John Strempe
Le licenciement à la mode
Alors qu’Air France a pour projet de licencier plus de 3000 salariés dans son secteur, la direction d’Areva estime qu’elle doit l’imiter. L’entreprise a déjà vu 1100 personnes partir, dont 600 en France. Elle parle pour l’instant d’un "Plan de Départ Volontaire" de la part de plusieurs milliers de salariés (en comptant sur le non-remplacement des personnes qui partent à la retraite et d’autres qui partiraient en pré-retraite avec prise en charge du dernier salaire à 70% pendant deux ans) et assure qu’il n’y aura "aucun départ contraint". Mais l’intersyndicale voit venir un Plan de Suppression de l’Emploi si les départ ne sont pas volontaires. En effet, l’objectif d’Areva étant de réduire sa masse salariale de 15 à 18%, comment pourrait-elle le faire autrement si les départs dits "volontaires" ne sont pas assez nombreux ?
Une perte sèche de près de 5 milliards par la direction à encaisser par les salariés
Areva veut compenser sa perte et faire des économies. Pour cela, et dans la logique de l’économie capitaliste, elle doit être en capacité de faire face à la concurrence, d’augmenter sa productivité pour être rentable. L’entreprise exploite au maximum ses salariés, demande une augmentation de sa productivité puis quand cela ne suffit plus, elle tape dans les salaires puis les vire. Le plan d’économie d’Areva suit cette ligne : gel des salaires, dégradation des conditions de travail, remise en cause de la sûreté des installations. Il est aussi prévu de céder une majeure partie de l’activité réacteur à EDF. Déjà, son activité de transmission et de distribution d’électricité a été cédée à Alstom et à Schneider en 2010, ce qui la ferait passer de 75.000 salariés à 35.000 dans le monde si son plan arrive à son terme.
« Les salariés qui partent comme ceux qui restent vont morfler »
Pour Pascal Evariste (CGT), la lutte commence à peine. Ces 3000 à 4000 départs vont être une catastrophe pour les salariés, autant ceux qui vont partir que ceux qui vont se retrouver au chômage. En effet, la charge de travail va rester la même, voire va augmenter, avec un effectif réduit de plus de 10 %. En imposant des cadences toujours plus élevées, c’est la sécurité des ouvriers qui est aussi en jeu. De même que la situation sociale de ceux qui vont se retrouver au chômage.
Les 2000 salariés présents sur Paris, venus de province principalement, n’ont pour l’instant pas l’intention de baisser les bras. Une réunion entre la direction et l’intersyndicale est prévue pour les 21 et 22 septembre prochain. La suite de la bataille entre les salariés et la direction ne fait que commencer.