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Les réacs sont de sorties

Polémique autour d’un squat à Toulouse : l’urgence de la réquisition des logements vides !

Ces derniers jours, l’affaire de la maison squattée de Roland, retraité de 88 ans, défraie la chronique. Un cas largement instrumentalisé, qui cache une misère sociale totale, avec près de 5000 sans domicile fixe à Toulouse selon un comptage de 2019.

Julian Vadis

10 février 2021

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Crédits photo : Google Street View

Débat à la radio à des heures de grande écoute, prises de positions de politiques, multiplications des articles dans les grands journaux : l’affaire du squat toulousain qui a éclaté ces derniers jours à pris des proportions nationales.

Depuis septembre 2020, la maison de Roland, un retraité de 88 ans, est occupée. L’octogénaire, régulièrement absent pour rendre visite à sa femme résidente d’un Ehpad dans le Tarn, souhaite vendre cette maison pour rejoindre sa compagne, et financé l’hébergement dans l’établissement. C’est ici que débute réellement l’affaire : la justice, en vertu de la trêve hivernale, a refusé l’expulsion des occupants.

Une décision qui a provoqué un véritable tollé, et permis aux réacs de tout poil d’étaler leur répertoire sur fond d’instrumentalisation de la détresse légitime de cet octogénaire. C’est le cas de l’essayiste Barbara Lefebvre lors de l’émission des Grandes Gueules sur RMC, qui « aimerait bien savoir qui sont les quatre squatteurs » en réponse à la décision judiciaire de respecter la trêve hivernale, et qui joue la partition d’une justice soit disant laxiste, en expliquant qu’elle « reste sans voix » face à « des décisions pareilles » et que « tout ça, mis bout à bout, c’est des éléments qui continuent à aggraver la défiance des français dans les institutions de la République ».

Une diatribe qui peine à convaincre devant la réalité des chiffres. Ainsi, selon le rapport de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, « entre le 1er novembre 2019 et le 31 octobre 2020, 1079 expulsions ont été recensées en France métropolitaine, ce qui représente, en moyenne, 388 personnes expulsées par jour. […] Les expulsions sont souvent violentes, notamment de la part des forces de l’ordre à l’égard des personnes expulsées : menaces et insultes, harcèlement, allant jusqu’à des atteintes physiques. Alors que les biens sont censés être protégés dans le cadre d’une expulsion, ils sont souvent détruits ou confisqués ». Pire encore, « pour 939 expulsions, la totalité ou une partie des personnes expulsées, ne s’est vu proposer aucune solution, soit 87% des expulsions ».

A Toulouse, le nombre de sans domicile fixe atteint des chiffres très élévés. Selon un article du Monde publié le 18 avril 2019, « quelque 5 000 personnes vivent à Toulouse sans domicile fixe, à la rue ou dans des centres d’hébergement, dont 767 sans abri ». Et de préciser que « les deux tiers sont des familles ».

Dans ce cadre, les élus locaux de la majorité à la Mairie, issue d’une liste LREM-LR, joue la carte de l’instrumentalisation de la situation de Roland. Dans des propos relayés par La Dépêche du Midi et suite à un face à face entre des pro et anti-squatteurs, l’adjoint au Maire Maxime Boyer a déclaré que sa présence sur place est « un soutien moral et politique à l’égard de Monsieur Roland. Nous voulons partager cette part d’humanité au milieu d’une procédure judiciaire compliquée ».

Le Maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc s’est quand à lui exprimé sur Twitter, affirmant son « soutien à Roland qui souffre d’une situation de squat que trop de petits propriétaires subissent au quotidien. Lors du dernier #CMToulouse, un vœu pour permettre aux maires d’être à leurs côtés en justice à été voté. La majorité a voté pour, l’opposition a refusé de le voter ».

Des propos cynique et scandaleux lorsqu’on connaît le bilan de Jean-Luc Moudenc, avec en autre affaire, et pour ne revenir que sur ces derniers mois, l’expulsion d’un SDF occupant un jardin avec l’autorisation de la propriétaire en décembre dernier, l’emploi de gaz lacrymogène pour dissuader des occupants à récupérer leurs affaires lors de l’incendie du squat avenue de Muret il y a un an ou bien encore l’expulsion du Droit au logement 31 et du Centre Solidaire Abbé Pierre à La Grave pour construire des appartements et hôtels de luxe.

Bien sur, l’octogénaire toulousain n’a pas à être la victime collatérale de cette politique anti-pauvre répressive qui condamne des milliers de familles à la rue. C’est pourquoi les discours instrumentalisant la détresse de Roland, qui se focalise sur une défense du droit à la propriété, sont absolument réactionnaires. Alors que 7% des logements de la Ville Rose sont vides (un des taux les plus hauts du pays), et qu’une partie non négligeable du patrimoine privé de Toulouse est possédé par une centaine de familles foncières ce type de discours ne vise qu’à protéger les intérêts des grands propriétaires immobiliers en les assimilant à ceux qui ne possèdent que sa propre maison.

Tout au contraire, il s’agit d’exiger la réquisition des logements vides pour abriter urgemment l’ensemble des personnes qui se retrouvent à la rue et en situation d’expulsion, quel que soit leur nationalité, à Toulouse comme ailleurs. Une mesure d’urgence qui doit s’accompagner de la régularisation de tout les sans-papiers, d’une baisse drastique du temps de travail, l’interdiction des emplois précaires et des hausses générales des salaires pour lutter contre la précarité et le chômage qui sous-tend l’absence de possibilité pour des centaines de milliers de personnes de se loger en France.


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