Internationalisme

A propos de la XIIe conférence de la Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale

A propos de la XIIe conférence de la Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale

Les 13 et 14 mai derniers s’est tenue en ligne la XIIe Conférence de la FT-QI, avec la participation de délégations de nombreux pays. L’occasion de revenir sur la situation internationale éruptive, l’intervention de la FT, notamment dans les grandes batailles récentes en France et au Pérou, et ses perspectives comme organisation internationale.

Les 13 et 14 mai derniers s’est tenue en ligne la XIIe Conférence de la Fraction trotskyste pour la Quatrième Internationale (FT-QI), avec la participation de délégations du Partido de Trabajadores Socialistas (PTS-Argentine), Révolution Permanente (RP-France), Left Voice (LV-USA), Partido de Trabajadores Revolucioncionarios (PTR-Chili), Movimento Revolucionário de Trabalhadores (MRT-Brésil), Movimiento de Trabajadores Socialistas (MTS-Mexique), Liga Obrera Revolucionaria (LORCI-Bolivie), Corriente Revolucionaria de Trabajadoras y Trabajadores (CRT-Espagne), Revolutionäre Internationalistische Organisation (RIO-Allemagne), Frazione Internazionalista Rivoluzionaria (FIR-Italie), Liga de Trabajadores Socialistas (LTS-Venezuela), Corriente Socialista de las y los Trabajadores (CST-Pérou), Organización Socialista Revolucionaria (OSR-Costa Rica) ; Corriente Socialista de Trabajadores (CST-Uruguay) et des camarades de la FT au Royaume-Uni.

En plus des différentes délégations, des observateurs des différentes directions des organisations de la FT ont pu se connecter et assister à la conférence qui s’est tenue grâce à un dispositif de traduction simultanée en anglais, français et espagnol. La XIIe conférence se poursuivra par une seconde session, cette fois en présentiel, au mois de décembre 2023.

La première journée de débat s’est concentrée sur la situation internationale, un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Après un rapport d’ouverture de Matias Maiello et de Claudia Cinatti, une discussion s’est ouverte, centrée sur les tendances profondes de l’époque impérialiste (crises, guerres, révolutions) qui reviennent au premier plan de la situation. Une réactualisation de cette époque qui s’exprime sur le terrain militaire et géopolitique par la guerre Russie/Ukraine/OTAN, par les tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine, et par la tendance à la formation de blocs de puissances rivales, mais aussi par les perspectives incertaines de l’économie internationale - avec les menaces de nouvelles crises bancaires et de crises de la dette - et par un nouveau cycle de lutte des classes stimulé par les conséquences de la pandémie, de la guerre et du durcissement de la bourgeoisie et de ses États.

Les apports et conclusions issus de cette première journée de débat ont été intégrés au document de la conférence, intitulé « La réactualisation de l’époque de "crises, guerres et révolutions" et les perspectives pour une gauche révolutionnaire internationaliste », et qui vient d’être publié. Les débats se sont également appuyés sur différents articles et contributions telles que « La guerre en Ukraine et la réactualisation des tendances aux crises, aux guerres et aux révolutions » de Claudia Cinatti, « La fin des "vents arrières favorables" de la mondialisation néolibérale » de Juan Chingo, ou « Au-delà de la restauration bourgeoise. 15 thèses sur la nouvelle scène internationale en débat avec Maurizio Lazzarato », d’Emilio Albamonte et Matías Maiello.

Lors de la seconde journée, les débats ont été consacrés à la situation et les perspectives ouvertes par la récente lutte contre la réforme des retraites en France, et en particulier sur la possibilité qu’émerge une véritable gauche révolutionnaire dans ce pays.

