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Les détails de l'affaire

À Montpellier 3, le president embauche la sécurité privée de LREM

Ce mardi 11 décembre, Médiapart a sorti une enquête réalisée sur la sécurité privée de l'Université Paul Valéry à Montpellier, qui révélait que certains agents de cette sécurité privée ont été recrutés par La République En Marche. Retour plus en détails sur cette affaire.

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Crédit photo : vu sur npaherault.blogspot.com

Suite à l’enquête de Mediapart sortie ce mardi, nous avions déjà relayé le communiqué du syndicat Solidaires Etudiant-e-s Montpellier, mais il nous semblait important de revenir plus en détail sur cette affaire scandaleuse.

Pour rappel des faits, lors de la mobilisation du printemps dernier, la présidence de l’Université se servait de sa sécurité privée, Prosegur, pour contenir du mieux qu’elle pouvait les étudiants mobilisés (contrôle de carte à l’entrée de la fac, etc). Cependant après que les serveurs informatiques de la fac aient été mis hors-service pour empêcher la tenue des partiels, la présidence, plutôt que de demander des renforts à Prosegur, a préféré faire appel à une autre société privée, APS Sud, et ce sans aucun appel d’offre ni mise en concurrence.

Cette nouvelle sécurité réprime durement le mouvement étudiant local et intervient beaucoup plus violemment pour empêcher les étudiants de se mobiliser, n’hésitant par exemple pas à intervenir avec des chiens.

Pour justifier l’embauche si soudaine d’APS, Patrick Gilli, le président de la fac, a invoqué le fait qu’ils étaient en « situation d’urgence impérieuse ». On est alors en droit de se demander pourquoi la société Prosegur qui, comme le précise Mediapart « sécurise des aéroports, convoie des fonds, supervise des systèmes de télésurveillance et emploie quelque 5 500 collaborateurs dans 27 villes en France » aurait été dans l’incapacité d’envoyer des forces supplémentaires sur Paul Valéry ? La réponse n’est pas à chercher bien loin : un des dirigeants de la société révèle ceci : « Nous n’avons pas reçu de demande pour cette mission-là. On a vu ça directement par le biais des médias et des réseaux sociaux. »

Plus encore, selon, les calculs de Mediapart, APS Sud, qui est intervenue à de nombreuses reprises sur la fac aurait touché plus de 260 000 euros pour ses prestations. Un chiffre astronomique qui fait étrangement écho avec le montant la facture que brandissait Patrick Gilli (300 000 euros) à la fin de la mobilisation du printemps dernier qui servirait à soi-disant remplacer le matériel dégradé par les étudiants mobilisés.

Mais ces petites manœuvres de la direction de la fac, bien que déjà assez louches en elles-mêmes, ne sont que la partie visible de l’iceberg. Mediapart révèle en effet le cœur de cette histoire, à savoir que le « chef site » de l’équipe détachée sur Paul Valéry, Kader Rahmouni, a été garde du corps de Macron et plus encore, un collaborateur de Benalla. Sur plusieurs images sorties en même temps que l’article, on peut voir Kader Rahmouni, accompagné d’Alexandre Benalla, assurer la sécurité d’Emmanuel Macron à de nombreuses occasions, ce qui confirme bien le fait qu’il était complètement intégré au dispositif de sécurité du président.

En plus de Macron, Kader Rahmouni a également été aperçu intervenant auprès d’autre figures de La République En Marche, notamment la députée de la 5ème circonscription de l’Hérault, Coralie Dubost. Il était également présent lors de la visite de la ministre des Sports, Laura Flessel à Montpellier en mai 2018.

Ses liens avec En Marche vont plus loin. C’est en effet Charlyne Péculier, la référente Occitanie des Jeunes avec Macron, qui a transmis à la direction de la fac le premier devis d’APS Sud. Mediapart a sorti un mail de Charlyne Péculier au vice-président de la fac François Perea : « Vous trouverez en pièce jointe le devis fait par Kader Rahmouni pour la surveillance de l’université. Cordialement ».

Cette enquête permet d’exposer au grand jour les magouilles et les connivences qui règnent entre les présidents d’université et le gouvernement. Il n’y a plus d’illusion à avoir sur la nature de ce genre de sécurités privées qui viennent réprimer violemment les étudiants mobilisés : il s’agit de véritables polices politiques.

A l’heure où la mobilisation étudiante éclate un peu partout en France avec plusieurs milliers de personnes dans plusieurs Assemblées Générales, on peut se demander pourquoi Montpellier reste encore en marge de cela. Même si de nombreux facteurs entrent évidemment en jeu, il est toutefois important de rappeler qu’APS avait été appelée sur la fac en début d’année, début octobre, lorsque les AG recommençaient à prendre. Les agents de sécurité avaient bloqué physiquement aux étudiants l’accès aux amphis et empêchaient les AG de se tenir.

Cette répression politique ne doit pas être sans conséquence pour les présidents d’université et ce gouvernement qui se croient tout permis. Partout en France, des AG massives continuent de se tenir, des lycées continuent d’être bloqués et des milliers de personnes continuent de se mobiliser dans la rue chaque semaine. Le mouvement étudiant ne se laisse pas réprimer sagement par les directions d’université et les manifestants ne baissent pas non plus la tête devant la répression policière. Au lendemain de l’allocution de Macron qui commence à montrer ses faiblesses et à mettre un genou à terre, il est crucial pour le mouvement étudiant de rentrer plus fermement dans la danse et de montrer au gouvernement qu’il fait bien d’avoir peur de la jeunesse et de ce dont elle est capable quand elle se soulève.


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