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Acte 44 – Toulouse

Acte 44 : la gare de Toulouse envahie par les gilets jaunes !

L’acte 44 a été marqué par une première, l’envahissement de la gare Matabiau par près de 2000 Gilets jaunes. Un acte qui confirme la dynamique de rentrée des gilets, déjà très nombreux la semaine dernière et qui a de quoi inquiéter le gouvernement sur fond d’une colère grandissante comme exprimée par la grève massive de la RATP.

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Pour cet acte 44 des Gilets jaunes toulousains, la dynamique de mobilisation massive de l’acte précédent s’est poursuivie, bien que les chiffres soient un peu redescendu. Ce qui peut s’expliquer par la temporalité de cet acte, situé entre deux actes importants et mobilisateurs, à savoir le précédent, sorte de « rentrée » des Gilets jaunes et le prochain, avec une montée à Paris, et des appels à la convergence notamment envers le mouvement écologiste de la jeunesse qui reçoit de nombreux signaux positifs à l’échelle nationale.

Les plus d’un millier de Gilets jaunes s’étaient donné rendez-vous comme chaque samedi, à 14h, à Jean Jaurès. La manifestation est partie sur les allées, puis empruntant la rue Alsace Lorraine et ses boutiques de luxe sous des chants anticapitalistes pleins de rage, le cortège a investi une première fois le Capitole. Tout un symbole de la "patte gilet jaune" : cette place emblématique de Toulouse a parfois été reprise par des milliers de gilets jaunes alors qu’elle n’était plus investie depuis des années par les manifestations sociales "classiques". Un symbole aussi parce qu’elle avait été interdite plusieurs samedi d’affilée par le ministère de l’Intérieur en personne (avec présence de blindés), une interdiction sollicitée vivement par un Jean-Luc Moudenc réclamant toujours davantage de forces de répression. Une énorme banderole "Macron maillot jaune de la casse de l’hôpital public" a alors été déployée sur la façade de la mairie, en solidarité avec les hospitaliers et les usagers qui font fasse, à cause des réduction des moyens et des effectifs en personnel soignant à une véritable entreprise de "démolition" de l’hôpital public.

Pleins de détermination, les gilets jaunes ont ensuite investi les voies de la gare Matabiau provoquant des retards sur huit trains. Les gilets jaunes n’ont une nouvelle fois pas compté les kilomètres dans le centre de Toulouse, reprenant une deuxième fois le Capitole. Il faut souligner que par plusieurs fois, les policiers ont semblé surpris et ont reculé face à la détermination des manifestants. Les troupes avaient aussi en tête de rappeler à quel point la répression policière mais aussi judiciaire a été terrible. En fin d’après-midi, le cortège a essayé de passer devant le palais de justice criant des slogans tels qu’"aministie pour tous les gilets jaunes !". Ils ont alors dû faire face à des tirs nourris de grenades lacrymogènes.

Les banderoles de tête du cortège mettaient à l’honneur, comme cela a souvent été le cas à Toulouse avec les marches de femmes Gilets jaunes, la lutte des femmes contre les violences économiques, sociales, sexuelles. « Précarisées, révoltées : les femmes en première ligne », annonçait la banderole, une réponse au gouvernement qui veut s’ériger en tête de proue du féminisme, avec le grenelle sur les violences faites aux femmes tenu par Marlène Schiappa, au moment même où ce gouvernement attaque durement les conditions de travail et étrille le système de retraites, ce qui touchera les plus précaires, et en premier lieu les femmes. Une lutte des femmes particulièrement visible dans le mouvement des Gilets jaunes, et qui affirment aujourd’hui encore que le patriarcat sera vaincu sur le terrain de la lutte, dans la rue, par l’auto-organisation des femmes et pas dans les ministères aux côtés de ceux qui précarisent toujours plus les femmes et les répriment, les mutilent dans les manifestations.

La gare de Toulouse Matabiau envahie

La contradiction du gouvernement Macron à combler son manque de popularité et d’assise au sein de la société par la répression s’exprime à la fois par une difficulté à maintenir l’ordre, un discrédit toujours plus grand et plus large au sein de la population face aux violences de la police, ainsi qu’à une montée de la contestation, tout à fait réactionnaire, au sein des dispositifs de répression. Il semble que depuis la rentrée, le gouvernement ait sous-estimé les capacités de mobilisation du mouvement et réduit l’encadrement policier qui s’est retrouvé hier incapable d’empêcher l’envahissement de la gare toulousaine, une première malgré des affrontements en décembre et lors d’actes ultérieurs pour entrer dans la gare. Un geste symbolique qui a été fêté en grande pompe sur les quais et les rails inondés de manifestants reprenant à pleins poumons le célèbre : « On est là ! ». Tout un symbole là encore quand on sait que cet air, tout d’abord scandé par des supporters de foot, est aussi devenu l’hymne de la bataille du rail au printemps 2018.

