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Anti-démocratie

Abrogation de la réforme des retraites : la macronie confirme interdire tout vote à l’Assemblée

Alors que l’opposition voulait réintroduire l’abrogation de la réforme des retraites dans la proposition de loi LIOT demain, la présidente l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a annoncé qu’elle déclarera les amendements « irrecevables » au titre de l’article 40 de la Constitution et empêchera le vote.

Gabriella Manouchki

7 juin 2023

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Abrogation de la réforme des retraites : la macronie confirme interdire tout vote à l'Assemblée

Crédits photo : Capture d’écran BFM TV

Ce matin sur BFMTV, la présidente Renaissance de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a annoncé ses intentions vis-à-vis du vote de la proposition de loi LIOT qui devait se tenir demain : « Quoiqu’il se passe, il n’y aura pas d’abrogation de la réforme des retraites (…) Les amendements concernant l’article 1 seront déclarés irrecevables  ».

Sans surprise, la majorité poursuit son plan : après avoir supprimé l’article 1 abrogeant la réforme des retraites en Commission des affaires sociales mercredi dernier, moyennant différentes manœuvres, la majorité empêche sa réintroduction par amendements au titre de l’article 40 de la Constitution.

La semaine dernière, Aurore Bergé n’a cessé de rabâcher « on n’a pas peur de la démocratie et du vote », oubliant évidemment de préciser : pas peur du vote et de la démocratie dans une petite commission de l’Assemblée, où les voix discordantes ont été remplacées la veille du vote, pour s’assurer du résultat. Même le vote en séance plénière de l’Assemblée nationale (pourtant bien peu représentative des travailleurs) devient un calvaire à éviter pour la macronie.

Si la majorité martèle qu’elle ne fait « qu’appliquer la loi pendant que eux [l’opposition] utilisent toutes les manoeuvres imaginables pour tromper les citoyens » le recours à l’article 40 est bien un ultime coup de force législatif à l’encontre de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés depuis le 19 janvier.

Une manœuvre qui s’inscrit dans la suite logique du passage en force de la réforme des retraites par le gouvernement : du recours au 49-3 à la répression de millions de grévistes et manifestants, comme on l’a encore vu dans la manifestation d’hier, la macronie n’a jamais laissé de doutes quant à ses intentions.

En réaction aux annonces de Yaël Braun-Pivet, Mathilde Panot a annoncé le dépôt d’une nouvelle motion de censure contre le gouvernement. Une tentative qui apparaît largement désespérée et, au même titre que les nombreuses réactions d’élus d’opposition, peine à cacher l’impasse politique d’une stratégie institutionnelle dans le cadre des mécanismes autoritaires et antidémocratiques de la Vème République.

De son côté, l’intersyndicale a enjoint l’ensemble des travailleurs à se ranger derrière cette stratégie parlementaire : alors qu’il existait la possibilité d’imposer à Macron le retrait de la réforme sur le terrain de la lutte de classe, par une grève générale reconductible elle n’a appelé à faire grève et à manifester que pour « faire pression » sur les institutions. En appelant, plus d’un mois après le 1er mai, à se mobiliser une dernière fois pour peser sur le débat qui aurait dû se tenir le 8 juin à l’assemblée, elle n’a fait que semer des illusions dans la possibilité de gagner sans élargir et durcir le mouvement de grève, tout en participant à faisant retomber la pression et à vider les cortèges.

Si Laurent Berger ne s’est pas caché de siffler la fin de la partie, assumant ouvertement appeler à « une dernière manifestation » ce mardi, Sophie Binet a fait croire jusqu’au dernier moment que Yaël Braun-Pivet pourrait se montrer « raisonnable » et accepter gentiment les amendements de l’opposition pour abroger la réforme des retraites. Ainsi, comme nous l’écrivions hier « la secrétaire générale de la CGT, après des mois et des mois à essuyer échec sur échec à l’Assemblée nationale, au Sénat ou au Conseil constitutionnel, se contente de reconduire une logique d’interpellation élargie jusqu’aux rangs des macronistes. »

Face à la détermination de Macron et des classes dominantes à nous faire payer la crise en s’appuyant sur les outils les plus antidémocratiques de la Ve République et sur une répression féroce, il est urgent de tirer les bilans d’une séquence politique riche en enseignements et en possibilités pour notre classe. Dans ce cadre, la responsabilité de la direction du mouvement, l’intersyndicale nationale, dans la défaite revendicative qui semble se confirmer est une question centrale pour penser comment repartir à l’offensive pour gagner sur les retraites, mais aussi sur les salaires et contre l’autoritarisme du gouvernement.


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