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Israël en campagne de séduction culturelle

Au Trocadéro : rassemblement contre la présence des Ballets israéliens Batsheva à Paris

Tandis que l’entreprise d’extermination des Palestiniens par Israël devient exponentielle, soulevant une réprobation de plus en plus grande dans le monde entier et un boycott par de nombreux artistes, le gouvernement de Netanyahou tente de redorer son image en menant une entreprise de séduction culturelle tous azimuts. Mercredi soir, au Palais de Chaillot à Paris, ce sont les Ballets Batsheva qui ont été missionnés comme ambassadeurs. Un rassemblement de protestation appelé par plusieurs organisations pro-palestiniennes les a accueillis aux cris de « On ne danse pas sur les tombes des enfants de Gaza ».

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Une parade de charme contre l’indignation qui monte

Depuis quelques mois, Israël soutenu par Trump ne se contente plus d’être un État colonial. Désormais, cet État qui réserve aux « juifs » la citoyenneté israélienne, a franchi le seuil décisif d’une politique de conquête territoriale pour passer à une véritable entreprise de nettoyage ethnique qui suscite une indignation croissante.

Conscient de l’image d’exterminateur qu’il est en train de se créer, l’État israélien multiplie les entreprises culturelles pour permettre à l’ange de masquer le démon. Peut-on être inhumain quand on excelle dans la musique, le chant ou la danse ?

Dans le cadre de la saison France-Israël, les Ballets Batsheva ont donc été invités par le directeur du Théâtre National de la Danse du Palais de Chaillot, partie intégrante de l’État français. Même si l’œuvre au programme, Venezuela, spectacle de grande qualité créé par Ohad Naharin en 2017, se présente comme multiculturel et mêle chants grégoriens, rap ou rock, la signification de cette représentation à Paris, avec l’accord de Macron, revêt une évidente implication politique pour un Netanhyaou qui déclare qu’il s’agit là de « Notre meilleur ambassadeur à l’étranger ».

Un rassemblement en protestation contre la provocation de Netanyahou

Comment dès lors ne pas considérer comme une provocation une propagande artistique qui exalte la gestuelle et l’art corporel alors que des snipers ont tiré dans les genoux de footballers gazaouis, qu’on ne compte plus les adultes et les enfants amputés dans les rues, que les artistes palestiniens sont réduits au silence et interdits de circulation, que le centre culturel de Ghaza a été bombardé cet été ? Comment, face à un tel cynisme, ne pas protester contre l’invitation des Ballets Batsheva à se produire au Palais de Chaillot ? C’est en tout cas ce qu’ont considéré des organisations comme BDS, Droits devant, le Collectif ni guerre, ni état de guerre ou Solidaires étudiants Paris 3, et plusieurs autres, à l’initiative desquels s’est tenu le rassemblement mercredi soir 10 octobre.

On pourrait leur objecter que les artistes israéliens ne sont pas l’armée israélienne et que protester contre un spectacle de danse, dont le contenu n’est pas condamnable en soi, relève du sectarisme, voire de l’antisémitisme. Il existe bien sûr des artistes dans l’opposition israélienne au gouvernement de Netanyahou et leur expression n’est évidemment pas condamnable, elle est même à promouvoir, surtout quand on connaît les risques que cela représente. Mais, les organisateurs de la manifestation rappellent que la troupe Batsheva, « soutenue financièrement par le gouvernement israélien et sponsorisée par les entreprises d’armement israéliennes Eastronics et IDB International », après avoir timidement tenté de critiquer les exactions de l’État israélien, est rentrée dans le rang et a accepté de porter le rôle d’ambassadeur culturel d’Israël que lui confère Netanyhaou, notamment lors de son passage à Paris.

C’est donc convaincu de sa légitimité et fort de sa colère qu’un rassemblement s’est tenu mercredi 10 octobre sur la place du Trocadéro. Bien qu’autorisée par la préfecture, la manifestation, pourtant numériquement limitée, a été placée sous surveillance d’une vingtaine de cars de CRS venus assurer la protection des Ballets Batsheva qui ne se déplacent désormais plus sans protection policière, comme ça s’est fait récemment en Italie ou en Australie.

Les manifestants ne se sont cependant pas privés d’exprimer haut et fort leur indignation. Le représentant de l’association Droits Devant, adossé au parvis du Palais de Chaillot célébrant la déclaration universelle des droits de l’homme, a déclaré : « Cette troupe n’a pas droit de cité dans ce bâtiment où s’est faite la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans ce pays de la Commune et de Mai 68 ». Et les manifestants de scander avec vigueur : « Ils tirent et puis ils dansent, ils amputent et ils dansent, ils torturent et ils dansent, ils détruisent et ils dansent ».

Nombreux sont les passants ou spectateurs français et étrangers qui se sont arrêtés pour discuter et comprendre.

Un boycott culturel et scientifique qui prend de l’ampleur

Le boycott pourrait paraître un acte dérisoire au regard de l’impunité dont jouit l’État israélien malgré les protestations que « la communauté internationale » émet du bout des lèvres, quand elle ne le soutient pas carrément. Pourtant, le boycott des produits d’origine israélienne a déjà causé des dégâts économiques significatifs, notamment dans le secteur de l’industrie pharmaceutique. Mais bien plus menaçant pour le gouvernement israélien et le projet géopolitique qu’il mène avec l’appui des États-Unis est le boycott culturel et scientifique qui a des conséquences d’image non négligeables.

Or, des scientifiques et des artistes célèbres sont de plus en plus nombreux à renoncer à des conférences ou des spectacles en protestation contre le sort fait aux Palestiniens par l’État colonial et d’Apartheid. On se souvient qu’en juin 2013, Stephen Hawkings avait décidé de se retirer d’une conférence annuelle organisée en Israël et intitulée « Faire face à demain », officialisant ainsi une campagne de boycott académique. On se souvient aussi du renoncement de Vanessa Paradis à se produire à Tel-Aviv qui avait fait l’actualité en 2011. Aujourd’hui, le boycott par les milieux artistiques prend de l’ampleur. A Montpellier, en juillet dernier, Ils ont été, 34 à rejoindre l’Appel national des 80 personnalités du monde des arts et de la culture pour l’annulation de la saison France-Israël, cadre dans lequel les ballets Batsheva ont dansé au Palais de Chaillot. Un soutien aux Palestiniens qui ne relève ni de l’antisémitisme, ni du terrorisme et qui devrait s’amplifier au fur et à mesure que les Gazaouis subissent, de la part de l’armée israélienne et de ses snipers, des atteintes de plus en plus destructrices dans un camp d’extermination à ciel ouvert.


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