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Atteinte aux droits démocratiques

Acharnement judiciaire : suite aux perquisitions, Mélenchon sera jugé en correctionnelle

Suite aux perquisitions du domicile de Mélenchon et du siège de son mouvement en octobre dernier, le chef de file de la France Insoumise sera jugé en correctionnelle aux cotés de deux autres députés pour intimidation, rébellion et provocation envers des représentants de la justice. Un procès politique en règle.

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En octobre dernier, le premier acte politique du nouveau gouvernement – suite au remaniement ministériel qui s’était éternisé après les démissions de Hulot et Collomb – avait été de perquisitionner le domicile de responsables et le siège de la France Insoumise et du Parti de Gauche. Et ils n’avaient pas bénéficié des largesses accordées à Benalla, dont la perquisition avait été reportée, laissant le temps à des complices de déplacer des pièces à conviction.

L’opération avait mobilisé un grand nombre de policiers pour une douzaine de perquisitions simultanées, dans le cadre de deux enquêtes : la première concernait des soupçons de détournement de fonds européens et la deuxième une possible surfacturation de la campagne de la France Insoumise. Mais alors que de nombreuses autres formations politiques faisaient l’objet d’une enquête pour des faits similaires, seuls les locaux de la France Insoumise avaient été perquisitionnés.

Le battage médiatique a été important autour de ce « mardi noir », Mélenchon lui-même s’était filmé en direct au cours de la journée, dénonçant une « opération d’ampleur » et un « acte politique » à l’encontre de son mouvement. Et en effet, l’enquête était diligentée par le parquet, sous la tutelle du gouvernement. Un coup de pression qui visait à faire taire toute contestation face à la politique anti-sociale de Macron.

Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là, puisque des magistrats du parquet de Paris en charge de l’enquête ont porté plainte pour « actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire » et « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Mélenchon avait été entendu au début du mois de mars et avait déclaré à cette occasion : « Des policiers étaient devant la porte du local. J’ai voulu entrer, la porte était fermée. S’en sont suivis toutes sortes d’échanges, dont certains sur un volume sonore important mais qui était sans ambiguïté sur le fait qu’aucune violence n’aurait lieu. »

Pourtant, ce jeudi 27 juin, l’Express a révélé que Jean-Luc Mélenchon ainsi que les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud, l’eurodéputé Manuel Bompard, le conseiller d’État Bernard Pignerol, et l’attaché de presse Muriel Rozenfeld, sont appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel de Bobigny le 19 et 20 septembre. Un procès hors norme – jamais au cours de l’histoire de la Ve République autant de députés n’avaient fait l’objet d’une même procédure judiciaire – et éminemment politique.

Plus encore, il s’agirait presque de faire des forces de répression les victimes de cette perquisition, si l’on en croit David Lepidi, l’avocat de plusieurs policiers et gendarmes présents ce mardi et dont les propos sont rapportés par Le Monde : « Cette affaire a eu des répercussions graves sur le plan psychologique pour les enquêteurs, qui sont avant tout des êtres humains. Ce procès va mettre en lumière les difficultés que subissent les membres des forces de l’ordre et les souffrances que cela peut engendrer chez eux. »

Cet acharnement judiciaire et médiatique envers une formation d’opposition – au-delà des désaccords politiques et stratégiques que l’on puisse avoir avec ce mouvement – est une atteinte évidente aux droits démocratiques. Il suffit de comparer ces poursuites en justice à l’impunité dont jouit le barbouze Alexandre Benalla, qui avait pourtant assumé explicitement avoir fait obstruction à la perquisition de son domicile et avoir dissimulé un coffre-fort et des données personnelles. Dans le cas de ce proche du président, à l’inverse des députés de la FI, le parquet de Paris avait refusé d’élargir l’enquête. Comment interpréter le fait que quatre députés insoumis soient traînés en justice, à l’heure également où des milliers de Gilets jaunes passent en procès et sont condamnés et incarcérés, si ce n’est une volonté de s’attaquer à toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique menée par le gouvernement Macron ?

En effet, cette atteinte aux droits démocratiques s’inscrit par ailleurs dans la droite ligne de « l’acte II » du quinquennat Macron qui repart à l’offensive. Entre la volonté de contrôler la presse via un Conseil de l’ordre des journalistes ; des condamnations lourdes envers des Gilets Jaunes ; ou encore l’exonération totale des forces de l’ordre dans les violences policières au moment même où à Nantes un jeune homme est toujours porté disparu suite à une charge policière.


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