La discussion s’est ouverte sur une introduction de Juan Chingo, membre de la direction de Révolution Permanente, par la suite enrichie par des interventions de certains des dirigeants de RP, parmi lesquels Ariane Anemoyannis, Daniela Cobet, Adrien Cornet, Anasse Kazib, Elsa Marcel, Paul Morao et Laura Varlet. Les échanges ont permis de revenir sur la séquence politique, la stratégie de l’intersyndicale et la politique menée au travers du Réseau pour la Grève générale qui a représenté un véritable pôle de référence pour l’avant-garde et les secteurs en grève. La discussion a également permis de faire le point sur les avancées importantes de Révolution Permanente dans le mouvement ouvrier, la jeunesse et les milieux intellectuels, quelques semaines après la venue en Argentine de Clément Allochon, dirigeant cheminot de Révolution Permanente, qui a participé à un grand meeting du 1er mai du Frente de Izquierda de los Trabajadores – Unidad (FIT-U) et organisé un grand nombre de topos au cours de son séjour en Argentine. Un changement de localisation pour l’organisation sur lequel insistent différents journalistes, dans lequel le journal Révolution Permanente, membre du réseau La Izquierda Diario a joué un rôle en devenant un des médias de la bataille des retraites.

Tous ces éléments ouvrent la perspective d’un saut de construction pour RP, témoignant de l’espace qui existe pour construire un véritable parti révolutionnaire en France. Dans ce contexte, Emilio Albamonte a insisté sur le changement que signifiait cete dynamique pour l’ensemble de la FT-QI, qui peut s’appuyer désormais sur deux « moteurs », avec le développement de Révolution Permanente en France comme nouveau centre de la FT européenne, en plus du poids traditionnel du PTS en Amérique latine.

Cette situation nouvelle redouble notre conviction de lutter pour une reconstruction de la Quatrième Internationale, comme le propose la Fraction trotskyste. Nous le faisons en partant du principe que cette reconstruction ne sera pas le produit du développement graduel de notre seule tendance internationale mais le résultat de la fusion des ailes gauches des organisations marxistes révolutionnaires et des secteurs de l’avant-garde des travailleurs et de la jeunesse orientés vers la révolution sociale. C’est dans ce sens que la FT-QI s’est enrichie de différentes organisations qui en font aujourd’hui partie. Actuellement, nous développons une relation d’échange fraternel avec le groupe trotskyste sud-coréen March to Socialism.

D’autre part, en Argentine, le PTS mène une lutte préparatoire fondamentale pour accroître l’influence politique de la gauche révolutionnaire sur des pans entiers des masses par le biais d’une grande agitation politique, en avançant dans la construction d’un parti implanté dans les secteurs stratégiques de la classe ouvrière et du mouvement étudiant. Dans le cadre du Front de Gauche et des Travailleurs Unité (FITU), le PTS vient de mener une bataille politique importante à Jujuy, où le dirigeant du PTS Alejandro Vilca a obtenu 12,8% des voix en tant que candidat au poste de gouverneur (le meilleur résultat de la gauche révolutionnaire dans une élection exécutive provinciale depuis la fin de la dictature en 1983) et est arrivé en troisième position malgré les manœuvres frauduleuses du régime. Dans le même temps, le PTS mène une lutte politique importante sur le programme, la stratégie et la pratique politique au sein du FIT-U.

Dans l’ensemble, la session virtuelle de la XIIe Conférence s’est déroulée dans un contexte d’intense activité. Rien qu’au cours des derniers mois, outre la France, la FT-QI a été impliquée dans le soulèvement au Pérou, qui se trouve actuellement dans une période de recul de la lutte. La Corriente Socialista de las y los Trabajadores (CST) au Pérou, avec ses forces initiales, a lutté pour établir des traditions et étendre son influence. Dans le cadre de l’activité internationaliste de la FT-QI, des camarades de la LOR-CI en Bolivie, du PTR au Chili, du MRT au Brésil et du PTS en Argentine, dont Alejandro Vilca (député) et Alejandrina Barry (législatrice) qui, entre autres, ont reçu les dénonciations de la répression pour les faire connaître au plan international, se sont également déplacés pour manifester leur solidarité avec ce processus de lutte du peuple péruvien.

