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#NiMacronNiLePen

À Amiens, Marine Le Pen et Emmanuel Macron instrumentalisent les ouvriers de Whirlpool

La campagne pour le second tour a véritablement débuté ce mercredi à Amiens. Sur le site Whirlpool, menacé de fermeture, Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’ont pas hésité à se jouer des ouvriers qui, prochainement, risquent de perdre leurs emplois dans une région déjà sinistrée par le chômage.

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Ce sera peut-être un moment clé de l’entre-deux-tours. Lors d’un déplacement prévu de longue date, Emmanuel Macron rencontrait ce mercredi l’intersyndicale de Whirlpool à Amiens. Entre-temps, Marine Le Pen s’est rendue à la mi-journée sur le site de l’entreprise en difficulté pour y rencontrer des salariés. Suite à cette visite surprise de la candidate du FN, Emmanuel Macron, qui n’avait prévu qu’une rencontre avec l’intersyndicale, s’est rendu lui aussi au contact des salariés en colère, en grève depuis lundi pour sauver leurs emplois.


Macron joue à l’anti-Hollande et comptait snober les ouvriers

«  Je ne veux pas ici vous faire des promesses que je ne serai pas capable de tenir.  ». Cette phrase était prononcée par le candidat Hollande sur la camionnette de la CGT, en pleine campagne présidentielle, le 24 février 2012. L’actuel président avait, au travers d’une formulation ambiguë, promis aux travailleurs du site de Florange que les hauts fourneaux lorrains ne fermeraient pas. Un an plus tard, en 2013, la fermeture des hauts fourneaux lorrains était actée. Une fermeture qui avait hanté le quinquennat de Hollande, emprunte sous le signe du mensonge caractérisé.


Visite surprise de Le Pen à Whirlpool : "Elle... par BFMTV

Le candidat d’En Marche ! semble avoir retenu la leçon. «  Je ne suis pas là pour faire des promesses en l’air  », affirmait-il ce mercredi à Amiens. Emmanuel Macron prend l’initiative d’un changement de méthode. D’abord, le candidat néo-libéral avait décidé initialement de ne rencontrer que les syndicats à l’instar des ouvriers comme l’avait fait Hollande en 2012 à Florange. Une façon d’imprimer un « dialogue social » nouvelle génération pour celui en passe d’imposer à coup d’ordonnance une « loi El Khomri puissance 10 » contre le monde du travail.

Marine Le Pen contre-attaque à coups de mensonges…

À l’instant où l’entrevue entre Macron et l’intersyndicale s’achevait, un syndicaliste aurait reçu un SMS l’informant que Marine Le Pen était arrivée à l’usine Whirlpool, à quelques encablures. «  Quand j’ai appris qu’Emmanuel Macron venait ici et qu’il n’entendait pas rencontrer les salariés, j’ai trouvé que c’était tellement une preuve de mépris […] que j’ai décidé de sortir de mon comité stratégique et de venir vous voir », a affirmé la candidate du FN. L’opération médiatique surprise est bien montée, d’autant que Macron a choisit tactiquement de rencontrer les syndicats et non les salariés.

Ainsi, Marine Le Pen est passée quelques minutes sur le parking de l’entreprise pour asséner qu’« avec elle, l’usine ne fermerait pas ». « Je m’engage à sauver le site », est-il écrit dans un communiqué publié ultérieurement. Concrètement, Marine Le Pen propose une mise sous protection temporaire, via une prise de participation de l’État si nécessaire. « L’État mettra toute son énergie à trouver des repreneurs industriels sérieux », est-il écrit. Ce n’est ni plus ni moins qu’une vieille recette que Marine Le Pen ressort du placard : la nationalisation partielle pour socialiser les pertes et privatiser les bénéfices.

… de xénophobie et d’anti-syndicalisme

Marine Le Pen conclut son communiqué en rappelant qu’elle souhaite taxer à hauteur de 3 % tout produit qui sortira d’une usine délocalisée afin d’être importé et revendu sur le marché français. « C’est une mesure dissuasive qui permettra de maintenir les emplois sur le territoire français et d’éviter ce type de délocalisation scandaleuse ». De la sorte, Marine Le Pen décline son protectionnisme aux relents xénophobes sur le terrain de la lutte contre les délocalisations. Pourtant, loin d’être un frein à notre exploitation, ce protectionnisme amplifie nos divisions, en plaçant les frontières non entre les classes sociales mais entre les nations. Un protectionnisme qui favorise les patrons bien de souche.


