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À Donges, journée de grève contre la mise à l’arrêt de la raffinerie par Total

Après avoir appris par les médias la mise à l’arrêt du site de Donges jusqu’au 31 mars, les raffineurs se sont mis en grève et ont obtenu un plan de travaux supplémentaires pour maintenir l’activité. Mais l’avenir du site reste incertain pour les salariés dont beaucoup dénoncent la politique criminelle de Total

Irène Karalis

5 décembre 2020

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Crédits photo : AFP

Le 24 novembre, les raffineurs du site de Donges (Loire-Atlantique) apprenaient par les médias la mise à l’arrêt de leur site jusqu’au 31 mars, soit pour une durée de quatre mois. Une mise à l’arrêt que Total justifie par un manque de rentabilité pendant que les travailleurs, eux, dénoncent la destruction d’emplois qu’elle pourrait représenter.

Pour Marin Guillotin, représentant syndical FO, que nous avions déjà interviewé en septembre dernier, étant donné la conjoncture actuelle, à savoir la crise économique accélérée par la pandémie, quatre mois, c’est beaucoup trop long, et notamment pour les intérimaires employés par des sociétés sous-traitantes, qui, en raison de leurs contrats précaires, risquent de se retrouver sur le carreau. Le raffineur explique comment, après l’annonce de la mise à l’arrêt, la préoccupation de nombreux salariés concernait les intérimaires, ces derniers craignant de perdre leur travail avant Noël. “On peut pas sacrifier ces salariés sur l’autel de la finance”, nous a-t-il lancé lors d’une interview. Mais ce spectre du chômage s’étend à l’ensemble des 650 salariés, quand on se rappelle le cas de la raffinerie des Flandres à Dunkerque en 2010 où, après avoir de la même manière annoncé une mise à l’arrêt provisoire du site, Total en a profité pour la fermer.

C’est donc face à cette menace et au flou de la volonté de la direction quant à l’avenir du site, que les organisations syndicales du site de Donges ont appelé à un mouvement de grève ce lundi 30 novembre. Dès cinq heures du matin, plusieurs centaines de salariés étaient sur le piquet. 98% d’entre eux ont voté pour la grève lors de l’Assemblée Générale qui s’est tenue.

Après un CSE convoqué en urgence par la direction, cette dernière a cédé sur l’intégration d’un plan de travaux supplémentaire afin de maintenir l’activité sur le site durant les quatre mois de mise à l’arrêt. Mais comme nous l’a expliqué Marin, si cette journée de grève a permis à tout le monde d’avoir du travail grâce au plan de travaux, l’avenir reste flou.

Si le prochain CSE qui aura lieu le 10 décembre apportera sûrement plus de réponses aux salariés, aujourd’hui, ces derniers veulent des garanties que le site va rester ouvert et que Total ne va pas brader leurs outils. Marin, qui était auparavant raffineur à Grandpuits, évoque le fait que cette situation lui rappelle celle de son ancien lieu de travail l’année dernière : alors que le site de Grandpuits était à l’arrêt en attendant de réparer un pipeline, Total en a profité pour annoncer l’arrêt des investissements dans le site et la reconversion du site, impliquant 700 suppressions d’emplois.

Les salariés de Grandpuits s’étaient alors mis en grève pour dénoncer cette politique criminelle de Total qui justifie par ailleurs la fermeture des sites et donc les suppressions d’emplois qu’elle implique par des arguments pseudo écologiques. Comme l’explique Marin, “Total est un groupe qui aime beaucoup faire de la communication” et se donner une bonne image, “ça évite de voir ce qui se passe en Ouganda”, affirme t-il, en référence notamment au projet Tilenga qui va piller ce pays d’Afrique.

Mais cette volonté de Total de délocaliser ses activités et de fermer les sites répond également à un besoin de couper l’herbe sous le pied aux travailleurs d’un secteur de la classe ouvrière particulièrement combatif, comme nous le rappelle le combat des retraites en 2010 et plus récemment celui de l’hiver dernier. L’année dernière, le groupe a ainsi tenté de faire pression sur les salariés de Grandpuits en les menaçant de fermer le site s’ils se mettaient en grève. Marin dénonce ce chantage, affirmant : “on nous a fait passer pour les méchants alors qu’on se battait pour nos retraites”. Une répression vicieuse qui s’est par la suite poursuivie pour les salariés les plus combatifs, comme le montre le fait que Marin n’ait plus entendu parlé de la mutation qu’il avait demandé pour pouvoir être plus près de sa fille suite au combat des retraites. Le raffineur lance : “j’ai remué ciel et terre, si ça c’est pas de la punition de syndicaliste”. Finalement, la direction l’a muté plus loin que ce qu’il demandait, à Donges. Et Marin de conclure : “c’est malheureux d’être puni parce que je combats un système capitaliste qui ne me plaît pas”.

Mais si Total ainsi que tous les autres patrons voyous mènent la barque pour l’instant, en imposant leur calendrier de suppressions d’emplois, la riposte peut s’organiser, à l’image des raffineurs de Grandpuits ou de la journée de grève des salariés de Donges. Dans un contexte où les capitalistes veulent faire payer la crise au camp des travailleurs pour sauver leurs profits, ces derniers ont tout intérêt à prendre confiance en leur force et à s’organiser.


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