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Justice et vérité pour Ibrahima

Belgique. Mort d’Ibrahima entre les mains de la police : 112 interpellations après les révoltes

Samedi, on apprenait la mort d’Ibrahima, 23 ans, après son arrestation par la police bruxelloise. Une manifestation réclamant vérité et justice a été durement réprimée.

Sadek Basnacki

14 janvier 2021

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Crédit photo : DR

Mercredi après midi avait lieu une manifestation en hommage à Ibrahima, un jeune Guinéen de 23 ans, mort après son interpellation et son transfert dans un commissariat de police de Saint-Josse. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour réclamer vérité et la justice pour Ibrahima et sa famille.

L’avocat de la famille, Maître Alexis Deswaef, a pris la parole devant la foule : « Si Ibrahima n’avait pas été noir, il serait encore en vie. Ce qui lui est arrivé ne serait jamais arrivé à mes enfants, qui sont blancs. » Il a précisé ce que furent les dernières minutes du jeune homme : « Pendant de longues minutes on l’a laissé comme ça, sans connaissance, et il en est mort ». Ce à quoi la foule répondait : « Police, assassins ! »

Vers 16h30 le cortège s’est dispersé. Des dizaines de personne sont restés sur place et se sont dirigées vers la place Leidts. Ils se sont retrouvés confrontés à l’important dispositif policier qui avait été déployé aux alentours de la manifestation. Un départ d’incendie a été constaté au commissariat Koban Brabant de la place et les canons à eau ont été utilisés. La police a procédé à plus d’une centaine d’interpellation. 112 arrestations administratives, dont 30 mineurs. De plus, d’après les autorités belges, un manifestant a été pris en charge après un malaise place Leidts et quatre policiers auraient été blessés. Il est à noter que le convoi royal a été légèrement chahuté, passant en plein milieu de la zone d’affrontement. Ces éléments ont été particulièrement instrumentalisés pour tenter de justifier la brutale répression qui s’est abattue sur les manifestants.

Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a expliqué que « les émeutiers ne s’en tireront pas impunément », sans prononcer un seul mot pour Ibrahima ou sa famille, préférant criminaliser la jeunesse qui a laisser éclater sa colère légitime après la mort d’Ibrahima.

D’autant plus que ce n’est pas la première fois que la police est impliquée dans la mort d’un jeune racisé en Belgique. En avril dernier à Anderlecht, Adil, 19 ans, avait été tué dans une course poursuite avec la police, renversé par une camionnette de police alors qu’il était en scooter. En novembre dernier, la justice avait conclu au non lieu, provoquant déjà la colère de la jeunesse en plein confinement. En octobre dernier, aucun policier n’avait été inculpé après la mort de Medhi, un adolescent de 17 ans renversé par une voiture de police dans le centre de Bruxelles. En juillet, c’était Akra, un jeune de 29 ans d’origine algérienne, qui mourrait après son interpellation dans le quartier de la gare à Anvers.

Un racisme d’État et des violences policières structurelles qui avait déjà fait descendre plus de 10 000 personnes dans la capitale européenne en juin dernier lors de l’élan mondial de Black Lives Matter après l’assassinat de George Floyd.

Certaines sources policières ont laissé entendre qu’Ibrahima avait ingéré de la drogue, raison de son malaise cardiaque. L’avocat de la famille assure qu’il s’agit d’un mensonge visant à criminaliser la victime, une pratique quasi systématique lorsque la police est impliqué dans la mort d’une personne. Le parallèle avec l’affaire Adama Traoré est troublant. Cité par RTL, l’avocat de la famille explique : « On a dit à la famille que l’autopsie avait révélé une anomalie cardiaque et qu’il avait fait une crise cardiaque, mais on a aussi appris qu’il y aurait écrit dans le rapport d’autopsie que l’anomalie cardiaque ne peut pas expliquer à elle seule la cause de la mort ». En France, les gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré avaient aussi déclaré qu’il avait pris de la drogue et qu’il avait une anomalie cardiaque, pour justifier son décès.

Le commissaire général de la Police fédérale, Marc De Mesmaeker, a déclaré à La Premiere : « C’est dans l’intérêt de tout le monde que la justice soit faite vite et bien et que la vérité soit déclarée : c’est dans l’intérêt de la famille et des amis d’Ibrahima et c’est dans l’intérêt des autorités administratives et judiciaires de savoir si oui ou non madame X ou monsieur Y a encore sa place dans les rangs de la police ». Mais il ne faut pas s’y tromper : comme dans les affaires citées plus haut, la justice de classe fera tout pour protéger ses forces de répression.

Il faudra sans doute que la famille et les amis d’Ibrahima s’engagent dans un long et difficile combat pour faire éclater la vérité et que justice soit faite, et s’affronte à la répression du mouvement de soutien comme on a pu le voir ce mercredi soir, mettant en lumière des autorités qui veulent mater la contestation par la force. Réclamons Vérité et justice pour Ibrahima pour que la police, quelle soit française ou belge ne puissent plus assassiner en toute impunité.


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