Marine Le Pen sur le site de Whirlpool : "Je... par BFMTV

Marine Le Pen a par la suite reproché à Macron de rencontrer les syndicats au lieu du « piquet de grève ». Dans un communiqué, le FN enchérit en affirmant que « rien n’était plus important que le sort des salariés ». Une hypocrisie abjecte, d’autant qu’au printemps dernier, ces salariés elle n’en avait cure, surtout lorsqu’ils étaient militants et bataillaient contre la loi Travail. On se rappelle notamment de déclarations de Louis Aliot, vice-président du FN, à propos du mouvement : « Les résistances et les revendications de la CGT et SUD sont corporatistes. La grève est un système archaïque ».

Macron riposte : « On ne peut pas interdire les licenciements »

Emmanuel Macron ne tarde pas à riposter : « Marine Le Pen est donc venue à Amiens parce que j’y venais, tacle-t-il lors d’une conférence de presse. Bienvenue à elle. Mais Mme Le Pen n’a pas compris comment fonctionnait le pays ». Dans la foulée, il annonce qu’il se rendra sur place « avec l’intersyndicale » pour montrer quoi qu’il en soit sa volonté d’en faire la principale courroie de transmission de ses futures contre-réformes. En sortant, Macron glisse : «  C’est grossier, on ne vient pas exploiter la misère des gens.  ».Des salariés qu’il considérait, il y a peu, comme « illettrés ».


"Alors, est-ce que vous m’entendez ?", crie... par BFMTV

Une heure plus tard, le voilà à son tour sur le parking de l’usine. L’accueil est hostile. L’ex-banquier avance, non loin de pneus qui brûlent. Pour répondre aux ouvriers, il refuse de monter sur l’estrade, sa garde rapprochée l’ayant dissuadé, pour éviter toute similitude avec Florange. Surtout, il décide de ne pas tenir de promesses qu’il ne tiendra pas, à savoir maintenir les emplois. « On ne peut pas interdire les licenciements, il y a des licenciements qui se justifient, d’autres non  », affirme-t-il. C’est donc inéluctable pour Macron, dès lors, qu’un « plan de sauvegarde de l’emploi » sera « à la hauteur ».


Ni Macron et ni Le Pen

La détestation de l’ex-banquier est palpable chez les salariés de Whirlpool, un sentiment qui semble être plutôt partagé dans l’ensemble du milieu ouvrier. «  Macron, c’est l’Europe, c’est le patronat. Il a dit qu’on était illettrés  », grince Jérôme, vingt ans de maison, vêtu d’une polaire siglée Whirlpool. Il se dirige ensuite en direction des lourdes grilles de l’établissement. Il entre et rejoint une cinquantaine d’ouvriers. La grille se referme, comme la trappe d’un piège. «  La confiture, elle est bonne ? », l’interpelle une ouvrière.


Le face-à-face Macron avec les ouvriers de... par leparisien

Malgré la mise en scène, la détestation ne semble pas si nette pour la candidate du FN. On entendait retentir parfois des « Marine présidente ». Ainsi, avec un discours adressé aux travailleurs, au travers de mesures comme l’abrogation de la loi Travail ou la retraite à 60 ans, le FN a su conquérir une certaine audience dans le milieu ouvrier – 37 % de ceux qui votent –. Mais ce profil « anti-système » se démasque régulièrement de par ses pratiques, comme les emplois fictifs au Parlement européen, ses votes anti-ouvriers à Bruxelles ou encore ses mesures antisociales dans les mairies que le FN dirige.

Pour un délégué CGT de Whirlpool, c’est le choix entre « la peste ou le choléra »

Ainsi, aussi bien l’ex-banquier Macron, la peste, que la xénophobe Marine Le Pen, le choléra, sont des ennemis du monde du travail et de la jeunesse. Le premier prépare un plan de bataille contre le monde du travail et la jeunesse, la seconde distille xénophobie et racisme, pour diviser nos rangs pour in fine mieux servir le grand patronat français bien de souche. Un syndicaliste, chasuble CGT sur le dos, ne se trompe pas : «  Les candidats viennent récupérer des voix à cause des élections, je ne voterai ni pour l’un ni pour l’autre ».

Interrogé sur BFM TV, Tonio Abrunhosa, le délégué CGT de Whirlpool Amiens, a déclaré que le choix entre Macron et Le Pen était celui de « la peste ou du choléra ». Cela est d’autant plus vrai que depuis des années, on nous dit que pour éviter la peste, il nous faut soutenir, le cas échéant, le choléra. Au final, nous avons et la peste, et le choléra, qui se renforcent mutuellement. C’est en ce sens que pour l’ensemble des équipes syndicales, il nous faut appeler à l’abstention et à reprendre la rue le 1er mai, journée internationale des travailleurs et de solidarité avec les peuples du monde entier.


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