de départs de 2021 jusqu’à début 2022, sans nous donner de volumétrie ni de plafond” explique Sylvain Macé, au Monde. Ces postes concernent les sièges et se base sur “le volontariat”. Une formule qui peut surprendre dans un contexte de chômage important. Ces annonces illustrent bien les plans de licenciements réguliers depuis bientôt deux ans. En 2019, par exemple, le groupe signait avec FO et la CFE-CGC un accord de rupture conventionnelle collective visant à supprimer 3000 emplois, ces annonces suivaient les coupes de 2018, soit 2400 emplois dans les sièges et 2000 dans les magasins DIA, comme le rapportait alors les Echos

Autre fait des plus importants : concernant les hypermarchés, la direction a proposé une revalorisation des salaires de 0,3%, pour finalement la changer à 0,5 %, associé à une prime de 117 euros conditionnée, bien évidemment, à la présence sur le lieu de travail. Autrement dit, la direction vient de proposer une revalorisation des salaires de 6,15€ pour un Smic mensuel net, comble du mépris. Pas besoin d’étayer pour comprendre la colère des syndicats et des employés de Carrefour. La CGT a pour cela prévu une journée de manifestation le 5 mars.

Les employés des commerces essentiels tels que Carrefour, qu’ils aient été en caisse ou dans les rayons, ont été, et sont toujours, en première ligne de la pandémie. Ils ont notamment été contraint de faire des sacrifices en temps de crise sanitaire notamment sur leurs horaires. Des conditions de travail qui traduisent le manque d’intérêt des directions. Le PDG de Carrefour et comme la plupart des grands patrons préfèrent penser “profits” avant “social” ou même “humain”. Une politique que le groupe renouvelle à travers des coups de com comme la face cachée de l’annonce d’embauche de 15 000 jeunes en décembre qui, en réalité, dissimulait l’arrêt de tout renouvellement de la quasi-totalité des CDD et une baisse drastique des recrutements en CDI, comme nous l’expliquions sur Révolution Permanente. Carrefour se posait alors en tant que sauveur de la jeunesse, très souffrante ces derniers mois, tout en lui proposant des emplois précaires, mal payés et extrêmement fatigants. Finalement, rien de très prometteur pour résoudre la précarité étudiante et le chômage grandissant en France. 

Mais Carrefour ne s’arrête pas là : ce jeudi le groupe a aussi annoncé “ 2,4 milliards d’euros d’économies de coûts additionnels d’ici à 2023 en complément des 3 milliards d’euros déjà réalisés depuis le lancement du plan stratégique.” Ce qui annonce sûrement des licenciements et des délocalisations massives. Des mesures en hausse depuis l’arrivée de M.Bompard au conseil d’administration, en 2017 et qui a lancé ce fameux “plan stratégique” en 2018 pour réaliser des économies : c’est-à-dire, plan de “sauvegarde” de l’emploi, rupture conventionnelle collective, mises en location-gérance d’hypermarchés en difficulté, départs volontaires… D’après Sylvain Macé : « on a atteint près de 10 000 départs » depuis son arrivée.

Dans un contexte de crise sanitaire, économique et sociale, le patronat en profite pour réaliser des chiffres d’affaires historiques tout en oubliant ses employés. Il apparaît donc important de continuer à dénoncer ces pratiques et exiger l’interdiction des licenciements qu’ils soient sur la base du “volontariat” ou non. Ce n’est toujours pas aux travailleurs de payer la crise !


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