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L’hôpital contre-attaque

Un plan Hirsch à Morlaix. Les hospitaliers résistent

Camilla Ernst Afin de satisfaire aux exigences du plan triennal d'économies sur l'Assurance Maladie fomenté par Marisol Touraine et qui prévoit 10 milliards d'euros d'économie d'ici 2017, la directrice du centre hospitalier des pays de Morlaix (Finistère), Ariane Bénard, a lancé en avril son « plan de retour à l'équilibre ». Emule de Martin Hirsch, c’est évidemment sur le dos des personnels qu’elle compte réaliser des économies pour combler un déficit de 2 milliards d'euros. A Morlaix comme à l’AP-HP et dans bien d’autres hôpitaux, se mettent en place des mesures drastiques qui remettent en cause les acquis sociaux et menacent, à brève échéance, la prise en charge des patients déjà largement dégradée.

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Manifs et grèves s’enchaînent pour dire « non » aux mesures austéritaires

A Morlaix, la mobilisation a été d’ampleur, en riposte à la rigueur imposée par le plan d’économies annoncé. Ce ne sont pas moins de 500 agents hospitaliers (sur les 2500 qui travaillent au centre hospitalier) qui sont descendus dans la rue le 28 mai dernier, à l’appel de l’intersyndicale CGT-Sud Santé-CFDT, pour protester contre « l’hôstérité » programmée. Le 24 juin, 60 d’entre eux ont bloqué le conseil de surveillance du centre hospitalier et le lendemain, ils se sont à nouveau retrouvés à 500 à l’occasion de la journée nationale d’action contre les mesures austéritaires dans l’ensemble du secteur de la Santé.

La trêve estivale n’a en rien refroidi leur détermination. Après une première grève qui a rassemblé une centaine d’employés le 4 septembre, un nouveau préavis de grève vient d’être déposé par l’intersyndicale pour le jeudi 17 septembre. L’objectif est non seulement de mobiliser les personnels hospitaliers mais aussi de rallier les usagers à la lutte qui est menée pour la défense des intérêts communs des personnels et des patients.

La mobilisation se veut à la hauteur des mauvais coups que contient le plan d’Ariane Bénard. Ce plan prévoit le retrait de 3 jours de RTT par agent et une application stricte des 35h avec le passage du temps de travail journalier de 7h36 à 7h30. Deux mesures qui entraîneront la suppression de 22 emplois équivalents-temps plein avec les conséquences que l’on peut imaginer sur la prise en charge des patients et le stress qui en résultera pour les personnels soucieux de la qualité des soins.

Non content de rogner sur les effectifs et d’accroître, de fait, la charge des personnels, le plan prévoit des économies plus structurelles avec l’accélération de l’ambulatoire au détriment de l’hospitalisation et la fermeture de lits en chirurgie. Quant aux personnels non médicaux, ils devraient subir un ralentissement très net du déroulement de leur carrière.

Pour légitimer ses attaques la directrice agite l’épouvantail de la mise sous tutelle de l’établissement. Outre le fait qu’il s’agit d’une pure hypocrisie quand on sait que ce risque n’existe qu’à partir d’un déficit de 3% du budget global, alors que celui de son établissement est à 1,5%, il faut rappeler que l’équilibre budgétaire d’un centre hospitalier devrait être obtenu en ajustant les ressources aux besoins et non l’inverse.

Comme une impression de déjà-vu

Suppression de RTT, suppression de postes, application stricte du travail en 7h30... Ces mots résonnent à nos oreilles comme une rengaine trop entendue. Et pour cause, ce sont les mêmes mesures qui sont intégrées au plan Hirsch et contre lesquelles se battent les hospitaliers de l’AP-HP depuis le mois de mai.

Un point commun entre ces deux conflits est que la défense des conditions de travail se combine avec celles de soins pour les usagers. Car le risque c’est un personnel épuisé et surchargé de travail, une diminution du temps d’écoute des patients, des soins effectués à la chaîne et un temps de transmission orale sacrifié.

Néanmoins, alors qu’à Paris le slogan qu’on entendait dans les manifestations du personnel hospitalier était « Ni amendable, ni négociable, retrait du Plan Hirsch ! » (mot d’ordre qui en remplaçant « Hirch » par « Bénard » pourrait être repris par leurs collègues bretons), à Morlaix l’intersyndicale est plutôt sur une démarche de négociation et de recherche des mesures alternatives (vente de patrimoine immobilier, ou la suppression de postes de directeur).

La date du 17 septembre, où une journée de mobilisation est prévue aussi bien à Morlaix qu’à Paris, pourrait ainsi devenir un point de convergence de ses luttes qui ayant autant d’aspects communs, se mènent pour l’instant séparément. C’est d’autant plus vrai que les mobilisations sont nombreuses en France dans le secteur de la santé, de Caen à Nantes, du Mans à Vallognes, sans toutes les citer.


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