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3000 à 8000 suppressions de postes

Air France. La direction veut massacrer l’emploi

Ce vendredi 2 octobre, le couperet est tombé pour les travailleurs d’Air France. Après l’échec du « dialogue social » visant à imposer aux pilotes de « travailler plus sans gagner plus », la direction d’Air France a annoncé que de 3000 à 8000 postes seront menacés. Alors que le gouvernement par la voix d’Emmanuel Macron a annoncé appuyer la direction pour « réformer » la compagnie aérienne, il s’agirait d’invoquer la survie de la compagnie aérienne et la « mauvaise volonté » des pilotes pour justifier ces plans. Mais qu’en est-il vraiment ? Damien Bernard

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Un plan de licenciement massif

Ce vendredi au matin, Alexandre de Juniac, le PDG d’Air France, avait refusé de communiquer les données chiffrées du plan de licenciement massif qui sera engagé au sein de la compagnie Air France. Mais dans le détail, « le nombre de postes supprimés sera de 300 pilotes, 700 PNC (hôtesses et stewards) et 1900 membres du personnel au sol » affirment des représentants syndicaux.

Alors que l’on comptabilise déjà 9000 postes supprimés par la compagnie aérienne depuis 2012, ces suppressions de postes, qui pour l’instant prenaient la forme de « départs volontaires », incluent des licenciements secs pour la première fois de l’histoire de la compagnie.

Le gouvernement aux abois, le FN en embuscade

L’après-midi, se sont enchaînées les déclarations du gouvernement à travers plusieurs porte-voix, dont Bruno Le Roux puis Emmanuel Macron. Le dernier a appelé « tous les partenaires sociaux, et en particulier les pilotes, à prendre leurs responsabilités ». « Il faut regarder les chiffres en face : la situation financière, industrielle du groupe est difficile », a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le patron d’Air France.

C’est ensuite un soutien explicite qu’adresse le ministre de l’Économie à la direction : le « gouvernement appuie l’entreprise dans la voie des réformes qui sont conduites et ces réformes ne peuvent être conduites que si tout le monde prend ses responsabilités, et, en l’espèce, les syndicats de pilotes », fustigeant ainsi les pilotes responsables de l’échec des négociations pour préserver leurs « privilèges ».

Le vice-président du FN, Florian Philippot, a estimé quant à lui qu’aujourd’hui le gouvernement devait "tout faire" pour qu’un "compromis social acceptable" soit trouvé à Air France, dont l’État détient toujours 17,6%. Gilbert Collard, député du Rassemblement Bleu Marine, rajoute ensuite que « les pilotes ne sont pas trop à plaindre on pourrait leur demander de faire quelques concessions pour qu’Air France survive. » Le FN enjoint ainsi les travailleurs et au premier titre les pilotes à accepter un « compromis social » qui démontre une fois de plus qu’il ne se situe résolument pas du côté des travailleurs mais bien du camp du patronat de « souche ».

La dernière chance de la compagnie ?

La situation serait grave. Le discours du gouvernement ainsi que de la direction d’Air France tend à faire penser qu’à situation exceptionnelle, il s’agirait d’invoquer des méthodes exceptionnelles. A défaut de pouvoir « négocier » avec les syndicats, le Plan B serait inévitable pour « sauver » la compagnie.

L’urgence serait absolue, des licenciements secs nécessaires. Le « pavillon français » du « fleuron » du transport aérien est en danger. Toutes les excuses sont bonnes pour donner l’illusion que cette « réforme » serait inévitable pour les travailleurs d’Air France. Le hic, ce sont les pilotes, de grands privilégiés qui mettraient en danger la compagnie, faute d’accepter certains efforts contrairement au personnel au sol. Qu’en est-il réellement ?

Les pilotes d’Air France. De grands privilégiés ?

