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Témoignage. Le 21 septembre dans le Nord

A Valenciennes, les manifestants défient la police et bloquent la circulation des trains

Ce jeudi 21 septembre, la ville industrielle du Hainaut a vu défiler 2000 manifestants contre les ordonnances Macron, un peu moins nombreux que le 12 mais tout aussi déterminés, si ce n’est plus. Les travailleurs ont décidé de radicaliser leur action en sortant du parcours de la manifestation pour mener une action de blocage des voies ferrées. « Les gens comprennent que ce qu’il faut, c’est bloquer l’économie », explique Antony Delsaux, secrétaire adjoint de la CGT PSA Valenciennes, que nous avons interviewé.

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A l’image de sa forte concentration ouvrière, Valenciennes fait partie de ces villes du Nord qui peuvent compter sur une forte combativité des travailleurs, notamment dans le secteur de la métallurgie. Ce jeudi, le cortège était composé en bonne partie de délégations d’ouvriers de Mercedes, Toyota, PSA, Sevelnord pour le secteur automobile, ainsi que des travailleurs de la santé, de l’énergie, et des jeunes.
« La manifestation est partie de la place d’armes selon le parcours déposé en préfecture, raconte Antony. La police nous attendait devant la gare de Valenciennes, mais au dernier moment on a bifurqué à travers l’ancienne gare pour envahir les voies de chemin de fer. Le but, c’était d’attirer l’attention, mais surtout de bloquer l’économie. C’était les voies de trains de marchandises, donc ça a plus d’impact. La police ne nous a vus qu’une fois qu’on était sur les rails. On les a surpris, ils ne savaient plus où donner de la tête ! Ils couraient partout, prenaient les sens interdits à moto, ils ne s’y attendaient vraiment pas. Du coup ils ont pris place sur les rails pour s’opposer à nous, mais ils n’étaient pas très nombreux, ils n’avaient pas le rapport de force donc ils sont restés tranquilles. Ils avaient des flashballs mais ils ne s’en sont pas servis, de toute façon ils étaient minoritaires donc ils ne pouvaient rien faire. On a bloqué pendant une bonne heure, beaucoup de trains de marchandises étaient à l’arrêt ».

« En bloquant l’économie, on touche directement le gouvernement »

Pour Antony, la colère gronde et n’est pas près de s’estomper chez les travailleurs, bien au contraire : « Les gens ont envie de continuer le mouvement. L’action de blocage des rails a amené quelque chose de plus, les gens ont vu que ça allait agir, qu’on allait commencer à bloquer, et c’est ça que les gens attendent, qu’on bloque. Parce que pour eux, les manifestations quand c’est juste faire un tour et repartir, ça sert à rien, ça ne donne pas de rapport de force. Alors qu’en bloquant l’économie, on touche directement le gouvernement ».

Ouvrier à PSA Valenciennes et militant CGT, Antony mène un travail de terrain quotidien pour convaincre ses collègues de rejoindre le mouvement : « On leur explique que maintenant avec un simple accord d’entreprise ils vont pouvoir baisser nos salaires, augmenter le temps de travail… et petit à petit ça paye parce qu’on voit des nouvelles personnes se mettre en grève. Ce jeudi, on était une cinquantaine de grévistes de l’usine. C’est encore peu, mais ce qui est positif c’est qu’il y avait des syndiqués mais aussi des non-syndiqués, et ça on n’a pas l’habitude. Les travailleurs n’attendent qu’une chose pour se mobiliser, c’est que ça bouge autour. Ils attendent beaucoup des routiers par exemple. Ils se disent que si tout le monde se met en grève, ça peut changer la donne ».

« On est dans l’attente d’une nouvelle date de mobilisation de la part de la confédération CGT »

Pour Antony, il ne fait aucun doute que cette colère légitime des travailleurs, si elle s’exprimait par des grèves massives, pourrait mettre en danger les plans du patronat et du gouvernement : « Même si les ordonnances sont passées, c’est possible de les faire retirer, comme la loi El Khomri. Si on construit le rapport de force par la mobilisation, tout est possible ». C’est bien pour cela que la hiérarchie de PSA reste sur ses gardes : « Dans l’usine à chaque fois qu’on laisse des tracts quelque part, en deux minutes ils sont retirés. On m’a même menacé de me retirer ma servante si je laissais des tracts dessus ! Donc en gros ils sont prêts à me retirer mon outil de travail pour des tracts CGT. »

Comme ses camarades, Antony est confiant dans l’avenir du mouvement, mais il est bien conscient que pour gagner, il va falloir passer à la vitesse supérieure : « On est dans l’attente d’une nouvelle date de mobilisation de la part de la confédération CGT. Je pense qu’ils auraient dû embrayer dès la semaine dernière, en annonçant une date de mobilisation après le 21. On devrait se mobiliser toutes les semaines ». De son point de vue, l’appel de l’UD CGT du Nord à se mettre en grève reconductible dès le 21 septembre trouve tout son sens, même s’il reste du chemin à parcourir : « En réalité ce qu’il faudrait c’est se mettre en reconductible. Pour l’instant on n’en est pas là mais si le mouvement prend de l’ampleur, je pense que c’est possible ».

Car pour lui la clé reste le blocage de secteurs clés de l’économie : « En 2016, ce qui avait bien marché c’était le blocage des raffineries. A Valenciennes on avait bloqué la raffinerie de Douchy-les-Mines pendant 6 jours et ça avait paralysé toute la région, au point que les CRS étaient venus nous déloger ! Aujourd’hui, on est prêts à recommencer. Et s’ils viennent nous déloger, on reviendra deux jours plus tard et ainsi de suite jusqu’à être entendus ! »


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