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Salaires

Bordeaux. Retrait des primes, intimidations : La Poste prête à tout pour casser la grève

Au HLU (Hôtel Logistique Urbain) de Bordeaux, les postier·e·s poursuivent les débrayages quotidiennement pour exiger de meilleures rémunérations dans ce contexte inflationnaire. La direction, elle, tente par tous les moyens de casser la grève.

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Depuis près de 3 semaines maintenant, les postièr·e·s du centre de tri de colis du HLU sont en grève pour la première fois et continuent les débrayages quotidiennement après avoir effectué trois jours complets d’arrêt du tri et de la distribution des colis au début du conflit. Ils revendiquent une prime dite de « polyvalence » de 7 euros par jour, soit une augmentation de près de 150 euros par mois dans le cadre d’un accord local. Autrement dit, une prime durablement inscrite dans les contrats de travail et sur laquelle on applique les cotisations classiques.

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Comme nous l’explique Bernard, travailleur au HLU et délégué syndical CGT, cette mobilisation est profondément ancrée dans le contexte économique marqué par l’inflation : « Le déclencheur de tout ça, c’est qu’avec l’inflation galopante, on n’arrive pas à vivre de notre travail ». Théo*, qui fait grève pour la première fois, en rajoute une couche à notre micro concernant les conséquences de l’inflation : « Le gasoil, les courses… tout augmentent. Avant j’arrivais à mettre un peu d’argent de côté. Là aujourd’hui, je n’y arrive plus, et je dois au contraire piocher dans l’argent que j’avais de côté. Le problème, c’est que le salaire ne suit pas ». Avec un salaire qui tourne entre 1350 euros et 1380 euros net par mois, Océane qui travaille à la poste depuis 3 ans nous témoigne « que cela devient très difficile avec tout qui augmente ».

Alors que les grévistes demandent l’augmentation de leur salaire qu’ils ne jugent pas être à sa juste valeur, la direction use de diverses méthodes pour ne pas répondre à leur revendication et mettre fin à un mouvement qui arrive à la veille de la période chaude de Noël.

Alors que la direction locale et nationale se renvoient la balle, prétextant chacune que l’octroi de la prime ne serait pas de leur ressort, la direction n’a pas hésité dès le début à mettre la pression aux grévistes en s’attaquant directement aux revenus. Pour cela, la direction a décidé de supprimer la prime « d’assiduité » (de 125 euros par semaine, puis 200 euros par semaine en décembre) pour les travailleurs qui débrayeraient « ne serait-ce qu’une minute », mais elle a également décrété que les deux heures de débrayage seraient comptées comme une demi-journée en moins dans la prochaine fiche de paie.

La répression ne s’est cependant pas arrêtée aux primes. En effet, selon le témoignage des grévistes, dès le début de la mobilisation, un « exemple » aurait été envoyé avec le renvoi de deux intérimaires ayant soutenu les débrayages. La direction prétexte d’autres raisons, mais il semblerait pour tout le monde que c’est une sanction liée à leur prise de position alors même que leur contrat devait être renouvelé.

Par ailleurs, profitant de la hausse d’activité de cette période de fin d’année, la direction n’hésite pas à embaucher plus d’intérimaires selon les grévistes, ce qui semble également être un moyen de pouvoir les remplacer avec des postes précaires. De manière plus explicite, La Poste mobilise une « équipe spéciale », la « task force », qui sont des postiers basés en Dordogne déplacés à travers toute la région au gré des besoins, et surtout au gré des grèves : une méthode qui vise à casser totalement la grève et ses répercussions sur l’acheminement des colis.

Dans la suite de ces coups contre la mobilisation, la direction du HLU pratique actuellement la politique du « colis mort » qui consiste à dire aux usagers que les colis ne seront pas livrés « à cause des postiers en grève » mais qu’ils peuvent venir les chercher sur le site. S’ajoutent à cela les plus « classiques » tentatives de réorganiser, pour répartir sur d’autres sites le tri et la distribution qui prennent du retard.

Cet ensemble de pratiques témoignent de la détermination de la direction à taper partout où elle le peut contre les postiers mobilisés, mais surtout de ne pas répondre à leur revendication.

« La direction fait la politique du : « on les affame, on les affame, on les affame, comme ça ils n’auront pas le choix, ils ne seront pas capables de faire des journées de grève ». Dans le même sens, la seule chose qu’ils nous répondent c’est des menaces : « Si vous faites grèves, vous n’aurez pas cette prime, vous n’aurez pas ceci ou cela. » Nous, nous ne voulons pas céder à ces menaces » conclut Bernard, pour qui la grève n’est pas près de s’arrêter.

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