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Accusé de viol, PPDA se pavane et se victimise à la télé

Patrick Poivre d’Arvor, l’ex-présentateur des JT de TF1, était invité mercredi soir sur le plateau de Quotidien. A l'oeuvre une véritable entreprise de victimisation de l'accusé. Accusé de viols par l’écrivaine Florence Porcel, il s’est dédouané tout en expliquant qu' « il y avait parfois des petits bisous dans le cou ».

Olga Hagen

4 mars 2021

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Début 2021, Florence Porcel publie son livre Pandorini. Elle y décrit une relation avec l’un des hommes les plus célèbres de France ; une relation sous emprise, dans laquelle la jeune femme subira plusieurs viols. Bien que le livre soit sous forme de fiction, elle déclare sur son Instagram « On ne va pas se mentir : c’est mon histoire. Je l’ai transformée en fiction parce que je ne peux pas donner le nom de cette rencontre, pour des raisons évidentes ». Le nom de son agresseur est révélé quelques semaines plus tard avec la plainte posée par l’écrivaine contre Patrick Poivre d’Arvor…

Une tribune médiatique pour PPDA

Ce mercredi, l’ex-présentateur était invité à répondre à une interview sur Quotidien pour s’exprimer médiatiquement face aux accusations de viol. Pour lui, elle ne sont que « de l’affabulation ». Il accuse Florence Porcel de porter envers lui de fausses accusations, « tout ça parce qu’elle avait un livre à promouvoir  ».

Pourtant plusieurs accusations ont découlé de cette plainte. En effet, les comportements sexistes de PPDA étaient connus dans les couloirs de TF1. Florence Porcel déclare sur son compte Instagram : «  Le pire (mais c’est encore une fois tristement banal), c’est que tout le monde le sait. ». En effet Le Parisien, qui avait dévoilé l’enquête, évoquait le fait que «  À TF1, les anciennes alertent chaque nouvelle recrue ». Avances répétées, assauts sur les collègues femmes, lettres insistantes… constituaient le climat qui régnait en sa présence dans les locaux de la chaîne nationale. Il existait même une règle tacite entre toutes les femmes de TF1, consistant à ne pas se retrouver seule dans un ascenseur avec le présentateur.

Dans l’interview, PPDA répond à cette information : « C’est faux […] On ne l’avait pas dit de moi, on l’avait dit d’un homme politique [VGE] comme une espèce de blague.  ». Comment parler de blague quand un homme est connu pour que les femmes qui le côtoient se trouvent dans l’obligation d’éviter d’être seules avec lui ? Mais PPDA ne se démonte pas une seconde, il poursuit en expliquant qu’il appartiendrait à une génération «  où le jeu de la séduction a son importance  ». Et lorsque Yann Barthès répond sur la notion de pouvoir, PPDA répond « Quand on parle de relations amoureuses, il n’y a pas de pouvoir. »Pire encore il va revenir sur les agissements qui lui sont reprochés en ces termes :« ce comportement où il y avait parfois des petits bisous dans le cou, parfois des petits compliments, du charme, ou de la séduction, n’est plus accepté aujourd’hui par la jeune génération », ce qu’il « regrette. » Une réponse particulièrement édifiante qui rend une fois de plus palpable la banalisation dont jouit le harcèlement sexuel et la tranquilité de ceux qui le perpétuent qui se permettent de telles déclarations devant des milliers de spectateurs .

Quand l’accusé cherche à se placer en victime

L’entreprise de victimisation de PPDA est particulièrement claire dans les propos de Claire Chazal qui explique qu’il est regrettable que « des bourreaux supposés soient jetés en pâture devant le tribunal de l’opinion et le tribunal médiatique ». Elle transforme ainsi PPDA en la victime d’une cabale mensongère. Celui-ci partage évidemment cette logique puisque comme il l’a expliqué sur le plateau il compte porter plainte pour « dénonciation calomnieuse  » contre Florence Porcel.

Mais PPDA ne reste pas seul dans sa tentative de victimisation, les médias dominants sont souvent d’une grande aide. Ici, PDDA est reçu comme un homme victime d’une accusation difficile à porter. Il est ménagé par Yann Barthès, comme lorsque ce dernier lui pose la question pour savoir s’il y a eu, selon lui, viol ou pas – ce qui est de base le sujet de l’interview -, et s’avoue « désolé de [lui] poser cette question aussi crue  ».

De même, PPDA cherche à attiser la pitié à son égard dès le début de l’interview. Lorsque Barthès lui demande comment il a appris la plainte il répond : « J’étais au téléphone avec ma sœur qui se relevait d’une opération chirurgicale assez lourde, et j’ai vu des sms d’un journaliste du Parisien qui me sommait de répondre à des accusations que je ne connaissais absolument pas. [...] Le ton était assez comminatoire, assez désagréable. ». Cette rhétorique perdure tout le temps de l’interview, où PPDA déclare aussi s’être « retrouvé face à une tempête effroyable.  ».

A un moment de l’émission, PPDA déclare même qu’après avoir ressenti énormément de colère, il a ressenti aussi une «  forme de compassion pour cette femme  », cherchant là encore à se faire passer pour l’homme innocent, compréhensif et qui reste doté de raison et de recul face à la fausse accusation d’une supposée hystérique sortie de nulle part.

Pour finir, le présentateur semble se préoccuper du fait que « l’honneur » de PPDA ait été sali, et demande comment il compte le rétablir. Puis l’émotion arrive à son apogée à la fin lorsque PPDA déclare « tenir et se tenir » pour « sa femme, ses enfants, ses amis et tous ceux qui le soutiennent  ».

Toute cette logique de transformation de l’accusé en victime s’inscrit à merveille dans la soiré médiatique de ce mercredi : PPDA était invité par Quotidien sur TMC, mais Carlos Ghosn était reçu sur LCI, Nicolas Sarkozy sur TF1, et Isabelle Balkany sur C8. On voit ainsi de quel côté se situent les médias dominants : celui de l’impunité des puissants.


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