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Casse sociale

Assurance-chômage. Entrée en vigueur d’une attaque d’ampleur contre les classes populaires

A compter de ce vendredi 1er octobre et après de nombreux reports, la réforme de l'assurance chômage vient tout juste d'être mise en œuvre. Une nouvelle attaque d'ampleur, qui vient une fois de plus faire payer la crise aux plus précaires.

Olga Hagen

30 septembre 2021

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Crédits : ARNAUD LE VU / HANS LUCAS / AFP

Il s’agit de la mesure phare, du volet le plus sévère du projet de réforme : la modification du calcul des allocations. Plusieurs fois reportée cette année, et retoquée par deux fois par le Conseil d’Etat, cette fois le gouvernement semble être décidé à mettre en vigueur sa réforme jusqu’au bout et se tient à son nouveau calendrier.

Il prévoyait en effet l’application du nouveau calcul des allocations au 1er octobre, et celle du changement des conditions d’ouverture de nouveaux droits ainsi que de la dégressivité des allocations chômage pour les plus hauts revenus au 1er décembre. Une façon de faire entrer progressivement la réforme en vigueur pour éviter tout effet d’annonce susceptible d’attiser la colère sociale, que le gouvernement redoute particulièrement en ce début d’automne où explosent les prix de l’électricité et du gaz.

Des conséquences d’une ampleur inédite pour les chômeurs

Jusqu’ici, l’indemnisation était calculée sur le salaire gagné lors de la dernière année, divisé par le nombre de jours travaillés. Or avec la réforme, elle sera calculée sur les revenus perçus les deux dernières années, divisés par le nombre de jours entre le premier et le dernier contrat de travail.

Une méthode de calcul qui va largement baisser les revenus de quelques 1,15 millions de personnes. Retoquée par le Conseil d’État cet été du fait de la fragilité de la reprise et évoquant une atteinte au "principe d’égalité" entre les chômeurs, l’exécutif s’obstine dans sa réforme tout en faisant mine de l’amoindrir en plafonnant le nombre de jours non travaillés à prendre en compte. En faisant entrer en vigueur le second volet de la réforme au lendemain de la publication du décret, le gouvernement sait d’ailleurs pertinemment qu’il met au pied du mur la Haute juridiction administrative quant à l’examen sur le fond de celle-ci, alors qu’il la sait frileuse à l’égard du projet.

Très concrètement, ce nouveau mode de fonctionnement provoquera une baisse de l’allocation de 17 % en moyenne d’après l’Unédic, allant jusqu’à 40 % pour les 400 000 les plus précaires. Des chiffres inquiétants, illustrant l’ampleur de l’attaque menée par le gouvernement, qui - une fois de plus – fait payer la crise aux plus précaires.

Cette annonce s’inscrit naturellement dans un contexte de campagne présidentielle pour le gouvernement Macron, où ce dernier souhaite donner de nouveaux gages au patronat et à l’électorat de la droite en démontrant qu’il parvient à faire passer ses réformes sans aucune difficulté. Depuis plusieurs mois et face aux quelques hésitations de l’exécutif, le Medef n’avait pas hésité à pressionner ce dernier en rappelant que « l’assurance chômage se justifie et elle doit être mise en œuvre ».

Le gouvernement n’hésite pas à justifier cette attaque au nom de l’« intérêt collectif », désignant les chômeurs comme premiers responsables de leur situation, Jean Castex dénonçant les « dérives de l’assistanat » comme « cancer de la société française » et frein à la recherche d’un emploi. Un discours nauséabond qui met la responsabilité sur les chômeurs de leur non-recrutement et fait peser sur les secteurs populaires le poids de la reprise économique.

Mais que font la CGT et la CFDT ?

Une attaque inédite pour le monde du travail donc, pourtant annoncée depuis deux ans maintenant. Même si elle avait été largement dénoncée et que plusieurs mobilisations ont eu lieu, les directions syndicales n’ont jamais proposé de plan de bataille pour contrer l’entrée en vigueur de la réforme et ainsi concrétiser le rejet massif de celle-ci par la population.

Pendant ce temps, Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT) et Laurent Berger (secrétaire général de la CFDT) choisissent d’accompagner la stratégie de communication du gouvernement pour faire passer la pilule de la réforme. Il y a quelques jours, ils se sont donc rendus à une des « entreprises à but d’emploi » créées dans le cadre de l’initiative « Territoire zéro chômeur de longue durée », qu’ils ont tous les deux salués.

Et à la veille de l’entrée en vigueur de la réforme, c’est sans complexe que le patron de la CFDT affirmait dans la presse qu’il tenterait de « la repousser à nouveau » : un discours bien révélateur du rôle des directions syndicales consistant à soutenir le gouvernement dans la mise en place de ses réformes et en le conseillant dans son calendrier pour éviter toute explosion de colère.

A quelques jours du 5 octobre, il est nécessaire de s’organiser face à cette attaque d’ampleur mais également l’ensemble des réformes anti-sociales du gouvernement. Comme le montre aujourd’hui la deuxième ligne, des grévistes de Transdev, à ceux de la Sorbonne, en passant par les éboueurs de Marseille, c’est par la lutte et la grève qu’il est possible de lutter contre ces offensives et pour de meilleures conditions de travail. Mais cela ne pourra passer par une posture de dialogue social avec le gouvernement comme le font Martinez et Berger. C’est pour construire un plan de bataille réel et une alternative viable que portons la candidature d’Anasse Kazib aux présidentielles : il est nécessaire aujourd’hui d’avoir une candidature qui porte nos luttes, en présentant une voix qui va à l’encontre de la droitisation du spectre politique largement menée, dans une perspective d’indépendance de classe.


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