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Bordeaux. La préfecture interdit deux rassemblements contre les violences policières après le succès des premiers

La préfecture de Gironde a annoncé lundi soir l'interdiction par arrêtés préfectoraux de deux rassemblements : un premier ce mardi 9 juin, à l'appel de SOS Racisme en hommage à George Floyd. Le second, un événement "Black Lives Matter Bordeaux" appelé devant l'Hôtel de ville mercredi 10 juin. Ces interdictions se multipliant en France prennent un caractère particulièrement antidémocratique, visant à contenir la dénonciation des violences policières.

Jade Ruiz


et Léon Sidhoum

10 juin 2020

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Credit : Marcel Ali
 

Une mobilisation contre les violences policières dynamique à Bordeaux

 
A Bordeaux, après l’hommage à George Floyd rendu lundi dernier sur le Parvis des droits de l’Homme, réunissant près de 500 personnes à l’appel de l’association anti-raciste Mémoires et Partages, de nombreuses organisations de gauche et antiracistes avaient répondu à l’appel du NPA Jeunes de Bordeaux d’organiser une assemblée générale ayant pour but de donner une continuité à la mobilisation sur des bases d’auto-organisation. Cette première assemblée générale avait réuni plus d’une centaine de jeunes, voyant la nécessité de construire une mobilisation contre les violences policières en France, malgré l’hypocrisie de la classe politico-médiatique qui condamne le racisme outre-atlantique d’une part, et interdit le rassemblement à l’appel du Comité Adama de l’autre.
 
De cette première assemblée générale est ensuite ressorti un appel à une marche samedi 6 juin au départ de la Place de la Bourse, lieu de rendez-vous des Gilets Jaunes, pour aller vers le consulat des États-Unis, Quais des Chartrons, en solidarité avec la révolte qui a déjà fait trembler les États-Unis, un des principaux centres du capitalisme mondial. Samedi, plus de 2500 personnes étaient présentes à l’appel de l’assemblée générale, relayé par une dizaine d’organisations politiques syndicales et associatives.. A l’arrivée devant le consulat, les prises de paroles, nombreuses, dénonçaient les violences policières également en France, ainsi que la nécessité d’un combat d’ensemble contre cette institution qui défend les intérêts économiques d’une minorité. La manifestation énergique a ensuite rejoindre le rassemblement du Collectif contre les abus policiers 33, Place de la Comédie, avant de poursuivre rue Sainte-Catherine, artère commerçante principale de la ville de Bordeaux, pour se terminer à quelques centaines devant l’Hôtel de police.
 

Face à la mobilisation, la Préfecture tente d’interdire les rassemblements

 
Suite à ces mobilisations, lundi soir, la Préfecture de Gironde a annoncé l’interdiction du rassemblement en hommage à George Floyd, organisé par SOS Racisme ce mardi 9 juin à 18h, alors que ses obsèques se déroulent aux États-Unis. Un rassemblement mercredi 10 juin devant l’Hôtel de ville, à l’appel de « Black Lives Matter Bordeaux » impulsé par un groupe de collégiens sensibles à la dénonciation du « racisme structurel de l’Etat », a également été interdit pour « raisons sanitaires ». Une volonté de contenir la mobilisation, qui a d’ores et déjà rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à l’échelle nationale. Alors que nous sommes confrontés au virus tous les jours, entassés dans les transports et au travail, nous ne pourrions en revanche exprimer notre colère ?
 
Fabienne Buccio, nouvelle préfète de Gironde, et ex-préfète de la Préfecture du Pas-de-Calais entre février 2015 et février 2017, a une longue expérience de maintien de l’ordre policier et raciste. Deux années durant lesquelles elle a appliqué une politique répressive contre les migrants, avant d’être envoyée en Gironde démanteler les squats, abandonnant des milliers de personnes à des conditions d’habitation et de vie insalubres.
 
L’interdiction de ces rassemblements constitue une tentative de museler la contestation, alors que ceux-ci ont pu se tenir dans la plupart des villes de France. Un excès de zèle de la part de la préfète alors que Christophe Castaner, sous pression de la rue, avait affirmé mardi matin chez RMC que les rassemblements ne seraient pas sanctionnés : « je crois que l’émotion mondiale, qui est une émotion saine, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent ».
 
Face aux tentatives de faire taire la colère, par la répression ou les pseudos-concessions, nous devons chercher à développer l’auto-organisation de la mobilisation antiraciste, aux côtés de l’ensemble des organisations des travailleurs, de jeunesses, mais aussi féministes et LGBTQI. A Bordeaux, Nous appelons à se rassembler massivement lors des prochaines échéances, et à construire l’assemblée générale du jeudi 11 juin à 17h, Place "Sainte-Croix".


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