14000 euros brut par mois, c’est le salaire moyen d’un commandant de bord chez Air France. On ne peut, certes, nier que le salaire des pilotes de la compagnie Air France diffère très sensiblement du salaire d’un travailleur du rang. Ces salaires que l’on peut considérer comme élevés par rapport à la moyenne des travailleurs sont avant tout le fruit de l’histoire des luttes des pilotes d’Air France pour des augmentations de salaires et pour une baisse du temps de travail.

Ces luttes prenaient appui sur des conditions objectives, qui permettaient aux pilotes, de par leurs très fortes qualifications, de leurs responsabilités particulières, et de leurs capacités à « bloquer la production », ici, la circulation aérienne de passagers et de fret, d’imposer des conditions particulièrement favorables en termes de conditions de travail. Ainsi quoi de plus légitime pour les travailleurs, y compris les plus qualifiés, que de défendre leurs acquis ? Ce ne sont pas les bons salaires qui sont responsables des bas salaires mais bien ce système d’exploitation qui vise à niveler vers le bas les salaires de l’ensemble des travailleurs.

Ce n’est pas aux travailleurs de payer leur crise à eux !

Air France, symbole d’un des fleurons de l’impérialisme français, profitait d’une position de monopole sur le marché de l’aérien. Cette position, appuyée par l’État français, a permis à la compagnie de dégager des profits au-dessus de la moyenne (profit de monopole), s’accommodant alors de ces conditions particulières d’achat et de vente de force de travail, sous la pression des pilotes et de leurs luttes.

Cependant la crise est passée par là, les profits d’Air France s’amenuisant et la concurrence s’exacerbant. Ces six dernières années se sont soldées par des pertes sèches pour la compagnie. A cette crise, la direction a tenté d’y répondre par la remise en cause de l’ensemble des acquis sociaux des travailleurs quelque soit leurs postes. Ce sont des suppressions de postes en interne, aussitôt remplacés par des postes en sous-traitance, plus corvéables et malléables, l’augmentation de productivité, en l’occurrence le développement et la généralisation de la précarité et des bas salaires.

Les attaques ont ciblé tantôt personnel au sol, tantôt pilotes ou les PNC. L’objectif étant d’éviter une mobilisation collective de toutes les catégories. C’est d’abord le personnel au sol qui a été attaqué recourant pour morceler les travailleurs à la généralisation de la sous-traitance. Ce sont ensuite les pilotes qui sont traités de « privilégiés » et de nantis qui sont attaqués, l’objectif étant de monter les travailleurs les uns contre les autres.

Ni plan A ni plan B. A bas le « dialogue social » ! Non au plan social !

Tandis que la direction d’Air France, appuyée par le gouvernement, tente de faire peser l’échec des négociations sur les pilotes, le principal syndicat des pilotes s’est dit « prêt à faire de nouvelles propositions. ». Pour la direction de la SNPL, il ne s’agirait pas de lutter contre les plans A et B imposés par la direction mais bien de négocier le plan A en proposant une baisse de l’effort de productivité de 4% au lieu de 17%, proposition qui a été jusqu’ici refusée par la direction.

Ainsi, la stratégie choisie par le principal syndicat des pilotes reste dans le cadre du « dialogue social » que gouvernement et patronat encouragent depuis le début de la présidence Hollande. L’acceptation du cadre de la négociation valide de fait les méthodes imposées par le patronat, accompagnant ainsi les attaques antisociales de la direction, l’effort de productivité négocié dépendant du rapport de force que le syndicat aura constitué.

Face aux suppressions de postes et alors que la direction de la SNPL est prête à négocier l’austérité avec la direction, la CGT, FO, l’UNSA et SUD sont les seuls syndicats à s’opposer au plan A et au plan B et appellent à faire grève le 5 octobre pour faire plier la direction. A charge aux pilotes combatifs d’exiger de la SNPL de rompre avec le « dialogue social », pour lutter aux côtés du personnel naviguant, et aux côtés du personnel au sol, pour exiger le retrait de tout plan patronal et imposer celui des travailleurs d’Air France, pour le maintien de l’ensemble des postes, pour des embauches massives, des augmentations de salaires, et pour s’opposer à toute menace de filialisation ou de sous-traitance.


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