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Fin de campagne

A Albi, Macron tente de draguer l’électorat de gauche, avec peu de succès

Pour le dernier déplacement de sa campagne, Emmanuel Macron avait décidé d’aller à la rencontre des Albigeois dans le Tarn, sur les terres de Jaurès. Une opération pour tenter de convaincre des ouvriers pour lesquels il reste avant tout le « candidat de la finance ».}

Arthur Fontane

5 mai 2017

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Macron sur les terres de Jaurès pour finir la campagne

C’est en quelque sorte une tradition de la gauche républicaine depuis Mitterrand : il faut finir sa campagne dans le Sud Ouest. Traditionnellement, la « ville rose » et sa place du Capitole est choisie par les candidats pour clôturer leur course à la présidentielle : Mitterrand et Hollande avaient ainsi fait le choix de Toulouse. Cependant, cela aurait sûrement été un marqueur trop « à gauche » pour le centriste Macron, qui lui a préféré la préfecture du Tarn, à 80km de là. La ville n’en reste cependant pas moins attachée à la gauche : c’est la terre de naissance et le bastion de Jean Jaurès, fondateur de la SFIO et de L’Humanité. Le candidat d’En Marche ! cherchait donc à continuer son discours envers les électeurs de gauche, et particulièrement ceux de Jean Luc Mélenchon, dont les militants ont dit appeler à l’abstention ou au vote blanc à 65 %. Opération drague donc, avec au programme la visite de la Verrerie Ouvrière d’Albi (VOA), une coopérative ouvrière que Jaurès avait aidé à se créer en lançant une souscription nationale après que le patron l’usine avait décidé de fermer les locaux ; suivi d’un hommage à Jaurès devant sa statue ; en enfin un meeting sur la place du Vigan, à l’endroit même où le socialiste avait fait son célèbre « Discours à la jeunesse » en 1903.

Après Whirlpool, le banquier de Rothschild de nouveau chahuté par les ouvriers

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emmanuel Macron n’est pas apprécié par les ouvriers qui voient en lui un candidat au service des banques et des milieux financiers. Un point particulier reste en travers de la gorge de tous : la loi Travail, que Macron revendique pleinement et qu’il veut renforcer avec une « Loi travail XXL », qu’il promet pour l’été 2017. En effet, devant la Verrerie Ouvrière, Jérémy Lefevre, un délégué syndical de l’entreprise critique le candidat : « il vient ici pour le symbole, pour un discours, pas pour ce que représente la VOA. Tous ceux qui viennent se réclamer de Jaurès, ça fait des années qu’ils baissent les droits des salariés », pendant que d’autres syndiqués CGT clament haut et fort « Abolition de la loi Travail » ; « On vous sortira par ordonnance » ou encore « Candidat des banquiers ».

Se revendiquant du « dialogue social » qui serait présent dans l’entreprise de verrerie, un salarié lui a tout simplement rappelé ce que sont les conditions de travail dans l’usine : «  Nous voulons lui dire tout le mal que nous pensons de sa loi Travail », lance Cyril Cereza, 40 ans, ouvrier, douze ans d’ancienneté, 2 500 euros brut de salaire par mois. «  L’usine fait des bénéfices mais les salariés n’en voient jamais la couleur. Tout part dans la poche des actionnaires. L’été, la température monte à 70 degrés dans les hangars. La pénibilité, elle est pour nous ». Un candidat très loin de la réalité du monde du travail : c’est ainsi qu’est apparu Emmanuel Macron, qui avait pourtant déclaré à son arrivée «  Je veux parler de la condition ouvrière  ». Le candidat se retrouve face à un dilemme : comment parler de la condition de millions de personnes pour les convaincre quand votre politique n’a précisément fait que précariser cette condition ?

A défaut de convaincre les salariés, l’ex-ministre d’Hollande en appelle au Front Républicain

La fin du déplacement était consacré par un meeting sur la place du Vigan. Une place symbolique donc, où le candidat a joué à fond la carte du Front Républicain contre le Front National : « Vous êtes prêts moi aussi. C’est ici en 1903 que Jaurès a prononcé son Discours à la jeunesse […] La République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace, c’est cela aujourd’hui qui est notre défi  », avant d’attaquer le projet de Marine Le Pen, «  autoritaire, nationaliste, anti européen ». Finalement, à défaut de convaincre les électeurs sur son programme rétrograde pour les ouvriers, les salariés et les plus précaires, Emmanuel Macron a fait à nouveau son éternel discours de l’apaisement : si vous ne trouvez pas les arguments pour convaincre des adultes, comptez leur une jolie histoire qui les endormiront ! Il a ainsi déclaré vouloir «  réconcilier ces France qui se regardent en chiens de faïence. J’assume de ne pas choisir entre l’entreprise et le salarié, de ne pas choisir entre l’efficacité et le progrès social, l’un n’existe pas sans l’autre  ». La réconciliation, l’apaisement : autant de mots qui sonnent bien creux quand son projet est dévoilé par les travailleurs, qui ont bien vu que loin d’être un rempart républicain, le candidat d’En Marche ! était avant tout le premier fossoyeur du code du travail.


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