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Bolloré visé par un mouvement social au Cameroun

Au Cameroun, manifestations et occupations de plusieurs plantations Bolloré

Crédit photo Douala : Des centaines de riverains des plantations Socapalm/Safacam exigent des compensations justes pour les terres occupées et paralysent les plantations de la Socfin détenue à 38,8% par le groupe Bolloré. Après la catastrophe ferroviaire qui a fait au bas mot une centaine de morts au Cameroun, le groupe Bolloré est à nouveau dans le viseur des populations. Cette fois non pas pour ses activités de transport, sa gestion opaque du plus grand port d'Afrique centrale à Douala, et pas non plus par les journalistes d'I>télé qui auront tenu 31 jours contre la nouvelle ligne éditoriale que le magnat françafricain cherche à imposer à la chaîne (dont un rassemblement est prévu aujourd'hui à 14heures à Paris) . Socapalm, Safacam : derrière ces deux noms se cachent 73 000 hectares de terres prises aux populations du Cameroun, défrichées, et plantées d'hévéas ou de palmiers à huile pour le compte du groupe Bolloré. Ce lundi, ce sont donc des centaines de riverains lésés dans leur accès à la terre, et maintenus dans la misère du chômage ou du travail indigne sur ces plantations, qui ont empêché les camions de transport de personnel de se rendre sur les chantiers et ont bloqué l'accès aux usines de transformation. Nous relayons ci-dessous le communiqué du réseau ReAct international et de l'association locale Synergie des paysans et riverains du Cameroun, et apportons toute notre solidarité internationaliste au combat qui se mène !

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Deux ans après avoir été reçu par le groupe Bolloré à Paris, Emmanuel Elong, président de la Synaparcam ne décolère pas : « Aucun engagement n’a été tenu. A la Camrail, comme dans les plantations, la gestion du groupe Bolloré en Afrique est totalement irresponsable ».

Et ils ont décidé de le dire par des actes. A 5h, 100 ressortissants des villages riverains de la plantation de palmiers à huile et d’hévéas Safacam, dans l’arrondissement de Dizangué, au Cameroun, se sont rassemblés devant l’usine pour empêcher les camions du personnel d’aller chercher les travailleurs, et paralyser ainsi le travail sur l’usine et l’ensemble de la plantation. Un peu plus tard, c’était les représentants des communautés locales des 13 villages riverains de la Socapalm, à la Kienké, qui marchaient sur la direction, dans le département de l’Océan. A l’autre bout du pays, 400 riverains ont également manifesté de la plantation jusqu’à la Préfecture de Dibombari, dans une troisième plantation, à l’ouest de Douala. Les riverains de la Socapalm Mbongo ont fait de même, en marchant jusqu’à la préfecture de Dizangue. Tous se sont levés pour dénoncer le blocage du dialogue, et les promesses non tenues par l’ensemble de la pyramide : depuis la secrétaire générale du groupe Bolloré jusqu’au directeurs locaux de la Socfin.

Entre la Socapalm et la Safacam, se sont plus de 73 000 ha qui sont exploités au Cameroun par le groupe Socfin, dont le groupe Bolloré est l’actionnaire principal avec 38,8%. « Avec l’arrivée de la plantation en 1968, des hectares de forêt ont été défrichés puis progressivement remplacés par des monocultures de palmier à huile, réduisant d’autant les surfaces sylvicoles jusqu’alors utilisées par les populations locales pour leurs activités de chasse et de collecte » expliquent plusieurs organisations dans un rapport d’enquête de 2010 [1]. L’étude souligne également les milliers de terres arables soustraites aux populations locales. L’entreprise, privatisée en 2000, devait poursuivre des missions de service public [2] notamment, en compensation de la perte de l’usage de terres et zones de pêche. Mais le sort des communautés n’a fait qu’empirer, notamment à cause de l’exploitation de zones de plus en plus grandes, et l’utilisation illégale des bas-fonds. Malgré des bénéfices de près de 9 millions d’euros en 2015 pour la Socapalm, et 2,6 millions d’euros pour la Safacam, les populations locales ne bénéficient d’aucune retombée significative et trouvent bien lointaines les promesses de développement des villages qui avaient poussé leurs ancêtres à accepter si facilement l’implantation de ces plantations sur les terres qu’ils occupaient.

Après I-télé et la Camrail, la gestion du groupe Bolloré à nouveau remise en question

Les groupes Socfin et Bolloré sont interpellés régulièrement depuis plusieurs années par les riverains, réunis au sein d’une Alliance Internationale [3], sur les problèmes qu’ils rencontrent. Vincent Bolloré avait ouvert la porte du dialogue puis il l’a brutalement refermée, renvoyant, comme Socfin, la négociation aux dirigeants locaux. Dans une lettre envoyée le 4 avril dernier à l’Alliance des riverains, il explique que la Socfin « est une société responsable », que ses dirigeants « ont toute sa confiance », et qu’il « a constaté une intensification du dialogue depuis 2015 (…) et de nombreuses actions concrètes au bénéfice des riverains ». Mais au Cameroun, aucun dialogue constructif n’a pu avoir lieu pour résoudre ces problèmes localement : la direction de la Socapalm refuse ouvertement de dialoguer avec l’association des riverains, la Synaparcam[4], qui regroupe aujourd’hui plus de 1000 membres, malgré le soutien de nombreux chefs de village, et le Directeur Général de la Safacam ignore cette association, en restant silencieux à ses courriers et mobilisations.

Les communautés locales, organisées à travers la Synaparcam demandent ainsi l’ouverture d’un réel espace de négociation, pour obtenir des compensations justes : au-delà de la protection d’un espace vital autour des villages et la rétrocession de certaines terres, les riverains revendiquent aujourd’hui leurs droits concernant le soutien au développement des plantations villageoises et un accès à l’emploi, ainsi que des infrastructures de services publics essentiels aux villages (cases de santé, écoles, accès à l’eau potable, entretien des routes, électrification pour certains villages,…). Ils font appel à la responsabilité de la direction générale du groupe. Les riverains déterminés ne libèreront pas les plantations sans des engagements concrets, bernés trop souvent pas des promesses non tenues.

Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun
https://www.facebook.com/synaparcam/

ReAct Alliances Transnationales
http://www.projet-react.org

farmlandgrab.org


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