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121 ans après sa naissance

Breton, la poétique de l’impardonnable

A 121 ans de la naissance de celui qui a exploré et transgressé les limites de la psyché, de l’art et de la vie, nous retraçons ici son parcours. Elizabeth Hayas « Si je veux que le monde change, si même j'entends consacrer à son changement tel qu'il est conçu socialement une partie de ma vie, ce n'est pas dans le vain espoir de revenir à l'époque de ces contes mais bien dans celui d'aider à atteindre l'époque où ils ne seront plus seulement des contes. » André Breton

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Connu comme l’un des fondateurs du surréalisme, Breton est né à Tinchebray, en France, le 19 février 1896.

Durant ses études au collège Chaptal, il commence à s’intéresser à la littérature, bien qu’il opte finalement pour la médecine. Durant la Première Guerre Mondiale, il travaille dans divers hôpitaux psychiatriques et se convertit avec enthousiasme aux théories de Sigmund Freud. Au milieu des horreurs de la guerre, il lit et se captive de Jacques Vaché, qui restera l’une de ses références pour le restant de sa vie.

« Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut dire. »

A 20 ans, il se lie au groupe dadaïste et participe activement à leurs démonstrations. Cinq ans après, il publieLes champs magnétiques qui explorent les possibilités d’hypnose et de l’écriture automatique. En 1922, il rompt avec Tristan Tzara, le fondateur du dadaïsme, qu’il considère conservateur et il met sur pied l’esthétique du surréalisme où il consacre l’automatisme psychique comme une forme d’expression artistique, dans le but de produire une « pensée et une connaissance libres ».

Au printemps 1924, Breton publie le recueil de poèmes Les pas perdus, dans lequel apparaissent ses œuvres écrites entre 1918 et 1923. Celles-ci posent les bases de ce qui amènera le poète à définir et affirmer le surréalisme. La même année, il publie le Manifeste Surréaliste.

De plus, Breton a toujours été très intéressé par la peinture et, en 1928, il écritLe Surréalisme et la peinture, qui sera réédité et enrichie par des peintres en 1965.

A 31 ans, il rentre au Parti Communiste Français (PCF) et réédite le Manifeste en lui donnant un caractère politique : Le surréalisme au service de la Révolution.
En 1932, il écrit Les vases communicants et le livre de poésie L’immaculée Conceptionavec Paul Eluard. Trois ans après, il assiste à l’Exposition Surréaliste et, de cette expérience, il écriraLe château étoilé.

« Il est interdit d’interdire »

A la recherche d’une poésie antirationaliste, amorale, libre, qui ne serve pas qu’à enjoliver la réalité, mais aussi contre toute forme d’imposition ou de propagande stalinienne (à l’image du Réalisme Socialiste), Breton rompt en 1935 avec le PCF.

Pour André, l’amour est un élément essentiel du surréalisme et de la vie même. C’est ainsi qu’il écrit« L’air de l’eau » et, après avoir été séparée des années durant de sa première épouse, il se marie avec celle qui lui a inspiré « L’amour fou », Jacqueline Lamba, avec qui il a une fille. Dans ce livre, il annonce, contre la morale religieuse : « Il n’y a jamais eu de fruit défendu. Seule la tentation est divine ».

« L’indépendance de l’art - pour la révolution ; La révolution – pour la libération définitive l’art. »

Dans les années 1930, il fait différents voyages dans le monde, comprenant la nécessité d’étendre son mouvement à l’international, et c’est dans un de ses voyages qu’il va faire la rencontre de Trotsky et de Rivera, et ce sont des discussions avec eux que va naitre le Manifeste pour un Art Révolutionnaire Indépendant.

En 1941, privé de toute possibilité d’expression à cause de la persécution stalinienne, le poète reçoit un visa pour aller aux Etats-Unis, il s’y rend avec sa femme et sa fille. En 1943, il fait la rencontre de sa troisième et dernière épouse, Elisa Claro, qui sera l’inspiratrice principale du livre Arcane 17. Durant ses années de travail comme animateur radio, il lance la revue VVV, et écrit entre autres « Tristes tropiques » et « Martinique charmeuse de serpents ».

En 1946, il rentre en France et fonde de nouvelles revues surréalistes. Il publie de temps en temps des bulletins qui montrent son opposition à la politique dominante. Les textes que Breton écrit durant ces périodes figurent dans deux recueils : La clé des champs etPerspective cavalière.

André Breton décède dans la matinée du 28 septembre 1966, dans un hôpital de Paris, des suites de son asthme et d’une crise cardiaque.

« Mais la lumière revient
Le plaisir de fumer
L’araignée-fée de la cendre à points bleus et rouges
N’est jamais contente de ses maisons de
Mozart
La blessure guérit tout s’ingénie à se faire reconnaître je parle et sous ton visage tourne le cône d’ombre qui du fond des mers a appelé les perles
Les paupières les lèvres hument le jour
L’arène se vide
Un des oiseaux en s’envolant
N’a eu garde d’oublier la paille et le fil
A peine si un essaim a trouvé bon de patiner
La flèche part
Une étoile rien qu’une étoile perdue dans la fourrure de la nuit »

Du Rêve, André Breton, New York, 1943

Traduction et ajouts d’extraits d’André Breton par R.M. pour E.


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