×

Guerre en Ukraine

836 000 personnes fuient l’Ukraine : accueil inconditionnel de tous les réfugiés !

L’agression militaire de l’Ukraine par la Russie a débuté le 24 février sur ordre de Vladimir Poutine. Comme toutes les guerres, elles provoquent morts, dévastations et son lot de réfugiés. L’ONU a annoncé ce 1er mars que le nombre de réfugiés fuyant l’Ukraine dépassait déjà les 836 000 personnes. Un chiffre qui devrait continuer à augmenter et qui n’a pas tardé à amener son lot de racisme.

Yann Tocaben

2 mars 2022

Facebook Twitter

Crédits photo : DANIEL MIHAILESCU / AFP

Près d’une semaine après le début du conflit armé, l’ONU vient de recenser au 1er mars 836 000 réfugiés venus d’Ukraine, fuyant l’invasion russe vers les pays voisins. Leur nombre augmente de façon « exponentielle » d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’Europe doit surement s’attendre à la venue de plusieurs centaines de milliers d’exilés supplémentaires dans les jours ou semaines à venir.

Une fois n’est pas coutume, l’Europe - terre du non-accueil et du refoulement - va donc accueillir ces réfugiés en débloquant la « protection temporaire ». C’est du moins ce qu’expliquait hier le ministre des tentes lacérées, Darmanin : « Je retourne jeudi à Bruxelles pour un conseil des ministres de l’intérieur [de l’Union européenne], nous demanderons à ce que la Commission européenne débloque ce qu’on appelle “la protection temporaire”, c’est-à-dire un titre qui ressemble à une forme d’asile temporaire sur le territoire européen, de six mois renouvelables [pendant] trois ans, qui nous permette d’accueillir les Ukrainiens en Europe de la meilleure façon possible. » Donc une possibilité d’accueil pas automatique et limitée dans le temps. Ceux-ci seront ensuite, par quotas, dispatchés aux 4 coins de l’Europe de façon évidemment arbitraire.

Donc un accueil oui mais limité dans le temps et non pas une liberté de circulation ni d’installation en Europe. La France, qui pour le moment a réussi la prouesse d’accueillir 100 réfugiés prévoit de renouveler les titres de séjours des Ukrainiens déjà présents pour 90 jours. Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, annonce quant à lui que ceux qui fuient la guerre pourront circuler sur le réseau ferré librement et gratuitement pour rejoindre leur destination en France ou ailleurs. Une mesure qui, si elle est bien évidemment nécessaire, paraît aussi bien hypocrite au vu du traitement infligé quotidiennement aux migrants par la direction de la SNCF.

Racisme d’État et tri des réfugiés

Pour rompre un peu avec le pseudo générosité de l’État français, soulevons quelques points. Remarquons tout d’abord ce glissement sémantique qui fait que les gouvernements et médias parlent d’exilés, de réfugiés quand on mentionne les Ukrainiens et de migrants quand on parle des Syriens et des Irakiens. Eux aussi pourtant fuient la guerre ! Rappelons-nous qu’en novembre 2020, 2000 à 3000 Kurdes étaient coincés à la frontière polonaise dans le froid, les pieds dans la neige et que l’Europe a décidé de ne pas les accueillir. Pire, certains proposaient de les refouler en leur tirant dessus. Pourtant, eux aussi fuyaient la guerre.

Rappelons-nous aussi qu’à Calais et ailleurs, la politique raciste du gouvernement s’exerce tous les jours par la lacération des tentes et la répression des exilés. Pourtant eux aussi fuient la guerre.

Ainsi, une fois encore, la surenchère réactionnaire n’ont pas manqué cette dernière semaine à l’image des propos de Philippe Corbé sur BFM, expliquant « qu’on parle pas de syriens qui fuient les bombardements du régime syrien, on parle d’européens qui partent dans leurs voitures qui ressemblent à nos voitures, et qui essayent juste de sauver leur vie ». Dans le même sens, chez Bolloré à Europe 1, Jean-Louis Bourlanges explique qu’il est possible de « tirer profit » de cette migration « de grande qualité ». Des propos indignes à l’image de la prédominance des discours réactionnaires omniprésent dans les médias ces derniers mois.

Ainsi, c’est le racisme et l’islamophobie des Etats, et en premier lieu le racisme de l’Etat Français qui explique cette différence de traitement. Mais la différence de traitement ne s’arrête pas là. Ces derniers jours des ressortissants Africains (étudiants et travailleurs) étaient refoulés à la frontière Polonaise alors que comme tous ils fuyaient la guerre. Nous assistons en fait à un tri entre les Ukrainiens et les populations venant d’Afrique mais demeurant en Ukraine. L’Europe évidemment n’entend pas étendre l’accueil aux populations non blanches et musulmanes ou présumées comme telles. Même la guerre n’arrête pas le racisme et l’islamophobie d’État. Pour notre part, nous continuons à exiger la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous en France comme en Europe ! Pour un accueil inconditionnel de tous les réfugiés ! Pour l’ouverture des frontières !


Facebook Twitter
Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Etats-Unis. A l'université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s'intensifie

Etats-Unis. A l’université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s’intensifie

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d'Israël

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d’Israël


Attaque contre l'Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Attaque contre l’Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Difficultés sur le front ukrainien : vers une percée russe ?

Difficultés sur le front ukrainien : vers une percée russe ?

« Un état de guerre » en Cisjordanie : les colons multiplient les expéditions punitives

« Un état de guerre » en Cisjordanie : les colons multiplient les expéditions punitives

Corée du Sud. La droite perd les législatives mais le bipartisme se renforce

Corée du Sud. La droite perd les législatives mais le bipartisme se renforce