D’autre part, au Chili, le PTR vient de jouer un rôle de premier plan dans la campagne pour le vote nul aux élections du Conseil constitutionnel, taillé sur mesure pour la droite avec laquelle la bourgeoisie chilienne entend laisser derrière elle le grand élan de masse de 2019. Autour de leur déclaration « A bas l’accord constitutionnel fallacieux et antidémocratique : ce 7 mai, nous appelons à un vote nul, pour reprendre la lutte pour les revendications du peuple et des travailleurs », ils ont réussi à réunir d’importants intellectuels, personnalités et organisations de gauche.

Au Mexique, le MTS, à travers le regroupement politico-syndical « Assemblée des travailleurs en lutte », a organisé un bloc militant et indépendant le 1er mai, dans le cadre de la mobilisation appelée par la Nouvelle centrale ouvrière du SME et la CNTE, et le 8 mars, il a organisé un cortège de Pan y Rosas avec plus de mille camarades féministes.

En Allemagne, les camarades de Revolutionäre Internationalistische Organisationde (RIO) ont récemment lancé leur organisation de jeunesse. Les camarades de Corriente Revolucionaria de Trabajadoras y Trabajadores (CRT) font campagne pour les élections régionales et locales à Madrid, Barcelone et dans d’autres villes. Et nos camarades du MRT au Brésil ont déployé une importante campagne contre la précarité pour l’abrogation totale de la réforme du travail, qui a rassemblé des centaines d’intellectuels autour du « Manifeste contre la sous-traitance et la précarité du travail ». Pour ne citer que quelques-unes des campagnes menées par les différentes organisations de la FT-QI.

A ces campagnes s’ajoute des initiatives théorico-politiques et l’animation de débats dans la gauche intellectuelle, par exemple ceux organisés par le MRT, à travers le cycle « Esquerda em debate », qui a déjà accueilli Michel Löwy, Jorge Luiz Souto Maior, Ricardo Antunes, Vladimir Safatle, Plínio de Arruda Sampaio Jr, Lincoln Secco, Isabel Loureiro, parmi beaucoup d’autres, et dont le contenu a été publié sous forme de livre par Edições Iskra.

Débats et élaborations théoriques que la FT-QI continue à promouvoir systématiquement chaque semaine à partir de ses différentes publications théoriques : Ideas de Izquierda et Armas de la crítica d’Argentine, Left Voice Magazine des États-Unis, Contrapunto d’Espagne, Ideias de Esquerda du Brésil, RP Dimanche de France, Ideas Socialistas du Chili, Ideas de Izquierda du Mexique, Ideas de Izquierda du Venezuela, Klasse Gegen Klasse Magazin d’Allemagne et Egemonia d’Italie. Egalement avec le Centro de Investigaciones y Publicaciones "León Trotsky" (d’Argentine et du Mexique), avec le Campus virtuel, ainsi qu’avec les Editions Iskra du Brésil, les Ediciones IPS d’Argentine, ou les éditions Communard.e.s de France.

Poursuivant un travail systématique d’élaboration théorique qui comprend, parmi les livres les plus récents, Mariátegui. Teoría y revolución de Juan Dal Maso, De la movilización a la revolución de Matías Maiello, ou Revolución obrera en Bolivia – 1952 d’Eduardo Molina, ainsi que des compilations avec des études introductives comme Mujeres, revolución y socialismo (également publié en portugais), des textes marxistes contemporains à débattre comme La natuere contre le capital de Kohei Saito, ou des classiques comme le Manifeste communiste, parmi beaucoup d’autres.

Dans cette synthèse, nous cherchons à présenter très brièvement l’activité internationaliste et les débats qui ont traversé la session virtuelle de la XIIe Conférence. Lors de la seconde session de la conférence qui se tiendra en décembre 2023, nous procéderons à une analyse détaillée de la politique que nous avons développée pour un Mouvement pour une Internationale de la Révolution Socialiste - Quatrième Internationale et des moyens de reconstruire la Quatrième Internationale.

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