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Grève nationale le 15 mai

Brésil. Contre les coupes budgétaires de Bolsonaro, une mobilisation en défense de l’éducation

Après l'annonce d'une réduction de 30 % du budget de l'éducation et la suppression des bourses d'études supérieures, les étudiants et les enseignants sont descendus dans la rue et préparent à une grève nationale le 15 mai.

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Les manifestations, assemblées et actions dans les universités, les instituts de formation des enseignants et les lycées se sont multipliées dans tout le Brésil au cours des deux derniers jours après l’annonce du gouvernement de réduire de 30% le budget de l’éducation et de supprimer une partie des bourses de doctorat et de maîtrise.

Le premier objectif de Bolsonaro est d’extorquer de l’argent à la société par des coupes budgétaires massives, non seulement dans l’éducation, mais aussi dans la santé et l’environnement, sous prétexte que si la réforme des retraites venait à ne pas être approuvée, les caisses seraient vides pour les autres domaines. Son second objectif est de s’attaquer à un secteur comme celui de l’éducation, qui a été particulièrement actif dans la lutte contre les attaques du gouvernement de Michel Temer. Il s’agit d’essayer d’isoler ce secteur et de faire en sorte qu’il ne puisse être en mesure de jouer un rôle d’avant-garde dans la lutte contre les coupes budgétairs et les réformes, notamment celle des retraites.

Cependant, malgré le rôle des directions syndicales qui n’affrontent pas de manière conséquente la réforme des retraites, appelant seulement à une action le 14 juin, et qui sans faire miser sur la convegeence des luttes avec celle des enseignants, le conflit dans l’éducation menace de devenir une lutte exemplaire dans l’avancée de la résistance face au gouvernement Bolssonaro, ce dernier n’ayant connu pour le moment une "lune de miel" prolongée par l’opposition et les principaux syndicats, et ce malgré l’impopularité qui s’accentue jour après jour.

Depuis que les élèves du traditionnel Colegio Pedro II se sont mobilisés lundi dernier dans les rues de Rio de Janeiro pour répudier Bolsonaro en personne, des milliers d’élèves à travers le pays ont suivi leur exemple. Les mobilisations et les assemblées ont été particulièrement importantes dans les grandes villes du centre et du sud du pays, où Bolsonaro avait majoritairement remporté les élections de 2018. Jeudi, près de 10 000 personnes ont manifesté à Niteroi, Rio de Janeiro, dans une immense action en défense de l’Université fédérale de Fluminense (UFF).

Nombre d’étudiants présents ont appelé à s’organiser et à participer à la grève du 15 mai pour que cette journée devienne une journée de paralysie et de fortes mobilisations dans tout le pays. Les étudiants présents de l’Université d’Etat de Rio de Janeiro (UERJ) ont souligné la nécessité de lutter à la fois contre les attaques de Bolsonaro et de ses ministres, contre les coupes dans l’enseignement public et contre la réforme des retraites. Les étudiants de l’UERJ ont convoqué une assemblée de des étudiants suivant une formation de travailleur social ce jeudi.

A São Paulo, 5 000 élèves et enseignants ont occupé l’Avenue Paulista. La mobilisation appelée au nom de la "Marche pour la science" a été soutenue par la Société brésilienne pour le progrès des sciences (SBPC) et l’Union nationale des étudiants de l’Union municipale des étudiants du secondaire (UMES). La mobilisation a été appelée contre la réduction de 30% du budget de l’éducation et l’élimination des bourses de doctorat, se mobilsant à l’inititative des étudiants de l’Université de São Paulo tout le mercredi après-midi sur l’avenue principale de la ville.

A Paraíba, plusieurs centaines d’étudiants ont tenu une assemblée à l’Université fédérale pour organiser leur participation à la grève du 15 mai. Environ 6 000 jeunes des instituts de formation des enseignants et de l’Université fédérale du Rio Grande do Norte ont marché à travers la ville et coupé l’emblématique route BR 101 (qui traverse tout le pays), démontrant leur force et paralysant une partie de l’activité de la ville.

Des assemblées et des mobilisations se sont aussi tenues à Passos (Minas Gerais) lorsque, mercredi après-midi, il y a eu une action de défense des universités et des instituts fédéraux organisée par les étudiants du Campus Passos et de l’Université d’Etat du Minas Gerais.

Des milliers d’étudiants des universités fédérales se sont mobilisés à Bahia après l’annonce faite par le ministre de l’éducation de Bolsonaro, qui avait initialement déclaré qu’il réduirait le budget des universités liées à des mouvements sociaux ou qui soutenaient des événements de débat politique ou social. Les élèves ont défilé derrière un drapeau portant l’inscription : "Bolsonaro est l’ennemi de l’éducation".

A Curitiba, lieu de naissance de l’opération Lava Jato et de l’actuel ministre de la Justice Sergio Moro, plus de 5 000 étudiants ont manifesté dans les rues sous le slogan "Je suis dans la lutte pour l’éducation". Le rassemblement a débuté mercredi à 18 heures sur la Plaza Santos Andrade, devant le bâtiment historique de l’Université fédérale du Paraná (UFPR).

De nouvelles assemblées et mobilisations sont prévues ce jeudi dans différentes universités et instituts à travers le pays. La force avec laquelle les étudiants et les enseignants commencent à descendre dans la rue et la préparation de la grève nationale du 15 mai montrent que les étudiants, les enseignants et les travailleurs non enseignants peuvent être le premier secteur à se lancer massivement dans la lutte contre le gouvernement Bolsonaro.

Le succès de la quinzième journée se révèlera fondamental pour jauger l’état d’esprit des travailleurs et des étudiants, face à la passivité dans laquelle se trouvent plongées les directions majoritaires du mouvement ouvrier, y compris celles liées au PT, comme la CUT, qui pour l’instant ne demande qu’une action pour le 14 juin, séparant la lutte contre les coupes budgétaires de celle contre la réforme des retraites.


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