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Arbitraire carcéral

Avant de mourir, on refuse à la mère d’un prisonnier politique basque le droit de revoir son fils

Cela faisait un certain temps déjà que l’état de santé de la mère d’Unai Bilbao se dégradait. Incarcéré dans le centre pénitencier d’Albolote, à près de 860 km en Andalousie, cela faisait de nombreuses années qu’Unai ne pouvait voir sa mère, incapable de faire le long voyage en raison de sa maladie dégénérative. Jusqu’à la veille de son décès, samedi 5 décembre au matin, les autorités carcérales ont fait traîner en longueur les procédures exceptionnelles de déplacement sous escorte, empêchant ce combattant de la cause abertzale et sa mère de se revoir une dernière fois.

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La dernière demande avait été déposée il y a deux mois maintenant. La semaine dernière, les autorités ont enregistré la procédure, mais l’état de santé de la mère d’Unai a connu une aggravation soudaine. Les appels pressants des proches d’Unai à la prison d’Albolote, ainsi que les avis circonstanciés des médecins, n’ont servi à rien. Les autorités avaient annoncé que la demande ne serait prise en considération qu’à partir du mardi 8 décembre, piétinant ainsi les derniers avis rendus par l’Audience nationale, la plus haute autorité en matière de justice de l’État espagnol.

Dans l’un de ses derniers arrêtés, en effet, l’Audience nationale reconnaît que lors d’une incapacité de « déplacement sur le lieu de détention d’un membre de la famille, que ce soit pour des raisons d’âge, d’état de santé, ou de difficultés économiques, [le détenu] peut solliciter des permis extraordinaires ». Il s’agit, bien entendu, de déplacements temporaires sous escorte policière. Mais Unai n’a même pas pu en bénéficier.

Cette situation rappelle que Madrid, autant que Paris, continue à déroger aux recommandations de la Cour européenne de justice, qui exige que les détenus soient incarcérés à proximité de leur domicile. Au contraire, l’État espagnol et l’État français continuent à pratiquer à l’encontre des prisonniers politiques basques (mais également turcs, kurdes, corses ou bretons) une politique de dispersion des détenus dans de multiples maisons centrales et d’éloignement systématique.

Dans le cas d’Unai et de ses proches, à qui nous transmettons toutes nos condoléances, il faut aujourd’hui rajouter à ces manquements la tristesse d’un deuil qui sera encore plus douloureux à faire. Mais sans doute aurons-nous droit, jeudi 10 décembre, à des spots officiels des gouvernements espagnol et français à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme. En ces temps de restriction systématique des libertés, le cynisme de ces messieurs, en effet, n’a pas de limite.


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