Mais un symbole qui peut être lourd de conséquences tant il est clair qu’aujourd’hui un développement plus grand encore de la lutte des classes en France appelle à une incontournable jonction entre les secteurs traditionnels et organisés du mouvement ouvrier, les cheminots en tête, et la radicalité des Gilets jaunes. Une radicalité qui a de quoi être contagieuse et qui fait déjà des émules. On a pu le voir dans la mobilisation de l’éducation nationale, dans certaines manifestations qui n’étaient pas déclarées, dans les modalités de lutte avec le blocage du bac, chez les urgentistes et dans la santé aussi avec une lutte très radicale qui ne se satisfait pas des miettes lâchées par Buzyn : des mouvements qui ont aussi en commun de bénéficier d’un appui important de la population parce qu’ils touchent à notre quotidien, à la casse des services publics de santé, d’éducation, de transport (ce qui n’est pas sans écho à la goutte d’essence qui a fait déborder le vase de la colère avec la taxe sur les carburants). De même, la grève de la RATP vendredi dernier a témoigné d’une volonté de contrôle de la base comme l’avait montré les négociations de quelques figures autoproclamées des Gilets jaunes avec le gouvernement, forcées de filmer en direct les négociations. Comment ne pas penser non plus au fameux gilet quand on entend les chauffeurs de bus parisiens proposer de mettre un chiffon blanc sur le pare-brise pour toutes celles et ceux qui veulent partir en grève illimitée fin novembre sur la question des retraites.

Tous ensemble pour l’honneur des travailleuses et des travailleurs

L’acte 43 des Gilets jaunes toulousains avait surpris par son caractère massif (plusieurs milliers) qui semble aller dans le sens d’un mois de septembre « noir » pour le gouvernement. Dans le paysage politique national, plusieurs nuages semblent en effet poindre à l’horizon, certains qui menacent depuis déjà de nombreux mois, comme les Gilets jaunes ou le mouvement de contestation et de grève aux urgences, d’une certaine manière l’éducation nationale qui a connu une rentrée agitée dans certains établissements (avec une propagande gouvernementale sur les salaires qui cherchent à désarmer le soutien populaire à ce secteur), mais également de nouveaux, à l’image de nombreux secteurs traditionnels et concentrés du mouvement ouvrier que la réforme des retraites, le grand défi du quinquennat Macron, ne laisse pas indifférents. Par ailleurs, les manifestations de jeunesse pour l’écologie qui doivent reprendre ce vendredi 20 septembre et potentiellement converger le 21 avec les Gilets jaunes, ainsi que la politisation qui émerge autour des violences faites aux femmes sont des mouvements qui pourraient s’attaquer à la politique des classes dominantes françaises, même si elles essayent de coopter ces mouvements notamment avec le grenelle de Marlène Schiappa. La question de l’unité dans l’action de tous ces mouvements, dépasser le corporatisme ou les revendications partielles pour une lutte d’ensemble contre le gouvernement se pose de plus en plus urgemment. Alors que les mobilisations de ce mois de septembre sont morcelées par la division des dates orchestrées par les directions syndicales, lutter pour le regroupement de tous ces secteurs, de toutes ces colères est une nécessité. Pour qu’à l’avenir les gares soient envahies par les Gilets jaunes et les cheminots, qui lorsqu’ils se mettent en grève disposent d’un pouvoir énorme de blocage de l’économie, et décident de ce qui roule et ne roule pas !

La réforme des retraites pourrait être le lieu d’un rassemblement des contestations, qui pourrait surprendre les classes dominantes déjà surprises par l’ampleur de la grève de la RATP, qui a illustré les capacités de blocage de l’économie de ce secteur où sur certaines lignes le taux de grévistes approchaient les 100 %. Sur une journée, la grève des travailleurs d’une seule entreprise a pu si ce n’est immobiliser, fortement ralentir l’activité de la capitale.

En prenant en compte ce contexte, notre tâche à tous désormais est de faire en sorte que le gouvernement vive réellement une rentrée « noire » où tous ces vents de colère et ces nuages gros de contestation débouchent en un véritable orage !


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