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Loi ASAP

Bordeaux. Enième expulsion d’un squat sur fond d’offensive sécuritaire du gouvernement

Réveillés et expulsés par les forces de police, les résidents du squat rue Gravelotte à Bordeaux ont dû quitter les lieux tôt ce mercredi matin. Une expulsion parmi tant d’autres, en pleine crise sanitaire et économique, en même temps que la loi ASAP et ses amendements anti-squats sont votés au parlement.

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Préfecture professionnelle des expulsions : Fabienne Buccio fait encore des siennes

Alors que la crise sanitaire et économique bat son plein en France et que Bordeaux est en Zone Rouge, la préoccupation de la seconde vague et d’un potentiel reconfinement n’empêche pas la préfète Fabienne Buccio de continuer les expulsions des lieux de vie, sans aucune once de compassion pour les occupants. En effet, dès ce vendredi matin, les forces du désordre ont débarqué en nombre au nouveau squat Rue Gravelotte pour procéder malgré le délai légal de 48h, à l’évacuation des familles qui y vivaient déjà. Ce lieu de vie ouvert depuis peu est l’ancien Ehpad Amaryllis. Un bâtiment vide depuis des années et qui vient tout juste d’être vendu au promoteur immobilier Pichet, facteur qui a sans doute accéléré la décision de faire évacuer les lieux. Ce sont donc plusieurs familles dont des enfants qui ont été mises à la rue ce jour.

Encore peu nombreux, d’autres occupants devaient intégrer ce lieu de vie alors que les squats de la région, tels que la Zone Libre à Cenon, qui avait fait il y a quelques mois elles aussi face à une menace d’expulsion accueillant près de 400 personnes sont de plus en plus surchargés. Ce qui accentue à la fois la précarité et les conditions de vies dégradées dans ces lieux mais aussi les risques sanitaires qu’encourent les occupants qui voient augmenter leur promiscuité. L’ancien Ehpad Amaryllis disposant de 27 chambres sur un total de 3 étages aurait dû accueillir à termes une vingtaine de familles sans que cela ne soit préjudiciable à personne, d’autant plus que l’ouverture des lieux avait été accueillie plutôt favorablement par les voisins, dont certains sont venus protester contre l’expulsion devant les lieux, le matin même.

Ici à Bordeaux où près de 23000 logements sont vides, nous affirmons qu’il est inadmissible qu’il y ait des sans-abris. Cette situation concerne près de 2000 personnes dans la métropole et ce nombre augmente de jour en jour.

Des problèmes de logement à Bordeaux mais aussi partout en France

Ces lieux de vie où les franges les plus précaires et défavorisées de la société se réfugient et s’organisent ensemble, sont nécessaires pour faire face à la fois au virus mais aussi à l’extrême précarité qui ne fait qu’augmenter.

Il est nécessaire de rappeler les chiffres de l’Insee qui montrent que sur les 36,6 millions d’habitations en France, 8,5% sont vides, soit près de 3,1 millions de logements pour lesquels la loi de Réquisition des logements vides n’est jamais appliquée alors que le nombre de sans abri en France s’élève à environ 250 000 personnes.

De plus, loin des campagnes médiatiques visant à montrer les “squatteurs” comme d’horribles parasites venant expulser les honnêtes gens de leurs domiciles personnels, la réalité s’avère tout à fait différente au regard des chiffres et des faits. Rappelons que les décisions d’expulsion lors d’occupation du domicile d’autrui ne représente seulement qu’1,5% des jugements d’expulsions. C’est en réalité l’occupation d’immeubles et locaux souvent abandonnés ou vacants, appartenant à de grands propriétaires publics (mairie/région) ou privés qui constitue l’essentiel des lieux de vie occupés en France. Des entrepôts abandonnés, d’anciens pavillons laissés à l’abandon, d’anciens Ehpad ou RPA,.. En bref, des lieux pour la plupart inutiles et insalubres qui ne servent à personne. Ces lieux visés par les "squatteurs" fournissent un abri à plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de sans abris, venant de tous secteurs sociaux, de tranches d’âges variées, dont, une grande proportion d’immigrés, régularisés pour certains, les démarches en cours pour les autres, ou encore sans papiers.

Ces milliers de sans-abris sont souvent soutenus par les milieux et les collectifs associatifs locaux qui tentent tant bien que mal de pallier la violation par l’État d’un des droits les plus élémentaires de l’homme : celui d’un logement décent pour toute personne en situation de détresse. Ce droit au logement, existant pourtant dans le cadre de la loi et présent dans le Code de l’action sociale et des familles dans lequel on ne doit distinguer ni selon la nationalité ni selon la situation administrative des intéressés et ou l’on dispose que «  Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence », vient tout de suite au second plan, face aux droits sacrés de la propriété privée dans le système capitaliste.

Dehors ! Aussi vite que possible !

C’est du moins ce que laissent entendre les députés de la majorité en promulguant l’article 30 ter de la loi Asap dont le nom ne laisse que peu de doutes sur les objectifs de simplification procédurale de cette loi. 

Plusieurs des amendements proposés par les députés de la majorité sont ouvertement “Anti Squats”, et visent à simplifier drastiquement l’expulsion des lieux de vies ; particulièrement cet article déposé par M.Kasbarian et visant à étendre la simplification des mesures d’expulsions en introduisant la notion de “résidence occasionnelle”. Une notion floue qui n’a pas de définition judiciaire claire et qui pourrait englober plusieurs types de bâtiments ; une porte ouverte à l’appréciation personnelle des Préfets et donc à des expulsions simplifiées en masses.

Cette loi intervient dans un contexte où la rhétorique de l’ensauvagement et du séparatisme est reprise en chœur de la droite à l’extrême droite et vise clairement une grande partie de notre classe.

La crise économique rampante que nous vivons depuis 2008 et qui est accélérée par celle du Covid poussent de plus larges franges des classes laborieuses dans la pauvreté. Beaucoup seront amenés dans les temps à venir à se paupériser fortement ce qui augmenterait de facto la crise du mal-logement et la nécessité de plus de lieux comme celui-ci :

En ce sens, nous exigeons :

  •  Le retrait immédiat des amendements Anti-Squats.
  •  La non-intervention des forces de répression dans ces lieux.
  •  La réquisition de tous les logements vides et le relogement immédiat de tous les résidents de L’ Amaryllis et des lieux de vies expulsés, et ce, accompagné d’un plan de travaux de construction de logements sociaux qui aurait le double avantage d’apporter une réponse de fond au problème du mal-logement et de créer des emplois.
  •  La régularisation immédiate de tous les sans-papier ou des personnes en cours de régularisation.

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