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Plan Etudiant et sélection

Après les dispositifs de sélection en L1, le gouvernement prépare la refonte de toute la licence

Signée jeudi 8 mars par Emmanuel Macron, la loi « Orientation et Réussite des Étudiants » (ORE), qui met en place la sélection à l'université, entre en vigueur ce vendredi. Comme à son habitude, le gouvernement attaque vite et fort : il se met au travail pour élaborer la réforme de la licence, qui prévoit notamment la fin de la compensation et des rattrapages. Ainsi, le gouvernement s'apprête à mettre en place une sélection durant tout le cursus universitaire.

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Crédits photos : Université de Bordeaux // © Olivier Got
Jeudi 8 mars, Emmanuel Macron signait en direct la promulgation de la loi ORE, officialisant le système des « attendus » déjà mis en place avec la plateforme Parcoursup. Cette loi modifie considérablement les conditions d’admission à l’université. Les bacheliers sont maintenant sélectionnés sur la base d’attendus, c’est-à-dire de compétences exigées pour entrer dans chaque filière.

Mais Macron ne compte pas s’arrêter là : comme le montrait le rapport Gary-Bobo (dévoilé dans les Macronleaks), les plans de la bourgeoisie pour une université toujours plus rentable et toujours moins accessible sont ambitieux. Ainsi, le gouvernement attaque vite et fort, et à peine la sélection à l’entrée de la fac officialisée, c’est sur la réforme de la licence qu’il faut plancher. Trois mois : c’est le temps que Frédérique Vidal se donne pour élaborer cette réforme de la licence.

Si les détails techniques et la temporalité de la réforme sont à définir, les grandes lignes sont déjà connues puisqu’elles étaient présentées dans le « Plan Étudiants ». Ainsi, on doit s’attendre à la mise en place de licences « modulables » : un parcours personnalisé selon le profil de chaque étudiant, avec la possibilité de passer sa licence en deux, trois, ou quatre ans.

Les parcours-types par discipline seraient remplacés par une série d’Unités d’Enseignement (UE) et de modules que l’étudiant pourrait choisir selon, en théorie, ses affinités ou son projet. Dans les faits, c’est la fin des diplômes nationaux avec des parcours-type par discipline et reconnus par toutes les universités. À la place, des modules de compétences très spécifiques, plus ou moins élitistes, et qui seront très certainement en étroit lien avec les demandes du patronat. En sommes des parcours qui seront désormais reconnu en fonction des universités d’origine.

Les « contrats de réussite pédagogique » seront la matérialisation de cette individualisation des parcours. En effet, la modularité de la licence se fera à priori sous le contrôle d’un directeur d’études. Sous prétexte d’un meilleur accompagnement, c’est un contrôle permanent sur les étudiants qui se profile : le directeur d’études et l’équipe pédagogique devront s’assurer de la « pertinence du projet de l’étudiant et de ses aptitudes à suivre la filière choisie ». Le terme « contrat » est limpide : au moindre manquement, l’étudiant pourra être éjecté de son cursus.

Derrière tous ces éléments, c’est une sélection accrue au sein même des parcours de licence, ainsi qu’une accentuation de la division entre parcours d’élites et parcours au rabais qui se mettent en place. Ce dispositif ne va faire que renforcer la sélection sociale déjà à l’œuvre. Les différences entre un étudiant précaire, venant d’un lycée mal-côté ou devant travailler à côté de ses études et un étudiant venait d’une famille plus aisée se traduira très concrètement par le nombre d’année qu’ils mettront à passer leur diplôme et le type même de modules qui leur sera proposé.

De plus, le gouvernement profite de cette modularisation de la licence pour mettre fin au système de la compensation. La fin des rattrapages et la fin des redoublements seront également expérimentées. En cas d’échec dans une matière, un étudiant ne pourra donc plus compenser avec les autres UE, ni même avoir une seconde chance avec les rattrapages, ni redoubler ; pour se réinscrire il devra passer la barrière des attendus. Là encore, c’est une accentuation de la différence entre les élites au parcours sans faute, et les autres qui n’auront pas le droit à l’erreur, au risque d’être tout simplement exclu de l’enseignement supérieur. Sous prétexte de lutter contre l’échec, le gouvernement veut mettre en place une véritable machine à trier les étudiants, pour qu’il ressorte de l’université juste ce qu’il faut pour les patrons, en allant dans le sens du numerus clausus voté au Sénat qui prévoit de contingenter les filières en fonction des besoins du marché.

Le gouvernement cherche ainsi à refermer une période de démocratisation relative de l’université datant de 1968 et à soumettre toujours plus directement l’enseignement supérieur aux besoins du patronat. Nous n’en sommes qu’au début du quinquennat de Macron et comme le montrait le rapport Gary-Bobo, les projets de la bourgeoisie pour la jeunesse vont beaucoup plus loin (augmenter les frais d’inscription, généraliser le prêt bancaire aux étudiants, etc).

Ainsi, si des embryons de mobilisation germent partout en France, un mouvement d’ampleur sera nécessaire pour faire reculer le gouvernement. Et comme en 1968, en 1986, en 1995, en 2006, les étudiants et les lycéens ne seront que plus forts et plus déterminés si leur lutte se joint dans la rue avec celle des travailleurs. La date du 15 mars, où les EHPAD, les retraités et les étudiants manifesteront ensemble est une première étape sur ce chemin, avant le 22 mars où les cheminots et la fonction publique se joindront à la bataille. Tous les secteurs des classes populaires sont attaqués par Macron ; ripostons tous ensemble pour gagner !


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