Crédit photo : O Phil des Contrastes
Ils étaient encore des milliers à manifester, ce mardi 3 mars, un peu partout dans l’Hexagone, pour crier leur colère suite à l’imposition de la réforme des retraites par le plus antidémocratique des articles de la Vème République. Dans les cortèges, où se mêlent syndiqués, non-syndiqués et Gilets jaunes, l’Education nationale était représentée, tout comme la jeunesse lycéenne et étudiante, les avocats ou bien encore les travailleuses de l’Opéra de Paris. De la détermination pour arracher le retrait de la réforme des retraites, il en reste, et le mouvement contre la réforme n’est pas terminé.
Bien sûr, ces simples manifestations ne suffiront pas, dans l’absolu, pour renverser la situation, mais elles témoignent du fait que la partie est encore loin d’être finie, alors que le gouvernement doit faire face à un début de fronde interne, avec les premiers départs d’un sénateur et de plusieurs députés en réaction au 49.3. En effet, ce 4 mars au soir, les deux motions de censure, déposées par la gauche et la droite, ont été, sans surprise, rejetées, validant le texte à l’Assemblée. Ce qui apparaît nettement, c’est que nous sommes à un moment charnière de la bataille des retraites. Le message du gouvernement est clair : « fin du jeu, circulez ! », la réponse de notre camp social doit être aussi ferme et déterminée.
A ce titre, le communiqué produit par l’Intersyndicale est plus qu’en deçà des enjeux. En appelant à se mobiliser localement, alors que des initiatives spontanées ont déjà lieu, en ne posant la grève que comme un éventuel « recours » et, surtout, en ne chamboulant pas son calendrier et en maintenant la prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle... le 31 mars prochain, la réponse apportée est loin d’être à la hauteur de l’attaque.
Or, s’il y a bien un bilan à tirer de la première phase de mobilisation, c’est que si la mobilisation en grève reconductible majoritaire, durant plus de 50 jours, dans des secteurs qui se retrouvent de facto isolés, en dehors des grandes journées nationales, n’a pas permis d’obtenir le retrait de la réforme, il apparaît comme évident que les journées saute-mouton ne peuvent obtenir satisfaction. L’ordre du jour est donc maintenant à l’élaboration d’un plan de bataille conséquent, pour un mouvement de grève le plus massif possible, dans le maximum de secteurs du public et du privé. Cela passe par une prise de position forte de notre camp social, rompant toute discussion et négociation avec le gouvernement, l’organisation et la multiplication d’assemblées générales sur les lieux de travail et, surtout, l’élaboration d’un plan de bataille et d’un programme offensifs, dépassant la simple question des retraites. Force est de constater que le communiqué de l’Intersyndicale est aux antipodes de ces questions cruciales.
L’heure est donc à l’exigence, par la base, d’un plan de bataille conséquent contre Macron, sa réforme, son monde. La colère et la détermination sont présentes, ce qui manque c’est bel et bien une stratégie et un programme qui permettent de lancer un « second round » sous le signe de la grève massive et reconductible. Un mode d’action plébiscité par la base, comme le démontre l’appel lancé par la coordination RATP / SNCF, la CGT Grandpuits et la CGT Energie Paris à une grande rencontre nationale pour la grève générale.